La crise charbonnière va entrer, pour la Belgique, dans sa cinquième année;
c’est, en effet, dans la seconde moitié de 1957 qu’elle est apparue. Depuis
lors, elle n’a cessé de sévir et rien n’indique, à l’heure présente, qu’elle
touche à sa fin.
Cette crise, si elle atteint très durement notre pays, n’épargne pas
cependant nos voisins. Des causes identiques produisent de mêmes effets,
amplifiés chez nous par le caractère tourmenté d’un gisement difficile à
exploiter.
La consommation de charbon dans le monde occidental ne tend pas à augmenter
avec le développement de l’activité économique; il lui arrive même de
diminuer. C’est que, bien souvent, le progrès technique se réalise au
détriment du charbon. Depuis 1955, par exemple, on constate une diminution
de plus de 9 % de la mise au mille de coke dans les hauts fourneaux de la
Communauté Européenne. En outre, la consommation des produits pétroliers
croît d’année en année, et c’est encore le charbon qui en subit le
contrecoup. La part de ce dernier dans la quantité d’énergie primaire
consommée au sein de la Communauté Européenne, qui s’élevait encore à 71,7%
en 1950, se réduisait à 62,8% en 1955 et, l’an dernier, elle n’atteignait
plus que 52,4 %. Les pourcentages correspondants pour le fuel étaient
respectivement de 12,8, 20,7 et 29,5 . D’après les prévisions, cette
tendance se maintiendra en 1961 : le charbon n’interviendrait plus que pour
moitié dans la satisfaction des besoins en énergie primaire, tandis que la
part du pétrole s’élèverait à 32 % environ.