Parmi les facteurs qui ont convergé pour faire de la « mobilité sociale » un des thèmes centraux, ou en tout cas très généralement reconnu comme important, de la sociologie, figure sans doute en bonne place son identification avec l'outil statistique des tables de mobilité et des indices qu'elles permettent de construire. L'existence d'une technique statistique d'usage assez général a permis à la fois de poser les problèmes dans un langage apparemment commun et d'imprimer au développement des recherches un tour plutôt méthodologique. Ces travaux se sont concentrés sur les méthodes de présentation, d'analyse ou d'interprétation des résultats, beaucoup plus que sur celles, en amont, de leur établissement. La logique de la division technique du travail statistique reposant sur des enquêtes importantes poussait dans ce sens, mais la logique comparative aussi. Une enquête sur la mobilité n'est informative que par comparaison : comparaisons avec d'autres enquêtes réalisées ailleurs ou à un autre moment (permettant d'identifier des conditions socio-historiques de la mobilité) ; comparaisons internes, de sous-populations, permettant d'observer des « canaux » de mobilité, des catégories, générations, etc. diversement mobiles ; même l'analyse d'une seule enquête suppose qu'on en situe les résultats dans la gamme de ceux qui étaient possibles compte tenu des caractéristiques techniques des tables construites.