Le « peintre itinérant » fut, jusqu'à la Renaissance, une figure typique, inscrite dans les usages traditionnels du compagnonnage artisanal. Cette figure devint, à l'âge classique, marginale sinon étrangère à l'exercice de la peinture : transformation que l'on peut mettre, certes, sur le compte des grands mouvements de « libéralisation » de la peinture entrepris en Europe entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle, mais dont il serait intéressant de suivre la mise en oeuvre au niveau local — « local » étant pris ici au double sens de « régional » et de « particularisé » dans des cas individuels. Comment, donc, des peintres exerçant leur métier, dans un lieu donné et à une époque donnée, ont-ils concrètement vécu, subi ou activé des bouleversements, dont l'historien sait rendre compte au niveau le plus général, dans l'après-coup du long terme et l'espace agrandi d'un territoire national, voire international ?