La situation sociale en 1963 doit être appréciée dans le contexte de l'évolution économique et politique générale d'une part, et dans le cadre des relations sociales paritaires d'autre part.

Sur le plan économique, il a été suffisamment exposé que l'année 1963 fut caractérisée par la poursuite de la haute conjoncture, c'est-à-dire en premier lieu, au niveau social, par le maintien d'un plein emploi des forces du travail: au 30 juin 1963 on ne recensait plus que 58.931 chômeurs complets, soit le chiffre le plus bas enregistré depuis bien longtemps: ce total ne comporte d'ailleurs qu'environ 20.000 chômeurs réellement aptes au travail.

La théorie économique, qu'il s'agisse du courant marginaliste ou du courant keynesien, envisage la quantité de travail d'une manière déductive. Son optique est surtout relationnelle; elle cherche à établir des relations entre la quantité de travail et certaines variables économiques. Cependant, elle reste le plus souvent à un haut niveau d'abstraction et tente de rendre compte directement de la quantité de travail sans analyser les divers processus par lesquels celle-ci peut se modifier.

Dans l'article paru sous ce titre dans notre numàro de septembre 1964, le graphique II (page 565) contient une erreur technique susceptible d'en gauchir l'interprétation.

Les chiffres relatifs aux années 1954 à 1962 dàcrivent des données du moment et sont correctement représentées.

Par contre, les grandeurs portées au graphique pour l'année 1932 se rapportent à l'ensemble des couples mariés en 1932 et avant (cfr le tableau 1, page 564, et son commentaire). De ce fait, leur réduction à un point n'est pas correcte, parce que trop restrictive.

Nous prions nos lecteurs de tenir compte de cette remarque.

La mesure de la fécondité s'effectue généralement au moyen de deux types d'indices traditionnels: le taux brut de natalité, d'une part, et les taux de fécondité par âge, d'autre part, ces derniers servant eux-mêmes de base au calcul du taux de reproduction. Le premier indice reflète mal le comportement vis-à-vis de la fécondité: le taux brut de natalité est influencé fortement par la structure par âge de la population. Pour remédier à l'effet de structure, on recourt habituellement à l'emploi de taux de fécondité par âge. Mais les taux de fécondité générale sont insuffisants également pour décrire le comportement à l'égard de la natalité; ces taux sont longtemps sensibles aux effets d'une perturbation et, de plus, ils ne tiennent pas compte de deux facteurs essentiels pour expliquer le comportement d'une population malthusienne: la durée du mariage et la parité, c'est-à-dire le nombre d'enfants déjà nés.

La conjoncture ascendante que la Belgique vit actuellement, a provoqué une hausse de l'emploi pendant quatre années consécutives et il n'est nullement déraisonnable de croire que la tendance puisse se poursuivre en 1964. Une période aussi longue de hausse de l'emploi ne s'était pas produite depuis la guerre; la dernière hausse ne s'était marquée nettement que pendant trois ans (1955-56-57) et le retournement avait provoqué une chute de l'emploi total de plus de 3%. Aussi est-il évident que l'année 1963 se caracté¬rise par un épuisement des réserves de main-d'œuvre immédiatement disponibles et même par une résorption progressive des séquelles de la récession antérieure (section I).

Parmi les difficultés qui surgissent, lors de l'application des dispositions du Traité de Rome, il faut relever celles qui entourent l'adaptation des monopoles nationaux à caractère commercial et en particulier les monopoles fiscaux.

Comment appliquer les règles du Traité à des entreprises, dont les objectifs sont fiscaux autant qu'industriel et commercial? Le Traité n'interdit pas le monopole fiscal en tant que tel. Il ne parle que de leur aménagement, dans le cas où ils discriminent les ressortissants d'un État membre et dans la mesure où ils sont susceptibles de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence ou enfin d'annihiler certains effets du désarmement douanier et contingentaire. L'article 37 est catégorique et semble condamner le monopole fiscal à la fin de la période transitoire, en vertu d'une stricte élimination de toute discrimination. Cependant l'article 90 alinéa 2 est plus nuancé et prévoit un assouplissement à l'application de ce principe de base, à la condition que le monopole fiscal legitimise les restrictions qu'il apporte à la suppression de toute discrimination et à l'instauration de la libre concurrence par l'accomplissement de sa « mission particulière ».

La recherche constante d'un équilibre entre l'offre et la de¬mande a toujours été, pour l'industrie charbonnière, un problème ardu. Il en était déjà ainsi au temps où le charbon subissait fort peu la concurrence des autres combustibles. Maintenant que cette concurrence est devenue, — pourrait-on dire, — virulente, la réalisation d'un équilibre satisfaisant est une tâche de plus en plus malaisée. D'une part, la demande de charbon connaît parfois des fluctuations importantes, tandis que l'offre se caractérise par une grande rigidité due aux facteurs de production.

Comme en témoignent sans doute les autres articles de cette livraison, l'année 1963 a été pour la plupart des secteurs de la vie économique belge une année d'expansion et de prospérité. Tous ont participé, dans une mesure variable, à une évolution conjoncturelle généralement favorable.

Dans ce tableau optimiste, la sidérurgie jette une note discordante. Pour elle, l'année dernière a été, dans sa plus grande partie, la prolongation d'une période de stagnation de l'activité et de détérioration des prix. Tandis qu'à de nombreuses reprises dans le passé la sidérurgie a été un secteur en pointe dans le progrès, elle est restée en 1963, comme en 1962, nettement en arrière de l'évolution générale.