Penser la guerre, Clausewitz: ce titre, choisi avec bonheur par Raymond Aron, a plus d'un sens; il fait entendre que l'interprétation se développe sur plusieurs registres. Pour une part, le livre porte sur Clausewitz, l'écrivain qui fut le premier à vouloir faire de la guerre l'objet d'une science rigoureuse. Sans doute, d'autres s'étaient-ils intéressés à la guerre avant lui: ils avaient tenté de définir l'art de la conduire; ils avaient parlé de la stratégie et de la tactique, des problèmes particuliers de l'attaque et de la défense, du mode de recrutement des armées, de leur discipline et de leur approvisionnement, de la disposition des troupes sur le champ de bataille, des conditions géographiques dont doit tenir compte le chef militaire. Avant lui déjà, Machiavel avait eu le souci de lier la guerre et la politique; et ses idées avaient obtenu un large écho au XVIe siècle, notamment en France.