Nous avons eu, récemment seulement, connaissance de l'article de John U. Nef, « The Industrial Révolution reconsidered ». Trente pages sobres, denses, où un des maîtres de l'histoire économique et sociale, que les lecteurs des Annales connaissent bien, se retournait, en pleine guerre, vers un des grands problèmes du monde contemporain : pages riches de ses connaissances et aussi de son inquiétude d'homme, que non seulement les historiens, mais aussi les sociologues, les philosophes, auraient intérêt à lire, même s'ils n'en acceptent pas toute la teneur. Est-il besoin de nous excuser de signaler ici, aujourd'hui, cet essai paru aux États- Unis en 1943 et par suite inconnu en France de la plupart, sinon de tous ? Il y a plus de substance solide, d'incitations à la réflexion et à la recherche en cette brève synthèse qu'en beaucoup de gros livres prétentieux. Retenons seulement quelques-unes des directions dans lesquelles J. U. Nef « reconsidère » la Révolution industrielle, désignant par cette expression globale l'ensemble des transformations matérielles qui ont affecté, depuis environ un siècle et demi, la civilisation occidentale.