Nous avons le douloureux devoir d'annoncer à nos lecteurs le décès, survenu le 30 septembre dernier, de l'un des plus anciens et des plus chauds amis de la Croix-Rouge, du chirurgien général Sir Thomas Longmore, qui fut en même temps un savant distingué.

Né à Londres le 40 octobre 1816, il était le fils aîné de Thomas Longmore, chirurgien de la marine royale. Après ses études il obtint le titre de membre du Collège royal de chirurgie d'Angleterre. Ce fut en cette qualité qu'il écrivit la biographie du célèbre chirurgien Sir Astley Cooper.

Le 2 janvier dernier, la reine de Grèce réunissait dans son palais quatre-vingts jeunes filles et infirmières qui avaient servi, pendant la guerre récente, dans les hôpitaux de la Croix-Rouge; elle voulait leur distribuer elle-même les médailles commémoratives qui doivent leur être un témoignage de la reconnaissance du pays, en même temps qu'une récompense des services rendus. Cette médaille en argent sera portée en guise de décoration; elle est retenue par un ruban de soie rouge, sur lequel figure une croix.

Le journal suisse Das Rote Kreuz annonce la mort, le 28 mars 1912, de M. le Dr Alfred Stähelin-Herzog, âgé de 79 ans. Les lecteurs du Bulletin se souviennent sans doute de son nom comme celui du président de la Société centrale suisse de la Croix-Rouge. Il a en effet dirigé cette Société de 1886 à 1902, soit pendant 16 années, et il s'était consacré à sa tâche avec un grand dévouement. Nous avons entretenu avec le défunt, pendant sa présidence, de fréquentes relations, notamment par correspondance, et nous apportons à sa famille notre témoignage de sympathie.

Dans notre précédent Bulletin (p. 21), en parlant du décès du maréchal de Mac-Mahon, nous avons mentionné incidemment l'élection de son successeur à la présidence de la Croix-Rouge française, d'après ce que la rumeur publique nous en avait appris. Plus tard, nous avons reçu à ce sujet la notification officielle que nous transcrivons ici:

A Monsieur le Président du Comité international

Paris, le 12 décembre 1893.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous informer que le Conseil de la Société française de secours aux blessés militaires, dans sa séance du 11 décembre 1893, a nommé d'acclamation, comme président de l'Œuvre, en remplacement de M. le maréchal de Mac-Mahon, décédé, Mgr le duc d'Aumale.

Pour faire suite à l'article précédent, nous croyons intéresser les lecteurs du Bulletin en extrayant d'un important article, consacré dans la Revue générale du droit international public, par M. le prof. Nagao Ariga, à la « Capitulation de Port-Arthur » les pages traitant de la condition des malades et blessés et des soins qui leur furent assurés après la capitulation.

Il y a trois sujets sur lesquels nous attirerons aujourd'hui l'attention des lecteurs du Bulletin international.

10 Le rapport qui vient de paraître « sur l'activité des sociétés libres de secours aux blessés, dirigée par l'inspecteur militaire, pendant la guerre de 1870–1871 »; 20 l'activité non interrompue du Comité central des sociétés allemandes de secours aux blessés, et la Constitution qui vient d'être adoptée pour l'administration définitive de la société Kaiser-Wilhelm (Empereur Guillaume) pour les invalides allemands; 30 enfin, l'important établissement d'une Alliance entre les grandes associations de femmes allemandes.

Nous avons l'honneur d'informer Votre Excellence que la république du Paraguay, la république de Cuba, la république Dominicaine et la république d'Haïti ont décidé d'adhérer à la convention conclue à Genève, le 22 aoît 1864, pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne.

Le docteur de Mooij, médecin de première classe dans l'armée néerlandaise, est parvenu, après de persévérantes recherches et des expériences répétées, à construire un brancard à roues qu'il appelle Léchophore, et qui paraît destiné à rendre de réels services. Jusqu'à présent on s'était heurté, dans la construction des brancards à roues, à l'impossibilité de maintenir ces appareils en équilibre, soit pendant qu'on y déposait le blessé sans le secours de plusieurs hommes, soit pendant le transport, ce qui nécessitait, de la part du brancardier, une dépense de force qui l'épuisait rapidement. Le Dr de Mooij a cherché à résoudre ce problème et paraît y être parvenu, en plaçant le centre de gravité au-dessous de l'essieu qui relie les deux roues du brancard, au lieu de le placer au-dessus, ainsi que cela s'était toujours fait.

«Au Comité International de la Croix-Rouge, Genève.

«Monsieur le Président.

«Nous avons l'honneur de porter à votre connaissance que notre président, M. Jean Athanassakis, ayant été nommé Sous-secrétaire d'Etat au Service de Santé du ministère de la Guerre, et, à la suite de cette nomination, nous ayant donné sa démission, notre Conseil d'administration a chargé des fonctions de président de la Croix-Rouge Hellénique notre vice-président, le professeur N.-G. Makkas.

Au mois d'août 1892, ont eu lieu, près de Bordeaux, les manœuvres du service de santé du 18e corps d'armée, sous la haute direction de M. le général Caillard et de M. le Dr Morache, directeur régional du service de santé.

Le président du Comité départemental de la Croix-Rouge, M. le Dr Pery, et M. le capitaine de Marque, revêtus du brassard réglementaire, assistaient à ces manœuvres. L'excessive bienveillance avec laquelle ces délégués ont été accueillis, a démontré de la façon la plus heureuse que la Croix-Rouge faisait bien partie intégrante, à titre auxiliaire, du service de santé des armées.

La Société hongroise a continué, pendant le cours de l'année écoulée, à entretenir des relations cordiales avec les sociétés étrangères de la Croix-Rouge, et à échanger avec elles ses rapports et autres publications.

Après avoir joué un rôle important lors de l'élaboration de la Convention de Genève, le Comité international n'eut pas à déployer en 1906, lors de la revision de cet acte, une activité comparable à celle dont il avait fait preuve 43 ans auparavant. Il ne se désintéressa nullement de ce qui se passait, mais par la force des choses, il dut garder une attitude très réservée. Le nombre des Puissances directement engagées dans l'affaire était alors deyenu très considérable, et, la plupart d'entre elles ayant des idées arrêtées sur ce que réclamait la situation, il était équitable et naturel de les laisser statuer entre elles sur ce qui les concernait sans s'immiscer dans leurs débats. Le Comité dut donc s'effacer et éviter d'intervenir auprès des acteurs principaux du mouvement, s'il n'y était pas invité par eux. Cette attitude fut jugée correcte et il n'eut pas à se repentir de l'avoir prise. Les témoignages d'estime qui lui furent donnés dans cette circonstance lui prouvèrent d'ailleurs avec évidence que ses services passés n'étaient pas oubliés et qu'il jouissait toujours d'une grande considération.

Le Comité central de la Société bavaroise s'est efforcé, pendant l'exercice de 1886–1887, d'atteindre le double but que poursuit la Société. Il a, de nouveau, consacré des sommes importantes à venir en aide à des invalides et à leurs familles, et se prépare à accorder encore, dans ce but, des subsides à plusieurs Comités locaux. Toutefois, le Comité ne peut pas se dissimuler que les ressources de la Société exigent une prudente économie, et qu'il serait très désirable de pouvoir les ménager et les augmenter.

Nous avons eu le regret d'apprendre la mort du président de la Société congolaise et africaine de la Croix-Rouge, M. le vicomte Jolly, lieutenant-général en retraite, aide de camp de S. M. le roi. Appelé à la direction de la Société dès son origine en 1889, le vicomie Jolly présidait encore son assemblée générale le 15 mars dernier, et signait même le 7 août, la circulaire, que nous publions ci-après, relative an concours d'Anvers. Ce fut probablement son dernier acte en faveur de la Croix-Rouge, car son décès suivint à Bruxelles, quatre jours après, le 11 du même mois. Né le 3 août 1825, il était par conséquent âgé de soixante-huit ans. Nous ne savons point encore à qui le souverain de l'Etat du Congo confiera la charge devenue vacante par suite du douloureux événement que nous enregistrons.

Nous avons, à différentes reprises déjà, abordé cette question, fort à la mode actuellement, dans les colonnes du Bulletin. Revenons-y en deux mots pour signaler les récents essais faits à Nancy, ainsi que les réflexions formulées à cette occasion par M. le médecin-major Castaing: « Il a été exposé par certains contradicteurs, observe-t-il, que, de jour, le rôle des chiens sanitaires était inutile, et que, de nuit, l'éclairage artificiel assurerait, dans tous les cast le meilleur rendement pour la recherche des blessés. Cette opinion est inexacte, car l'emploi du chien sanitaire est indiqué quand des blessés disséminés, sont dérobés à la vue derrière des éléments formant écran, aussi bien à la lumière solaire qu'à la lumière artificielle nocturne. Alors est indiqué le procédé d'exploration olfactive du chien, secondé par la vitesse et la méthode de sa quête. Alors seulement la vision de l'homme devient insuffisante et doit étre suppléée par l'olfaction du chien… Ces données délimitent et précisent l'intervention définie et incontestable du chien sanitaire, inutile en cas d'hécatombes sur terrain visible ».

On sait qu'au lendemain du tremblement de terre effroyable qui, au matin du 28 décembre 1908, fit 150 à 200,000 victimes en Sicile et en Calabre, un immense élan de solidarité se manifesta sur toute la surface du globe.

Parmi les publications qui nous sont parvenues pendant ce trimestre, nous n'avons sous les yeux que deux travaux statistiques à signaler aujourd'hui à nos lecteurs. L'un se rapporte à l'armée autrichienne et traite de son état sanitaire pendant l'année 1896, l'autre aux pertes de l'armée espagnole à Cuba de 1895 à 1897.

D'après des renseignements parvenus au journal allemand le Kriegerheil, la Société japonaise de la Croix-Rouge compte actuelment environ 25,000 membres. Elle possède, gràce à la générosité de S. M. l'impératrice, un vaste hôpital récemment construit. Ce bàtiment, composé de deux étages ayant treize fenêtres de front, porte sur sa façade l'emblème de la Croix-Rouge. Derrière ce bàtiment, et reliés avec lui, se trouvent de longs pavillons à un seul étage, construits en forme de baraques; on en compte onze. L'inspecteur de cet hôpital est M. le Dr Hashimoto, conseiller de la cour et médecin général d'état-major à la suite de l'armée japonaise.

La Revue de Paris publie, sous la signature du baron Suyemata, ministre du Japon à Londres, un article auquel nous empruntons quelques détails sur le respect témoigné par les Japonais à l'ennemi blessé ou tué. Non seulement, dit-il, les Conventions de Genève et de La Haye sont strictement observées, mais la loi militaire japonaise suffisait, en dehors de ces conventions, pour assurer aux ennemis un traitement humain. Le code d'honneur de la chevalerie japonaise, le Boshido, prescrit la compassion envers l'ennemi tombé.