Le rapport de M. de Villeneuve-Bargemon, secrétaire-général de la Société française, sur les travaux de cette société pendant les vacances de l'année dernière, signale notamment les faits suivants:

Les efforts du Conseil se sont portés tout particulièrement sur l'organisation des infirmeries de gare. Chaque groupe tuteur d'une infirmerie de gare a reçu, le 1er août, deux circulaires; l'une relative à la situation de cet établissement au point de vue des diverses parties que son organisation comporte; l'autre visant particulièrement la question du matériel d'alimentation.

La Société suédoise a subi une grande perte dans le courant de l'année 1896. La première femme suédoise, sortie des classes instruites, qui ait consacré son activité à la noble vocation d'infirmière, en demandant aux pays étrangers l'instruction qu'elle ne pouvait pas encore se procurer, à cette époque, dans sa patrie, et qui, ensuite, pendant une longue série d'années, s'est consacrée au soin des malades et à la formation d'auxiliaires habiles, Emmy De Rappe a payé, le 19 octobre de cette année, son tribut à la mort. Nous détachons du rapport annuel du Comité exécutif quelques lignes consacrées à la mémoire de cette femme dévouée, dont le nom revenait jadis sans cesse sous notre plume et qui a si bien mérité de la Croix-Rouge.

Le général Foy, dans son histoire de la guerre de la Péninsule, déclare « que, vainqueurs ou vaincus, nous avons perdu quatre fois plus de monde par le désordre inséparable de notre système que par le feu ou le fer de l'ennemi.» Cette triste vérité, plus que confirmée par le résultat des guerres les plus récentes, n'a jamais assez frappé les hommes chargés de l'organisation des armées. Ils disent: — La guerre est un fléau, — ses conséquences sont inévitables, — on ne peut y remédier, — il faut en prendre son parti. — C'est là du fatalisme ou de l'indifférence qui ne sait pas sortir de l'ornière; et, à coup sûr, si, au point de vue administratif, c'est la négation du progrès, il faut bien ajouter qu'au point de vue économique c'est la ruine.

Depuis l'excellent ouvrage de Port, primé jadis par le Comité international de la Croix-Rouge, il n'avait pas été publié, à notre connaissance, de travail complet et systématique sur la question des improvisations en campagne. Cette lacune a été comblée récemment par un volume destiné à prendre une place importante dans l'enseignement du personnel sanitaire.

Nous avons reçu de Budapest un grand nombre de brochures, qui attestent chez la Croix rouge hongroise une exubérance de vie extrêmement réjouissante.

L'une d'elles en particulier rappelle comment des sociétés de dames, de la capitale de la Hongrie, se constituèrent en Société centrale des dames du royaume, en août 1878, dans le but de recueillir des dons en faveur des soldats combattant en Bosnie et dans l'Herzégovine. L'appel qui fut adressé au public ne resta pas sans résultat, et, encouragée d'augustes sympathies, la Société s'est bientôt proposé un accroissement d'activité.

A l'occasion du bazar de Bâle, le major Frölich, médecin en chef de la division du Gothard, a fait, dans la même ville, une conférence sur la tâche de la Croix-Rouge dans les guerres de montagne.

Prenant pour point de départ la parole d'un officier supérieur suisse, qui prétendait dernièrement que toutes les mesures étaient impuissantes, dans des guerres de ce genre, à empêcher que de nombreux blessés ne restent sans secours, exposés à une mort certaine, l'orateur a cité, dans l'histoire contemporaine, deux exemples de cas où la Croix-Rouge fit généreusement et consciencieusement son devoir.

Il résulte du compte rendu de la Société grecque de secours aux blessés en campagne pendant l'année 1894, que la Croix-Rouge a offert ses secours en faveur des victimes des tremblements de terre des 8, 15, 20 et 27 avril 1894, dans les provinces de Locride, Lévadie, Thèbes, Eubée et Xérochori. La Société a dépensé à cet effet la somme de dr. 7583 45, pour construction de baraques et envoi de pain. La Société a aussi offert 500 drachmes en faveur de l'Ecole théologique de l'île de Chalcis, à l'entrée du Bosphore, qui avait été ruinée par le tremblement de terre du mois de juin 1894.

M. le Dr Hans Daae, de Christiania, s'est livré récemment à des essais de tir sur des cadavres avec un nouveau projectile évidé: la balle Krag de 11mm40, assez analogue à la balle suisse de Hebler, évidée aussi. Ce genre de projectile a été critiqué parfois comme présentant les effets gravement nocifs des balles explosibles; or les expériences du Dr Hans Daae aboutissent à une conclusion toute différence: «Rien, dit-il, dans tout ce que nous venons de voir, ne saurait faire classer ce projectile évidé dans la catégorie des projectiles condamnés par les règlements humanitaires internationaux».

M. Hass, premier vice-président du Comité central allemand, nous communique les nouvelles suivantes:

Le 13 mai dernier, le Comité international a appelé un nouveau membre à siéger dans son sein.

Son nom ne doit pas être inconnu de nos lecteurs, car M. le Dr Frédéric Ferrière, médecin distingué, zélé partisan de la Croix-Rouge, a fait déjà ses preuves dans notre champ de travail, comme l'un des délégués du Comité international au Montenegro en 1876.

Les délégués de la Société à Brood, Banjaluka et Spalato ont donné les renseignements suivants sur leur activité, du 16 septembre au 1er octobre.

Dans la seconde moitié de septembre, des transports assez considérables de blessés et de malades arrivaient journellement à Brood, où ils étaient immédiatement rafraîchis, et où ils recevaient tout ce dont ils avaient besoin, en particulier du linge et des cigares.

Malgré les dénégations formelles et répétées du Comité central de la Croix-Rouge espagnole, les journaux de la péninsule lancent de temps en temps la nouvelle que le gouvernement espagnol accorde à la bienfaisante association une subvention annuelle de 75.000 pesetas.

Le Comité international éprouve toujours une réelle satisfaction, quand il se voit appelé à notifier aux sociétés nationales de la Croix-Rouge la naissance d'un nouveau membre de leur famille, auquel incombera le soin de la représenter au sein de populations qui l'ignoraient. Cette bonne fortune se fait de plus en plus rare, naturellement, à mesure qu'on approche du moment où tont le monde civilisé sera gagné à la cause de la Croix-Rouge; mais ce terme n'est pas atteint, et plus d'un peuple qualifié pour joindre ses efforts aux nôtres n'en a pas encore manifesté le désir. Cela viendra. En attendant, continuons à accueillir avec empressement dans nos rangs ceux qui sollicitent la faveur d'y entrer.

Le Kriegerheit nous apprend qu'au mois de février dernier, la fabrique de baraques Selberg et Schlueter avait exposé, dans la cour du Langenbeckhaus, à Berlin, une baraque d'ambulance transportable, complètement équipée. Cette baraque mesure 13 mètres de longueur sur 5 de largeur. Dans cet espace sont compris: deuxjsallesde malades, de six lits chacune, une salle de garde, une chambre de bain, un water-closet et une tisanerie. Les salles de malades occupent les deux extrémités de l'édifice. Chaque lit dispose de 4,17 mètres carrés et de 12,5 mètres cubes d'air.

M. le général et ambassadeur comte de Zeppelin ayant quitté Berlin, la Direction de la Société sanitaire wurtembergeoise, dont il était le représentant au sein du Comité central allemand, a désigné pour le remplacer, en qualité de représentant définitif, l'envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du roi de Wurtemberg, M. le conseiller d'Etat von Moser. Celui-ci est immédiatement entré en fonctions dans le Comité central, en même temps que M. le général d'infanterie von Grolmann, gouverneur de la maison des invalides, que le Comité s'était récemment adjoint.

Le Comité central allemand a offert au Ministère des affaires étrangères de contribuer, selon ses ressources, au rétablissement, au moyen de cures de bains ou d'autres traitements médicaux appropriés, des malades qui revenaient de la guerre des Boers. Les comités régionaux de Hambourg et de Brême furent chargés de mettre à exécution ce dessein en ouvrant à ces victimes de leur dévouement la porte de leurs hôpitaux. A leur arrivée, les rapatriés reçoivent des soins dans l'hôpital de la Société patriotique des dames et sont mis à même de suivre le traitement qu'un examen médical a décrété pour eux, soit continuation des soins médicaux dans les hôpitaux, soit séjour dans des maisons de rétablissement et de repos.

A la, date du 29 janvier 1917, le Gouvernement allemand a fait paraître un mémoire dans lequel il signale l'abus que ses ennemis feraient des navires-hôpitaux en les utilisant pour des buts militaires, cela en violation directe des Conventions de Genève et de La Haye.

La Croix-Rouge hongroise nous communique que son bureau de renseignements, après s'être installé au siège de la Croix-Rouge, s'est transporté ailleurs.

Son adresse actuelle est: Hadifogoly Gyamolito ès tudósitó hivatal, IX, Kóztelek, Budapest.

Le Comité central madrilène avait chargé M. Balbin de Unquera d'étudier la proposition de M. Antoine Fernandez y Garcia de provoquer la réunion d'un congrès universel pour examiner la question du traitement des espions et explorateurs pendant les guerres internationales et civiles, en tenant compte des principes d'humanité, de ceux admis en droit international et dans la pratique moderne.