Et loué soit le Créateur qui a établi
toutes choses en nombre, poids et
mesure (saint Augustin)
In lege Domini praeceptum
habemus : pondus et pondus, mensuram
et mensuram odit anima mea
(MGH, Capit., I (1883), p. 60).
Dans la première moitié du ixe siècle, un moine se nourrissait-il chaque jour avec 1,5 à 2 kg de pain, 70 à 110 g de fromage, 133 à 230 g de légumes secs, 33 à 35 g de graisse, un peu de sel et de miel ? Les moniales de N.-D. de Soissons, dont « les rations étaient calculées en-dessous du minimum requis » se contentaient- elles journellement d'un kilo et demi de pain, 1,380 litre de vin, 70 g de fromage, 133 g de légumes secs et 16 g de sel ? La ration calorique journalière dépassait 6 000 calories pour les moines des abbayes parisiennes et l'expression de « grande bouffe » vient tout naturellement sous la plume de l'historien, d'autant que lors des repas de fête ces rations quotidiennes étaient amplement augmentées. Alors un moine de Saint-Denis recevait 1,780 kg de pain, 3,100 litres de vin, 90 g de fromage, 306 g de légumes secs, 2 volailles, 5 oeufs et 32 g de matière grasse. Les chanoines du Mans n'étaient pas en reste : 1,636 kg de pain leur suffisait, ainsi qu'1,636 litre de vin, mais ils buvaient aussi du vin aromatisé (potio), de 0,409 litre à 2 litres selon les fêtes, mangeaient du porc et du mouton (1,204 kg le 21 juin), 340 g de légumes secs et 256 g de fromage. Selon les fêtes, les chanoines absorbaient de 6 384 à 8 840 calories et les moines de Saint-Denis peut-être 9 227.