Mon propos n'est pas ici de traquer le loup-garou dans les replis de l'imaginaire médiéval ou moderne mais, à travers un ensemble remarquablement riche et cohérent, celui des histoires de loups-garous dans la littérature du Moyen Age, de retrouver la résonance, dans la sensibilité médiévale, du thème de la métamorphose animale. Thème prolifique : le Moyen Age a hérité de l'ample moisson des légendes gréco-romaines de métamorphoses ; ce thème est également constant dans les contes merveilleux qui, avec l'irruption de la culture populaire dans la culture savante au XIIe siècle, imprègnent dès ses débuts la littérature narrative en langue vernaculaire.
A première vue, deux conceptions de la métamorphose s'opposent au Moyen Age :.
- celle de la littérature apologétique, qui nie la réalité de la métamorphose et la range parmi les illusions diaboliques ;.
- celle de la littérature narrative profane, qui trouve dans le folklore une matière susceptible d'être modelée selon les impératifs d'un idéal mondain : cette littérature ne met pas en doute la réalité de la métamorphose.