Exode rural, extension des friches, villages désertés : voilà, semble-t-il, les signes d'une évolution récente, engagée depuis un siècle ou deux dans les campagnes des vieux pays européens. Encore cette évolution n'est-elle ni générale, ni le plus souvent conduite à son terme. Mais dans quelques cas extrêmes, elle traduit concrètement dans le paysage la migration, géographique et professionnelle, des hommes. Déterminations globales, modalités régionales sont, sans conteste, objets de recherche géographique.
En est-il de même pour les sites d'habitat abandonnés avant les grandes transformations que l'on résume par « révolution agricole » et « révolution industrielle » ? Dans un monde apparemment dominé par l'économie agricole, que peuvent signifier ces désertions ? Ne relèventelles pas alors de séries d'accidents, épidémies, guerres, famines, au mieux de variations conjoncturelles, qui ne mettraient pas en cause, à long terme, les aménagements agraires et leurs rapports avec l'habitat ? Géographie des épidémies, géographie des invasions, recherches certainement passionnantes, mais qui, si elles en restaient là, manqueraient le véritable débat.