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Sentiments et Civilisation : Sondage au niveau des titres d'ouvrages

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Par où commencer l'inventaire de l'outillage mental d'une société ? Par l'intermédiaire de quels documents ? Car on entend bien que, des formes où s'enferme la conscience, toutes n'apparaissent pas dans n'importe quel cadre. Sur certaines, surtout dans le domaine que nous avons choisi — les notions relatives à l'amour et à la sexualité —, pèsent des interdits sociaux ; et ces interdits sont plus ou moins contraignants selon le cadre d'expression.

Il est des choses qui se pensent mais ne se disent pas ; d'autres qui se disent mais ne s'écrivent pas ; et certaines s'écrivent qu'on hésiterait à publier. Pensées, paroles, lettres privées, textes imprimés, sont autant de niveaux différents, qui mériteraient des inventaires particuliers. Mais c'est à un autre niveau encore, celui des titres d'ouvrages, que j'ai entrepris ce premier inventaire. Il en faut indiquer les propriétés caractéristiques.

Type
Travaux en Cours
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1965

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References

page 943 note 1. « Excellente apologie et défense de Lysias orateur sur le meurtre d'Ératostène surpris en adultère : où est traictée et comprinse toute la matière des adultères insérée dans le droit civil : Traduicte de grec en françois par noble Jacques des Comtes de Vintemille Rhodien Conseiller du Roy au Parlement de Bourgogne seand à Dijon, et commenté par M. Philibert Bugnyon, docteur es Droictz… », Lyon, B. Rigaud, 1576 (B.N., X. 16 796).

page 943 note 2. « La tour aux divorces. »

page 943 note 3. Un seul titre au XVIe siècle : « Responsio Bartholomaei La Tomi ad Epistolam quandam Martini Bueeri de Disputatione Eucharistiae et Invocatione Divorum et de Coelibatu Sacerdotum… » (Lyon, G. et M. Beringer, 1544).

Deux titres en 1961 : « Le célibat des prêtres » et « Célibat et sacerdoce ». Il faut noter que de part et d'autre le mot apparaît dans le même contexte : le problème du célibat des prêtres. Est-ce simple coïncidence ? Est-ce continuité véritable sur plus de quatre siècles 1 Où est-ce résurgence actuelle d'un problème ancien ? La question ne peut évidemment être tranchée sur la base de ces deux sondages.

page 943 note 4. Cf. annexe I.

page 943 note 5. Cf. annexe I.

page 943 note 6. Cf. en particulier : « Livre des lamentations de mariage et de bigamie composé en latin par maistre Mahieu de Gand et translaté en poésie françoise par Maistre Jehan Lefevre » (Lyon, O. Arnoullet, s.d.).

« Les quinze joies de mariage » (nombreuses éditions).

« Les ténèbres de mariage. Cy ensuyt en brief langaige les ténèbres de mariage lesquelles furent sans mentir composées par un vray martir lequel fut dix ans en servage, comme appartient en mariage », Lyon, Vve B. Chaussard, 1546 (Chantilly, Musée Condé).

« De l'heur et Malheur de Mariage : Ensemble les Ioix connubiales de Flutarque traduictes en François par Jean de Marconville… reveu et augmenté. Mariage est honorable entre tous, et le lict sans macule. Hebr. 13. », Lyon, B. Rigaud, 1583 (Aix, Méjanes, G. 66 87). Nombreuses autres éditions.

« … L'Enfer des Eseoliers, des Mal Mariez, des Putains et Ruffians, des Soldats et Capitaines poltrons, des piètres Docteurs, des Usuriers, des Poètes et compositeurs ignorans : Tirez des œuvres de Doni Florentin, par Gabriel Chappuys Tourangeau. », Lyon, B. Honorât, 1578 (British Muséum, 12 316.e. 21). (Autres éditions lyonnaises en 1580 et 1583).

« Le temps passé de Claude Mermet de Sainct Rambert en Savoye. Contenant… la consolation des ma] mariez. De nouveau augmenté de la lamentation de la vieille remariée, de l'advis de mariage et autres poèmes sentencieux et récréatifs. Reveu et corrige par l'autheur mesme. », Lyon, Bouquet Basile, 1585 (B.N., Rés. Ye. 1641).

« Le doctrinal des nouveaux mariez. », Lyon, P. Mareschal, s.d. (B.N., Rés. Ye. 336), etc…

page 944 note 1. On y trouve dix emplois de « mariage » et douze de « épouser ». Voici par exemple : « Le quatriesme livre d'Amadis de Gaule, Auquel on peut voir quelle issue eut la guerre entreprinse par le Roy Lisnart contre Amadis. Et les mariages et aliances qui depuis en avindrent, au contentement de maints amoureux et de leurs amyes. » Lyon, B. Rigaud, 1574 (B.N., Rés. Y2. 1341). Lyon, B. Rigaud, 1575 (Château de Tcrrebasse).

« Le Troisiesme livre de Primaléon de Grèce… Auquel les faicts heroyques, mariages et merveilleuses amours d'iceluy sont tant bien déduites… » Lyon, .1. Beraud, 1579 (B.N., Y2. 14 39). Lyon, B. Rigaud, 1587 (Château de Terrebasse).

« … Propos amoureux contenans les discours des amours et mariage du seigneur Clitophant et damoiselle Leucippe… », Lyon, 1556, 1572 et 1577.

page 944 note 2. On trouve neuf emplois de « mariage », cinq de « noces », deux de « épousailles », et un de « fiançailles », dans des œuvres de circontance analogues à celle-ci : « Discours de la magnifique réception et triomphante entrée de la Grande Duchesse de Toscane en la ville de Florence Avec les cérémonies de son coronnement et espousailles… » Lyon, B. Rigaud, 1558 (Lyon Ville, 314 522).

page 944 note 3. « B. Brissonii I.C. et suprema Pariensis Curia Advocati, de Ritu Nuptiarum liber singularis… », Lyon, Ph. Gaultier, dit Rouillé, 1564 (B.N., F. 5447).

page 945 note 1. « L'amour, sacrement de mariage des fils de Dieu. »

page 945 note 2. « Amour et mariage » est un essai littéraire ; « Sexualité et fidélité dans le mariage » un essai philosophique ; et « Amour, mariage et bonheur » une étude de sexologie.

Il pourrait sembler que « bonheur » n'est pas une nouveauté dans le contexte du mariage. On trouve en effet plusieurs fois, au XVIe siècle, « l'heur et malheur de mariage ». Mais il y a, de « heur » à « bonheur », une modification de contenu considérable. Au XVIe siècle, il y a, dans « heur », surtout l'idée de chance, de bonne fortune, de même que dans « heureux ». L'heur n'est qu'un événement. Tandis que dans « bonheur », il y a l'idée d'une fin, d'un absolu de félicité, que les hommes du XVIe siècle n'imaginaient guère que dans l'autre monde.

page 945 note 3. Cf. annexe I.

page 945 note 4. Par exemple dans ce titre : « Les sept saiges de romme… et aussi comment la femme de l'empereur ala de vie à trespas. Et aussi comment il se remaria à la fille du roy de Castille… et comment elle sceut que l'empereur avoit ung fils lequel il avoit commis à sept maistres pour le nourrir et apprendre pour estre empereur après sa mort, dont elle fut fort courroucée et comment elle se dessira le visaige et accusa le fils de l'empereur et dist qu'iï la voulait violer affin que l'empereur le fist mourir affin que se elle pouvoit avoir un filz qu'il fut empereur après le dexes de l'empereur… » (Lyon, O. Arnoullet, s.d.).

page 945 note 5. « La publicité c'est le viol », et « Terre violée ».

page 945 note 6. Cf. annexe I.

page 946 note 1. « Sensuyt un beau mystère de Nostre Dame à la louange de sa très digne nativité, d'une jeune fille laquelle se voulut habandonner à péché pour nourrir son père et sa mère en leur extrême pauvreté et est à dix-huit personnages dont les noms sensuyvent cy-après… ». Lyon, O. Arnoullet, 1543.

page 946 note 2. Dans l'édition de 1551 de « L'Histoire d'Aurelio et Isabelle », on a écrit : « … qui baille le plus d'occasion de pécher, l'homme à la femme ou la femme à l'homme », au lieu d'écrire comme dans les éditions de 1555, 1574 et 1582, « qui baille le plus d'occasion d'aimer… »

page 946 note 3. « Les eaux du péché », « L'image du péché », « Le péché contre la chair », « Le péché d'Adam et le péché du monde. T. I : La fille pauvre. »

page 946 note 4. « D.N. Bermondi choveronii caesarei, Pontificijsque Luris Doctoris praestantissimi… titulum de publicis concubinarii» commentarij non minus docti quam percommodi, his ad quos adulteriorum et stuprorum (quae sunt nephanda scaelera) pertinet animadversio… ». Lyon, Senneton frères, 1550. (Grenoble, F . 11 079.)

page 947 note 1. « La morphologie des homosexuels et le terrain organique de Vhomosexualité », et « Le sentiment de la faute chez l'homosexuel ».

page 947 note 2. Dans le titre suivant, le pluriel indique bien le caractère concret de ces viols : « Discours des trahisons et des loyautés des politiques de Paris qui avaient vendu ladicte ville à Henry de Bourbon chef des hérétiques de France… Avec le discours des cruautés, violemens, et sacrilèges qu'il a commis es faubourgs de Sainct Germain, Sainct Jacques et Sainct Marceau… »

page 947 note 3. Cf. annexe I.

page 948 note 1. « De generatione et partu hominis, Iibri duo : authore Dominioo Terelio, Medico Lucensi. », Lyon, Marsilii, 1578 (Amiens, Médecine, n° 604).

Mais dans un autre livre, qui en parle pourtant, la génération humaine n'apparaît pas sur la page dé titre : « Liber phisionomiae Magistri Michaelis scoti. » A la fin : Michaelis scoti de procreatione et hominis physionomiae opus féliciter finit. » Lyon, Guill. Balsarin, s.d. (Bordeaux).

Je ne crois pourtant pas que cela soit dû à un souci de décence.

page 948 note 2. De la génération comme thème d'inspiration littéraire, on trouve au moins un exemple avec le livre de René BHETONNAYAU « La génération de l'homme et le temple de l'âme, avec les autres œuvres extraites de l'Esculape de René Bretonnayau…» Paris, A. l'Angelier, 1583 (B.N., Ye. 21 49).

N'ayant pas eu d'édition lyonnaise connue, nous n'avons pas tenu compte de cet ouvrage dans notre sondage.

page 949 note 1. Il existe trois exemplaires de ce recueil, l'un à la Bibliothèque de Lyon, l'autre à Zurich, le troisième au British Muséum.

page 949 note 2. On le trouve dans le recueil suivant : « Plusieurs gentillesses Pour faire en toutes bonnes compagnies Et aussi plusieurs bonnes et utiles receptes esprouvées par Symon de Millau (sic) », Lyon, Fr. et B. Chaussard, 1556 (Arsenal, se. et arts, 69 90).

C'est au verso de la page de titre qu'on trouve la table des matières suivante : * Sensuyt plusieurs bonnes receptes de Maistres Symon de Millan parmi lesquelles : … Pour faire que ung homme débilité par froideur puisse habiter… »

page 949 note 3. « Moralité nouvelle d'un Empereur qui tua son neveu qui avait pris une fille à force. Et comment lediet Empereur estant sur son lict de mort la saincte Hostie luy fut apportée miraculeusement… », Lyon, Vve B. Chaussard, 1544 (Brit. Mus., C. 20. e. 13 (53).

page 950 note 1. « Un baiser dans la nuit » (roman), « Une rose et trois baisers » (roman), « La belle saison ou embrassez qui vous voulez », « Caresses ! » (roman), « Flirt » (poésies), « Métaphysique du strip-tease », « Strip-tease party » (roman).

page 951 note 1. « Sadisme et libertinage », « La femme cruelle… le masochisme dans l'histoire et les traditions », « Amour, érotisme et cinéma », « L'érotisme au cinéma », « Histoire de l'érotisme », « Les sociétés secrètes erotiques », « L'érotomanie préschizophrénique », « De la nymphomanie de la vache », « Précis de sexologie ». Pour « homosexualité », cf. note 20 ; pour « sexualités », cf. notes suivantes.

page 951 note 2. « Recherches sur la morphogénèse et la sexualité « d'Hydractinia echinata » ».

page 951 note 3. « La sexualité ».

page 951 note 4. « Sexualité et capitalisme. »

page 951 note 5. « Sexualité et fidélité dans le mariage. »

page 952 note 1. Cf. annexe I.

page 952 note 2. Qu'on en juge par ces titres : « La reine folle d'amour », « La Révolution par l'amour », « Amours 1900 », « Roma Amor ». Il faut cependant y ajouter un ouvrage différent : « L'amour en Grèce ».

page 953 note 1. Il resterait à rechercher la circulation de ces notions, et leur contenu, hors du contexte de vulgarisation médicale.

page 953 note 2. On pourrait douter du caractère sentimental de la réalité abordée par ces livres. Malgré quelques acceptions différentes du mot « amour, dans des ouvrages d'un niveau intellectuel assez bas, il semble pourtant que dans cette approche médicale le mot se définisse par opposition à l'instinct génésique autant que par sa participation à la sexualité. Qu'on en juge par les titres eux-mêmes : « Amour, mariage, bonheur », « Amour, ménage et enfants », « La conduite de l'amour », « La vie sexuelle, de l'instinct à l'amour ».

page 953 note 3. « Le Grand blason de faulses amours », de Guillaume Alexis, a eu au moins cinq éditions lyonnaises : 1497, 1506, 1512, 1529, 1538. « Le Loyer de folles amours ». Lyon, O. Arnoullet, 1538 (B.N., Rés. Ye. 1289). « La fauceté et trayson et les tours de ceux qui suivent le train d'amours ». Lyon, O. Arnoullet, s.d. (Grenoble, bel. let. 16 030) (manque). « L'amand desconforté… avec plusieurs préceptes et documents contre l'amour » a eu au moins trois éditions lyonnaises chez la veuve de B. Chaussard. « La Deiphire de M. Léon Baptiste Albert qui enseigne d'éviter l'amour mal commencée » est paru avec les quatre éditions de « L'Histoire d'Aurelio et Isabelle ». « Chant Antérotique sur une vision d'Amour et Prudence par Jean Sevestre parisien », etc…

page 953 note 4. « La nef des dames vertueuses composée par maistre Symphorien Champier… Quatre livres Et le quart est le livre de vraie amour. », Lyon, J. Arnoullet, 1503 (B.N., Vélins, 1903).

« Dialogue très élégant intitulé le Peregrin traictant de l'konneste et pudique amour concilié par pure et sincère vertu traduict de vulgaire italien en langue françoise par maistre François Dassy… » a eu au moins quatre éditions lyonnaises : 1520, 1528, 1529, 1533.

page 954 note 1. « Contre l'amour », « Prenez garde à l'amour », auquel on peut ajouter l'œuvre d'Ovide : « Les remèdes à l'amour ». Deux titres seulement cherchent à distinguer à l'intérieur de l'amour : « Le double visage de l'amour », et « Le Grand amour ».

page 954 note 2. Par exemple « L'Histoire et Ancienne chronique de Gérard d'Euphrate, Duc de Bourgogne, traitant pour la plus part son origine, jeunesse, amours, et chevalereux faits darmes… » (Lyon, B. Rigaud, 1580 (Brit. Mus., 245. d. 41).

Lorsque les deux acteurs sont connus, on emploie parfois le singulier (4 fois) comme dans : « Luc Apulée de l'asne Doré. Plus y a sus les 4, 5, 6, livres traitans de Vamour de Cupido et de Psiches… », Lyon, J . Temporal, 1553. (Lyon Ville, 801 453.)

Mais on emploie surtout le pluriel (14 fois) : « Histoire éthiopique d'Héliodore… Traitant des loyales et pudiques amours de Theagenes Thessalien, et Chariclea Ethiopienne… », Lyon, Catherin Fontanel, 1559. (Besançon, Bel. let., n° 41 13.)

page 954 note 3. Au début du siècle, on trouve plutôt la collection des particuliers : « Lhospital damours », « Les demandes damours », a La conqueste du château damours », « La Fontaine damours », « Le Sophologue damours », « Les deux soeurs disputant damours », etc… Après 1540, on trouve plutôt des singuliers : « Le Pourquoy d'amour » (1537), « La Fontaine d'amour » (1545), « Le tuteur d'amour (1547), etc…

On pourrait se demander si le « s », plutôt que la désinence du pluriel, ne serait pas la survivance d'un cas régime médiéval. Quelle que soit son origine, il semble que les contemporains y voyaient un pluriel, puisque le titre français « Les arrests damours » est l'équivalent du latin « Arresta amorum ».

page 955 note 1. Ce qui, naturellement, n'est pas. Mais il faut consacrer une étude entière, faisant appel à d'autres séries que celle des titres, aux variations d'emploi du singulier et du pluriel au XVIe siècle.

page 955 note 2. Dans les titres lyonnais, on peut renvoyer soixante dix-sept emplois au plan de l'existence et soixante dix-neuf au plan des essences, en matière d'amour profane. Dans les titres de 1961, au contraire, la réalité universelle apparaît quatre-vingt-trois fois, et les amours particulières vingt-six fois.

page 955 note 3. On trouve cinquante-deux fois « amour », « d'amour », « en amour », pour vingtsept fois « l'amour », « de l'amour », « en l'amour ».

page 955 note 4. « Les six livres de Mario Equicola d'Alveto. De la nature d'Amour, tant humain que divin, et de toute les différences d'ieeluy… », Lyon, Jean Veyrat, 1597 (British Muséum, 524. b. 9). Ibid., 1598 (Mazarine, 27 948).

page 955 note 5. A vrai dire, ni le coeur ni l'âme n'apparaissent dans les titres où il est question d'amour. Mais on voit bien que cet amour est sensible autrement que par la vue.

page 956 note 1. Dans plusieurs titres du XVIe siècle, l'amour apparaît comme un état, ayant son propre dynamisme, où se situe les conduites des amants : « Conformité de l'amour au navigaige » (1548), « … tant de l'amour que de la guerre… » (1580, 1581, 1586, 1588), « … demandes que les amoureux font en l'amour » (1592), etc… Dans VAstrée, au début du XVIIe siècle, l'amour est le cadre où se situent « l'amitié » ou « l'affection » des amants.

page 956 note 2. Sont signés d'un nom féminin, les titres suivants : « L'amour brisa le sortilège », « L'amour du bout du monde », « Amour peux-tu revenir », « Amour réponds-moi », « L'amour s'en va », « L'amour viendra peut-être », « Au nom de l'amour », « L'autre amour », « Le chemin de l'amour », « La montée vers l'amour », « Pardon mon amour », « Par amour », « Plus loin que l'amour », « Qui es-tu mon amour », « La reine folle d'amour », « La Révolution par l'amour », « Un amour maladroit », « Un grand amour », « Un long amour ». Au titre, on reconnaît souvent les ouvrages signés d'un nom d'homme. Mais certains en font également une valeur suprême : « L'amour et la mort », « L'amour et le divin », « L'amour fou », « Le Grand amour ».

page 956 note 3. Dans deux titres religieux et dans deux titres relatifs à des amours profanes. L'un de ces titres, « l'Histoire d'Aurelio et d'Isabelle » a trois éditions faisant apparaître le verbe « aimer ».

page 956 note 4. Les titres nous aident bien mal à faire la distinction entre des ouvrages religieux comme « Aimer, savoir aimer », « La grande joie d'aimer », « Dis moi si tu m'aimes », et des livres consacrés à l'amour profane comme « Aimer c'est persévérer », « Je suis faible et tu m'aimes », « Pourvu qu'il m'aime », « Le temps d'aimer » et « Vienne le temps d'aimer ».

page 957 note 1. « Les bêtes que j'aime », « l'Espagne que j'aime », « Toutes ces pêches que nous aimons », « Aimez-vous les oiseaux ? » etc… Ces titres se distinguent mal de titres concernant l'amour comme « Le fantôme que j'aimais », « Aimez-vous les femmes ? », etc…

page 957 note 2. « Cy finist l'histoire du très vaillant chevalier Paris et de la belle Vienne lesquels pour loyaument aimer souffrient moult dadversité avant qu'ils peussent jouir de leurs amours » (Lyon, 1520 et 1554).

« Deux chansons nouvelles… L'autre d'un Oublieux donnant un escu pistolet a une Dame pour jouir de ses amours » (Lyon, 1571).

« Histoire admirable d'Arnaud Tilye, lequel emprunta faussement le nom de Martin Guerre afin de jouir de sa femme » (Lyon, B. Rigaud, 1580).

« Le blason des dames suyvant le train damours. C'est assavoir le iouissant et le Tanne contredisant l'un contre l'autre. Composé de nouveau par maistre Nicole désire aultrement dit le Convoyte… » (Lyon, P. de Ste Lucie, dit le Prince, vers 1535).

page 957 note 3. A la fin de l'article consacré au verbe «sentir», le Trésor de la langue française, de NICOT, donne :

Sentement, sensus, Odoratus, Odoratio, Olfactus.

Avec grand sentement et flairement, Sagaciter.

Qui n'a point de sentement, Insensile

Mes sentements (Pasquier), sensus mei

page 957 note 4. « La Fontaine de vie de laquelle ressourdent très doulces consolations singulièrement nécessaires aux coeurs affligez », Lyon, J . de Tournes, 1543 (Bibl. des Jésuites de Lyon). « Les allumettes du feu divin pour faire Ardre les coeurs humains en lamour de Dieu… Aucteur F. Pierre Doré docteur en théologie. », Lyon, P. de Ste Lucie dit le Prince, s.d. (Avignon, Musée Calvet, 1927).

page 958 note 1. « La plaisante et amoureuse histoire du chevalier Doré et de la pucelle surnommée Cueur d'Acier ». Lyon, B. Rigaud, 1570 et 1577.

page 958 note 2. « Aretefila Dialogo Nel quale da una parte sono quelle ragioni allegate, lequali affermano, lo amore di corporal bellezza potere encora per la via dell'udire pervenire al atore… », Lyon, G. Rouillé, 1560 (Grenoble, F. 61 68), et Lyon, G. Rouillé, 1562 (B.N., Z. 81 46).

page 958 note 3. « Beaucoup d'appelés, un seul coeur », ou « Coeur à coeur avec Jésus », sont des titres d'ouvrages religieux ; « Le chemin du coeur », « Le chemin des coeurs », « Coeurs à nu » sont des titres d'ouvrages profanes. Un t i t re comme « Le coeur est un mendiant » montre que le coeur, autrefois conçu comme l'organe du courage, est maintenant le siège d'une sensibilité toute passive.

page 958 note 4. On trouve le mot « volupté » dans deux titres lyonnais, dont l'un la condamne sans équivoque et le second ne la présente comme licite que hors du contexte amoureux. « Clytemnestre, Tragédie de Pierre Matthieu… De la vengeance des injures perdurables… et des malheureuses fins de la volupté. », Lyon, B. Rigaud, 1589 (British Muséum, 840, a. 9 (3).

« Platine en françois… qui traite de honneste volupté et de toutes viandes et choses que lomme menge… », Lyon, 1505, 1528, 1546, 1548, 1571, 1588.

page 958 note 5. « Opéra Vergiliana… De Venere et vino… » (Lyon, 1517, 1528, et deux éditions sans date). « Juvenalis familiare commentum… Décima rerumque libido notantur… » Lyon, Gueynard dit Et. Pinet, 1511 (Albi, 194).

page 958 note 6. Cf. la monographie de Marzio GALEOTTI dont nous avons parlé : « … maris aut foeminae in coïtu sit major voluptas. »

page 958 note 7. C'est à une double problématique, mondaine et religieuse, que semble se référer l'ouvrage de PLATINE : « De honnesta voluptate ». Bart. de Sacchi, dit Platina, protégé du cardinal Bessarion, fit, on le sait, partie du collège des abréviateurs, à Rome, et finit ses jours comme bibliothécaire au Vatican.

page 959 note 1. « Lamentation et complainte d'un prince d'Albanie à rencontre d'Amour et sa Dame contenant en soit la parfaite amitié de deux vrays amans » (Lyon, J. Saugrain, 1559 (d'après Du Verdier, II, 646).

« Amitié Bannie du monde… traduit en vers François Par Jean Figon de Montélimar en Dauphiné », Lyon, G. Cotier, 1559 (Arsenal, bel. let. 23 54. Res).

Le même ouvrage est paru en 1589 dans une Anthologie ou recueil des plus beaux épigrammes grecs, sous le titre « l'amitié exillée, de Cyre Théodore Prodrome, Par Pierre Tamisier. » Mais citons surtout :

« Notable discours en forme de dialogue touchant la vraye et parfaite amitié, ouvrage dans lequel les dames sont deument informées du moyen qu'il faut tenir pour bien et honnestement se gouverner en amour. », Lyon, B. Rigaud, 1577 et 1583. Cet ouvrage est une traduction du « Dialogo délia bella creanze », d'Alex. Piccolomini, par François d'Amboise.

page 959 note 2. Les qualificatifs « honneste » et « pudique » se rencontrent toujours dans les titres, mais ne se trouvent plus associés comme dans la première moitié du siècle.

page 959 note 3. Ainsi dans l'Astrée : « Ce berger était frère de Céladon, à qui le Ciel l'avait lié d'un nœud d'amitié beaucoup plus étroit que celui de parentage ; d'autre coté Astrée et Phillis, outre qu'elles étaient germaines, s'aimaient d'une si étroite amitié, qu'elles méritaient bien d'être comparées à des frères. » Mais après le suicide de Céladon, lorsque Lycidas reproche à Astrée son indifférence, il s'exprime en ces termes : « … s'il ne vous avait point aimé, ou que cette amitié vous fût inconnue, ce serait chose supportable… »

page 959 note 4. « Les Affections d'Amour de Parthenius Ancien Auteur Grec… », Lyon, M. Bonhomme, 1555 (B.N., Rés. Y*. 12 22).

« Aman, seconde Tragédie de Pierre Matthieu… De la grâce et bien vueillance des Roys dangereuse à ceux qui en abusent, de leur libéralité mesurée au mérite, non à l'affection », Lyon, B. Rigaud, 1589 (British Muséum 840. a. (1).

page 960 note 1. Le Trésor de NICOT commence par définir, en cinq exemples, le verbe « affecter » :

Affecter et désirer d'estre Roy, Affectare Regnum.

Affecter le sang d'autrui et désirer de le tuer, Affectare cuorem alicujus…

Puis, à l'intérieur du même article, il consacre trente-cinq exemples au mot « affection » :

Affection, Affectus, Studium, Animus, Voluntas.

Affection des-ordonnée, Libido.

Grande affection qu'on a à faire quelque chose, soit bien, soit mal, Studium.

Qui ont leur affection à la guerre, Quibus militia in studio est…

Je connais les affections et fantaisies des amoureux, Novi ego amatium animos.

Mettre son affection à amasser argent, Studere pecuniae.

Mettre son affection à une pucelle, Animum ad virginam adjicere.

Faire quelque chose d'affection, Ambitio se agere, Cupidè.

Accuser par affection, Studio accusare.

Enfin il définit « affectueux » et « affectueusement » :

Affectueux, m. acut, C'est affectionné, et ainsi en ont usé les anciens, disant : Il est chevalier affectueux à l'histoire, Deditur historiae, lncubus historiarum lectioni toto animo.

Affectueusement, Intimé, Cupide, Ambitiosé.

Acheter affectueusement, Cupide emere.

Faire quelque chose plus affectueusement qu'il ne faut, Ambitiosus aliquid facere.

page 960 note 2. « … la belle Astree… ne voulu que l'ingratitude en fut le paiement mais plutôt une réciproque affection avec laquelle elle recevait son amitié et ses services. »

« … l'extrême affection que vous ne sauriez feindre de n'avoir mille et mille fois reconnue… »

« La souveraine prudence, en amour, est de tenir son affection cachée… »

« Elle se ramentut la fidèle amitié qu'elle avait auparavant reconnu en ce berger, l'extrémité de son affection… », etc…

page 961 note 1. « Histoire joyeuse contenant les passions et angoisses d'un martyr amoureux d'une dame… », Lyon, B. Rigaud, 1557.

« Roland furieux… qui dit si proprement d'armes d'amours et de ses passions… » Lyon, S. Sablon, 1544 (Lyon, A., 12766.134».

page 961 note 2. « Senèque. Des remèdes contre les perturbations de l'ame et passions du corps… » Lyon, B. Rigaud, 1558.

« Aux dames serves de leurs passions » : pièce liminaire dans « l'Histoire de Palmerin d'Olive ». Lyon, F. Arnoullet, 1576 (Grenoble, E. 30 125).