Les éléments qui nous sont transmis en ce moment concernant la conjoncture économique des pays étrangers ne manifestent plus la même clarté et la même concordance que précédemment. Certaines tendances contradictoires s’y opposent et il nous appartiendra d’en apprécier l’importance, tout au moins si nous voulons regarder au delà d’un avenir immédiat, qui reste dominé par toute la reprise antérieure. Nous devrons notamment mettre en relief certaines tensions, dont il ne faut pas encore exagérer l’influence, mais qu’on ne peut méconnaître. Puis il y aura lieu de situer dans cet ensemble l’évolution interne de l’économie belge, qui a été. lancée tardivement sur la voie de l’expansion et porte encore toutes les traces d’un progrès rapide — trop rapide même de certains côtés.
En ce qui concerne la conjoncture étrangère, la situation particulière de la Grande-Bretagne réclame de notre part une attention particulière : d'abord parce qu'elle exerce une influence profonde sur notre propre évolution, ensuite par ce que la conjoncture britannique a nettement atteint un point de prospérité élevée, que seule une politique adroite peut maintenir. De ce côté, certains signes de tension sont apparents : signalons la baisse du taux de capitalisation qui se poursuit depuis octobre 1936, malgré le maintien de larges disponibilités et de bas taux d'intérêt à court terme, puis l'importance de la chute des cours des actions depuis janvier 1937, qui n'a pas d'égale depuis 1932; enfin, la relation entre les prix des matières premières et du coût de la vie, qui est de nouveau semblable à celle de 1928-1929. Par contre, il ne faut pas perdre de vue que l'argent reste bon marché, qu'il n'y a pas eu de recours exagérés au marché des capitaux et que la Grande-Bretagne est libre de ses mouvements en matière de change.