L'objectif de cet article est de montrer comment le marqueur parenthétique tu vois s'est pragmaticalisé au cours des siècles. Afin de déterminer s'il existe une corrélation entre l'émergence de contextes syntaxiques et l'apparition de sens nouveaux pour ce marqueur, nous avons adopté une méthode d'analyse, en diachronie, de données de corpus pseudo-orales. Après avoir mis en exergue les résultats d'analyse en termes de déplacement sémantique et de complexification syntaxique, l'article montre in fine en quoi le recours à la grammaticalisation semble insuffisant pour expliquer l'évolution des parenthétiques et propose d'inscrire ce processus dans la perspective plus large du changement linguistique.

Dans cet article, nous nous intéressons aux compléments du nom indéterminés introduits par à (plante à fleurs, tasse à café), pour lesquels nous proposons une classification fondée sur les propriétés sémantiques du second nom (N2) et le type de relation qu'il entretient avec le premier (N1). Nous montrons que ces propriétés rendent compte du comportement syntaxique de N2 vis-à-vis de la détermination, des numéraux et de la modification. Nous comparons également les N2 indéterminés à ceux qui renvoient à des ingrédients (tarte au citron), et qui apparaissent nécessairement déterminés.

Cet article étudie les effets de sens du passé composé (PC) sous la portée d'un adverbe situeur futur en français. Nous partons de l'hypothèse de Sthioul (1998) selon laquelle cet usage du PC impose une représentation conçue comme passée depuis une projection allocentrique du moment de la parole située dans le futur. Cet article considère que le PC en usage futur est un usage métalinguistique du passé composé et donc un usage métareprésentationnel (ou interprétatif, cf. Sperber & Wilson 1995) du langage. Nous explorons les restrictions d'emploi de cet usage par des critères sémantiques (télicité, agentivité) et concluons qu'aucun d'entre eux ne forme une contrainte forte alors qu'il y a une condition pragmatique d'emploi beaucoup plus contraignante pour l'usage futur du passé composé. En particulier, nous suggérons que i) ce qui est représenté au futur n'est pas le procès mais l'état résultant (ce qui le rapproche du PC de l'accompli), ii) que l'état résultant est typiquement désirable et a déclenche une inférence à propos de l'attitude ou du comportement à tenir dans le présent dans la perspective de l'état résultant au futur. Ainsi, le passé composé en usage futur prend sa pertinence au présent et non directement au futur.

In this paper, we review the various types of epistemic usages of the (simple and anterior) future tenses in French with the assumption that what actually licenses their occurrence is not a semantic feature such as aspect but pragmatic effects that give relevance to the utterance at the moment of speech. We review the main hypotheses proposed in the relevant literature and conclude that epistemic futures seem to fulfill the function of communicating – through a metarepresentation of a future verification – not only epistemic modality and evidentiality, but also, and perhaps especially, the inference that a particular course of action has to be undertaken from the perspective of a state of affairs that is true in the present.

When adjectives of English origin are pluralized in French, they follow one of three patterns: they receive inflection, reject inflection, or accept both forms. Curiously, these patterns of morphological variation have never been analyzed. This study identifies inflection-inhibiting constraints for a closed corpus of French dictionary-attested English adjectives and reveals that uninflected and variable adjectives do violate the standard native rule of adjective agreement, yet the constraints that block inflection are French-derived. A second feature of these adjectival anglicisms is that the nominal counterpart, if it exists, always receives native inflection (des jeans baggy vs. des baggys). The difference in word class, and specifically the feature of grammatical gender, may account for the contrastive behavior.

This study examines how intonation contours prevalent in a Parisian French urban youth vernacular (Conein and Gadet, 1998; Fagyal 2003, 2005) index sociolinguistic meanings for Parisian French listeners. In a web-based experiment, listeners placed recordings with stress patterns ranging from clearly penultimate (‘non-standard’) to clear phrase-final (‘standard’) in cities whose linguistic correctness they had previously evaluated. Stimuli with the most numerous and strongest cues to penultimate prominence were reliably identified with cities low in linguistic prestige. Sociolinguistic experience was shown to predict stimulus evaluations. The conclusions reached speak to the socio-indexicality of certain Parisian intonation contour types and the methodology used herein may lend itself to future studies of socially sensitive language variation.

Cet article étudie les différences distributionnelles entre les emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais. En soumettant les données issues de deux corpus comparables (Dutch Parallel Corpus et Corpus de Namur) à notre modèle triangulaire systématique des emplois du SNdém, nous constatons que deux explications majeures permettent de comprendre la plus grande partie des divergences attestées au niveau des emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais, à savoir des normes stylistiques différentes en relation avec des différences linguistiques et des divergences au niveau du degré de déicticité des SNdém en français et en néerlandais.