En 1908, Louis J. Thomas publiait les chiffres de population de quatre seigneuries ou baillies languedociennes, pour la fin du XIIIe siècle, et pour le XIVe siècle. Il en concluait que ces populations médiévales n'étaient pas tellement inférieures à celles de l'époque moderne et contemporaine, telles qu'on les connaissait, à son époque, par le recensement de 1906.
La publication de Louis J. Thomas est irréprochable, et digne en tous points des autres contributions de ce maître, auquel doit tant l'historiographie du Bas Languedoc. Mais ses conclusions méritent d'être discutées.
Il est bien évident, en effet, que l'évolution démographique du Languedoc — non plus que celle du reste de la France — n'a pas été linéaire; en enjambant d'un seul coup six siècles d'histoire médiévale, moderne et contemporaine, on s'expose à négliger le problème essentiel : celui du niveau de peuplement dans la civilisation traditionnelle.