Depuis quelques décades, l'histoire provinciale du jansénisme au XVIIIe siècle a suscité de nombreux travaux. C'est avec raison que ces monographies ont généralement pris pour cadre le diocèse; ce territoire, administré par le chef qu'est l'évêque, constitue en effet,-au-dessus des paroisses, la cellule même de la vie religieuse.
Mais le diocèse ne doit pas être seulement, pour les chercheurs, un cadre commode. Avec ses fidèles et son clergé, il est un organisme vivant, qu'il importe de connaître d'abord parfaitement. Un médecin oserait-il se mêler d'étudier une maladie — ou au contraire, soyons impartiaux, un surcroît de vitalité — s'il ne possédait à fond l'anatomie et la physiologie du corps humain? C'est pourtant ce que font trop de chercheurs, qui abordent délibérément l'examen des controverses jansénistes, sans se soucier assez du milieu humain dans lequel elles se produisent.