Toutes les études sur les sociétés rurales d'hier et d'aujourd'hui font la part belle au développement des échanges monétaires et au renforcement volontaire ou imposé des rapports de la paysannerie avec le marché. Explicitement (E. Le Roy Ladurie, 1973) ou non, les historiens reprennent à leur compte l'opposition, classique, des pays du Tiers-Monde, entre agriculture de subsistance et agriculture commercialisée (G. Elwert et D. Wong, 1980). Et ceci avec une netteté toute particulière dans le cas de la France médiévale ou moderne, où l'on s'accorde volontiers à reconnaître le poids, précoce et durable malgré tous les efforts des rassembleurs de parcelles, d'une quasi-propriété paysanne enfin libérée par la Révolution de toutes les charges qui pesaient sur elle. Autoconsommation et marché se présentent ainsi comme les deux pôles autour desquels s'organisent les choix productifs de la majorité des exploitations agricoles.