Deux expositions sont venues, cet hiver, consacrer le fait divers comme catégorie d'existence et d'histoire. L'une, organisée à la SEITA, par Jean-Pierre Seguin, inventeur du genre, était circonscrite aux Canards illustrés du XIXe siècle, dont elle développait la thématique par de très nombreux exemples. L'autre, plus ambitieuse, celle du musée des Arts et Traditions populaires, dont le catalogue a été rédigé notamment par Alain Monestier, entendait dégager les caractères structuraux de ce que Roland Barthes appelait les « inclassables de l'information »”, en mettant l'accent moins sur leur contenu que sur leurs invariants narratifs.
Cette présentation a l'avantage de faire apparaître, d'un matériau à première vue hétéroclite, des lignes dé force qui suggèrent la permanence d'un imaginaire collectif. Elle a l'inconvénient d'amalgamer les détails signifiants dans le magma d'une immobilité présupposée au départ. Or ce qui intéresse l'historien, c'est moins le constat de l'évidence des peurs sociales, que leurs modulations dans le temps et les changements de leurs modes d'expressiorj.