L’équilibre monétaire doit-il être considéré comme une norme ou simplement comme un instrument d’analyse? La question mérite d’être examinée, car la portée des raisonnements théoriques n’en sera que mieux délimitée. Par ailleurs, la question se pose en particulier en ce qui concerne l’interprétation de la théorie de Koopmans et notamment de sa définition principale, d’autant plus que l’on ne trouve pas chez cet auteur de prise de position nette à cet égard.
Ce manque de clarté vient du fait qu’au moment de la rédaction de son étude Zum Problem des «neutralen» Geldes Koopmans était surtout préoccupé par les perturbations qui se traduisent par des variations du niveau général des prix. Les fluctuations du niveau de l’emploi ne l’avaient pas spécialement frappé, si bien qu’on peut affirmer que l’hypothèse du plein emploi est implicite chez Koopmans, qui rapproche l’état de l’économie en équilibre monétaire des caractéristiques d’un «type idéal d’économie d’échange pure». Or, celui-ci se trouve par définition en état de plein emploi. Lorsque la monnaie, en tant qu’élément perturbateur, est introduite dans cette «économie d’échange pure», les déviations se traduisent par un mouvement soit inflatoire, soit déflatoire. Chez Koopmans, tout déséquilibre monétaire implique, par conséquent, une situation de suremploi ou de sous-emploi selon les cas.