Notre réseau routier s’est beaucoup moins développé à l’époque française que durant les périodes autrichienne et hollandaise:231 klms 500 contre 2.611 et 813,500, soit une moyenne annuelle de 12 klms 200 contre 28,700 et 50,800. La différence est telle que, bien qu’ils se soient fort peu intéressés au passé de nos voies de communication, les historiens l’ont déjà notée. Ils l’ont même déjà expliquée. Si, disent-ils, on n’a guère ouvert de nouveaux chantiers de 1796 à 1815, c’est seulement faute d’argent; les autorités responsables n’ont pas cessé durant ces vingt années d’accorder une grande attention au problème des transports, elles n’ont pas estimé que le réseau créé au XVIIIe siècle pût suffire à tous les besoins mais elles ont manqué de capitaux pour l’étendre encore. Cette théorie est exacte: les archives des Départements réunis regorgent de pièces où préfets, maires et ingénieurs des Ponts et Chaussées déplorent à l’envi la modicité des fonds affectés aux travaux publics (ibis). Mais elle demande à être précisée. C’est à quoi nous nous appliquerons d’abord. Nous chercherons le motif pour lequel le problème du financement des chaussées, aisément résolu avant 1796, est devenu si difficile après cette date. Nous verrons ensuite dans le détail le parti que les autorites ont tiré des faibles ressources dont elles disposaient pour la construction des routes.