Puisque l’Etat se dérobait, les autorités régionales prirent sur elles de construire les chaussées, avec le concours des villes et des villages et même de sociétés industrielles ou de nobles, propriétaires de grands domaines. Etats provinciaux, magistrats locaux, simples particuliers, tels sont dans l’ordre d’importance décroissante ceux qui osèrent et risquèrent, ceux à qui revient le mérite de nous avoir dotés au XVIIIme siècle d’un superbe réseau de routes carrossables.
Les Etats provinciaux étaient particulièrement qualifiés pour suppléer à la carence du pouvoir central. Ils comptaient, dans chaque ordre, clergé, noblesse ou tiers, nombre de personnalités bien informées des besoins économiques de la région. Ils jouissaient souvent d’un bon crédit. Et ils disposaient des importantes ressources financières nécessaires ou pour solder les frais de construction si ceux-ci n’étaient pas couverts par des levées d’argent, ou pour combler les déficits d’exploitation presque inévitables quand, aux charges d’administration et d’entretien s’ajoutaient celles du service d’emprunts. Leurs revenus s’avéraient-ils insuffisants, ils pouvaient d’ailleurs les accroître par l’élévation de la taille.