Taisez-vous, ma bonté, cessez votre entretien,
Vous êtes une sotte, et je n'en ferai rien.
Oui, vous avez raison, mon courroux, je l'avoue;
Relier tant de fois ce qu'un brouillon denoue,
C'est trop de patience, et je dois en sortir,
Après de si beaux coups qu'il a su divertir.
Mais aussi, raisonnons un peu sans violence:
Si je suis maintenant ma juste impatience,
On dira que je cède à la difiiculté,
Que je me trouve è bout de ma subtilité;
Et que deviendra lors cette publique estime
Qui te vante partout pour un fourbe sublime,
Et que tu t'es acquise en tant d'occasions
A ne t'être jamais vu court d'inventions?
L'honneur, ô Mascarille, est une belle chose!
A tes nobles travaux ne fais aucune pause,
Et quoi qu'un maitre ait fait pour te faire enrager,
Acheve pour ta gloire, et non pour l'obliger.
Mais quoi! Que feras-tu, que de l'eau toute claire,
Traversé sans repos par ce démon contraire?
Tu vois qu'è chaque instant, il te fait déchanter,
Et que c'est battre l'eau de prétendre arreter
Ce torrent effréné, qui de tes artifices
Renverse en un moment les plus beaux édifices.
Eh bien! pour toute grâce, encore un coup du moins,
Au hasard du succès sacrifions des soins;
Et s'il poursuit encore è rompre notre chance,
J'y consens, ôtons-lui toute notre assistance.