Le caractère littéraire du chapitre septième de l'évangile de Jean est au premier abord assez déconcertant, car il abonde en répétitions, incohérences, voire même en contradictions: bref, le texte est hérissé d'apories. L'ancienne critique littéraire johannique, au début du siècle, a baissé les bras devant les difficultés de la tâche qu'elle s'était donnée: retrouver et reconstruire la forme la plus ancienne de l'évangile de Jean. J. Wellhausen, en 1908, faisait remarquer à propos de Jn 7.14–8.59: ‘On ne peut pas découvrir un fil conducteur, un progrès. C'est toujours la même chose qui est répétée dans quantité de variantes, et l'on n'avance pas d'un pouce.’ E. Schwartz, de son côté, se résignait: les chapitres 7 à 10 sont pour lui ‘un méli-mélo sans sens’, ‘et il est impossible de découvrir les motifs qui relieraient les différentes scènes’. Et par après, de R. Bultmann à M.-É. Boismard, ciseaux et pots de colle en mains, on a découpé et reconstitue le texte, allant même parfois jusqu'à ne déplacer qu'un seul verset, voire un demiverset.