Cette étude présente les résultats d'une analyse d'un corpus de français romand conversationnel et démontre, par le biais d'une série de tests de morphologisation (Schwegler, 1990) que l'ancien pronom relatif-interrogatif qui1 s'est séparé en deux formes distinctes sur les plans sémantique et morphosyntaxique: (1) un pronom interrogatif autonome, qui2 et (2) un préfixe relatif flexionnel, qui- qui s'ajoute au paradigme des préfixes préverbaux. La relation entre qui2 et qui- est du même genre que celui déjà attesté pour la relation entre les préfixes personnels flexionnels je, tu, il/elle, etc., et les pronoms sujets facultatifs, moi, toi, lui/elle, etc. Conformes aux processus de la grammaticalisation et propulsés par la fréquence des tournures en qui-V dans les constructions clivées, ces résultats suggèrent en outre un changement typologique et une diglossie naissante entre l'oral spontané (préfixal) et l'écrit classique (suffixal), au moins sur le plan morphosyntaxique. Le présent article a pour but de déterminer le statut de qui dans le français romand conversationnel, relatif à son stade de morphologisation par rapport aux préfixes personnels flexionnels ainsi qu'à la question d'une diglossie naissante entre l'oral et l'écrit.