En se multipliant depuis une quinzaine d'années, les découvertes en Orient ont fait surgir en abondance des éléments de haute époque, qui incitent à reprendre le problème de l'origine de l'art minoen, tel qu'il s'est constitué au IIIe millénaire avant notre ère. Lors de ses premières découvertes à Cnosse, à partir de 1900, Sir Arthur Evans n'avait guère à sa disposition, pour établir des comparaisons dans un passé lointain, que la documentation égyptienne. Les remarquables découvertes, qui avaient tant surpris les égyptologues, de J. de Morgan, Fl. Petrie, Quibell, Reisner et autres, ouvraient la voie à des rapprochements entre le premier essor de l'art crétois et la civilisation déjà développée des temps prédynastiques et protodynastiques en Egypte, ce qu'on a appelé aussi la civilisation protolibyenne. Elle s'affirmait par l'art des palettes de schiste, par de beaux ivoires sculptés, des stèles royales, des vases finement taillés dans des pierres diverses, notamment ces bols en albâtre avec les curieux replis dits «à moustache», la technique de la glaçure, etc…Cependant, dès cette époque, en Egypte même, s'affirmait l'influence asiatique, qu'on a qualifiée d'influence sumérienne. Certes Sumer est à l'origine, mais ce mouvement, venu d'Asie, ne s'est répercuté jusqu'enÉgypte que par l'intermédiaire des Sémites. La langue égyptienne est un témoin certain de cette action, mais aussi tel monument comme le célèbre manche en ivoire du Gebel el Arak dont G. Bénédite, en le publiant, avait constaté qu'il n'avait pas de répondant dans l'art égyptien. Le motif du dieu, qu'on y voit, entre deux animaux affrontés peut remonter à un prototype sumérien, mais le costume du dieu est proprement sémitique. Ces mêmes Sémites sont apparus à Warka où ils chassent le lion à la lance et à l'arc — arme que les Sumériens abandonnent aux nomades et dont la flèche est armée d'un silex évasé qu'on retrouve sur les palettes de schiste égyptiennes.