La Société argentine est une de celles qui ont pris le plus à cœur la question des abus du signe de la Croix-Rouge, et cela n'est pas surprenant, car elle est une de celles qui ont eu le plus à en souffrir. C'est du moins ce qui résulte d'une lettre adressée par son Conseil suprême au ministre de la guerre de la République argentine, le 30 août 1890. Par ce message, la Société sollicitait du pouvoir exécutif la présentation au parlement d'un projet de loi destiné à protéger le nom et les emblèmes de la Croix-Rouge contre l'usage irrégulier qui pourrait en être fait. Elle avait déjà, disait-elle, «rencontré de très sérieuses difficultés dans l'accomplissement de ses devoirs, à cause des abus commis par des personnes malintentionnées ou seulement ignorantes, qui, ayant mal compris la portée de son titre et de son signe, avaient mis en péril la vie de ses membres et menacé son existence même.»

Nous avons déjà fait connaître à nos lecteurs ce rapport, rédigé par MM. les Drs Werner et Schütte, et nous leur en avons donné un résumé dans notre Bulletin. Si nous revenons aujourd'hui sur le même sujet, c'est pour signaler la publication d'une traduction française de cet important et consciencieux travail. Nous ne pouvons mieux présenter ce volume aux intéressés qu'en transcrivant ici une partie de la lettre que nous a adressée le Comité central de Berlin en nous l'envoyant:

« Nous avons pensé bien faire,» nous dit-il, «en publiant cet ouvrage dans les deux langues. Pour atteindre ce but, nous avons eu recours à la collaboration de notre fidèle collègue dans l'œuvre de la Croix-Rouge, membre du Comité international à Genève, M. le Dr Louis Appia.

La Société bavaroise, animée du désir de ne pas se bonier à conserver l'organisation existante mais de la développer toujours davantage, s'est efforcée de recruter un nombre de plus en plus considérable d'hommes absolument éprouvés, sur lesquels elle puisse compter, et de provoquer, dans plusieurs districts, la fondation de nouvelles sociétés. II a été formé 8 nouvelles associations, et l'on espère en voir naître encore. Le nombre des sociétés filiales en Bavière est actuellement de 158.

Le Bulletin que l'Association congolaise et africaine de la Croix-Rouge fait paraître à Bruxelles, et dans lequel sont publiés les comptes rendus des séances de son Comité directeur, nous montre que cette société, bien qu'elle n'ait pas encore eu l'occasion de porter secours aux victimes de la guerre, s'efforce cependant de remplir utilement sa mission pacifique dans les contrées qu'elle a choisies pour y déployer son activité.

La Société de la Croix-Rouge française a tenu, le 21 juin dernier, l'assemblée générale de ses membres fondateurs, sons la présidence du maréchal de Mac Mahon, qui a présenté, sur les travaux de la Société pendant l'année 1890, un rapport dans lequel nous puisons les renseignements qui suivent.

Le Comité chargé de préparer la participation du Danemark au Congrès international d'hygiéne, qui a eu lieu cette année à Londres, avait résolu de faire rédiger, en anglais, un compte rendu de tout ce qui concerne le système hygiénique du pays. Sur la demande de ce Comité, il lui a été remis un apercu de l'hisloire de la Société danoise de la Croix-Ronge, qui sera inséré dans le rapport.

A la suite des événements tragiques dont la ville de Buenos-Aires a été le théâtre l'été dernier et dont nous avons rendu compte, la Société argentine de la Croix-Rouge, qui s'y est distinguée, a compris, ainsi que nous en exprimions alors l'espoir, qu'elle devait continuer à déployer son activité, d'une façon soutenue, en temps de paix. Nous en avions eu un premier indice dans la reconstitution de son Conseil supérieur, et, plus récemment elle en a fourni une nouvelle preuve, en entreprenant la publication d'un Bulletin.

On sait qu'en Autriche une circulaire du ministère de l'intérieur, en date du 5 mars 1887, réserve, en principe, aux sociétés de la Croix-Rouge le droit de faire usage du nom et de l'emblème de la Croix-Rouge, et subordonne leur emploi par des particuliers, commerçants et industriels, à l'autorisation spéciale des autorités civiles, laquelle n'est donnée que sur le préavis de la Société autrichienne de la Croix-Rouge ou de la Société patriotique intéressée.

Un projet de loi tendant à reconnaître officiellement la Société de la Croix-Rouge belge et à lui accorder la personnalité civile, en l'assimilant aux sociétés de secours mutuels, était soumis depuis trois ans à la Chambre des représentants de Belgique. Nous avons publié en son temps le texte de ce projet, ainsi que l'exposé des motifs à l'appui présenté par le gouvernement. L'assemblée générale de la Société belge, après l'avoir examiné et discuté, s'était déclarée en désaccord avec quelques-unes des dispositions qu'il renfermait et avait présenté des observations à ce sujet.

Comme le Conseil central, une grande partie des Comités de province s'attachent à répandre les principes de l'hygiène hospitalière, l'art des pansements et des premiers soins. Sont à citer parmi les meilleurs exemples, d'après les derniers renseignements communiqués au Conseil:

Les conférences de Sedan: M. le Dr Jaillot a continué son cours d'hygiène; M. le Dr Peltier a traité des blessures de guerre, de la théorie et de la pratique des bandages et des appareils; M. le Dr Collin, de la prophylaxie des maladies contagieuses. Ce mouvement d'enseignement se lie à tout un plan d'organisation préparatoire, qui permettrait an Comité de Sedan d'hospitaliser, dès les premiers jours d'une mobilisation, plus de deux cents hommes.

La Société américaine de la Croix-Rouge estime, comme on sait, ne pouvoir trouver un appui sérieux dans la population des Etats-Unis qu'à la condition de déployer une grande activité, pendant la paix, en faveur des victimes de calamités de toutes sortes. Elle en sent tellement l'importauce, qu'elle va spontanément à la recherche de misères exceptionnelles à soulager, sans attendre que l'opinion publique l'y appelle.

Le nombre des membres du Comité départemental de la Gironde s'est accru, en 1889, de 73. Il était, au 30 avril 1890, de 1168.

Comme les années précédentes, toutes les ressources du Comité ont été affectées à l'organisation de ses différents services de guerre; une somme de 2864 fr. 25 centimes a cependant été employée à des allocations aux troupes en garnison dans la Gironde, pour venir en aide à diverses infortunes militaires. Un envoi de vins, conserves, tabac, etc., a, en outre, été fait au Sénégal. Le fonds de guerre du Comité s'élevait, au 30 avril 1890, à la somme de 319, 704 fr. 48 centimes.

Bien que n'ayant pas de faits saillants à signaler pour l'année 1890, le rapport du Comité départemental du Nord est cependant intéressant, en ce qu'il constate les efforts persévérants faits par ce Comité pour se tenir prêt à toute éventualité et pour employer utilement ses ressources. Des secours continuent à être remis aux victimes de la guerre de 1870–1871, qui, si elles sont moins nombreuses, n'en sont que plus à plaindre, l'âge venant aggraver leur douloureuse situation. Des soldats de l'armée coloniale, en congé de convalescence on de réforme, au nombre de 75, ont reçu du Comité lillois des secours s'élevant à la somme de 1,300 francs.

Le Comité a continué de donner aux blessés des guerres passées ses secours habituels. Il a assisté 121 victimes de la guerre, au lieu de 133 qu'il avait secourues l'an dernier. Une somme de 5,336 fr. a été distribuée en secours, dans laquelle figurent environ 400 fr. donnés à des blessés ou à des malades revenant du Tonkin.

Article premier — L'association belge de secours aux militaires blessés ou malades en temps de guerre a pour objet:

1° En temps de guerre, de prêter son aide au service de santé militaire et de concourir au soulagement de toutes les victimes de la guerre;

2° En temps de paix, de créer et d'organiser les ressources nécessaires à l'accomplissement de son œuvre en temps de guerre. Dans ce but, elle forme des corps de médecins et d'infirmiers volontaires, se pourvoit de matériel d'ambulance, d'instruments de chirurgie, etc., en tenant compte des propositions du délégué du département de la guerre. Elle peut utiliser les moyens dd secours dont elle dispose pour venir en aide aux victimes d'une catastrophe ou d'une calamité publique et pour faciliter à d'autres sociétés similaires, suivant les principes de la Convention de Genève, l'accomplissement de leur mission.

Le ministère de la guerre avait chargé une commission de rechercher et d'étudier, à l'Exposition universelle de 1889, les produits, les appareils et généralement tous les objets pouvant intéresser l'armée. Un des volumes de la collection des rapports dans lesquels sont consignés les résultats des travaux de cette commission est consacré au service sanitaire et renferme le rapport présenté par la sous-commission qui s'est occupée spécialement de cet objet.

Le septième Bulletin de la Société italienne, publié au mois de décembre 1890, nous a apporté d'excellentes nouvelles de cette association. Nous n'en avons pas été surpris, car il en est de même chaque année à pareille époque, surtout depuis que cette branche de la Croix-Rouge est placée sous la vigilante et habile direction de M. le comte Della Somaglia. Cet excellent président a été confirmé dernièrement, par le Roi, dans ses fonctions pour une seconde période de trois années et nous l'avons appris avec une vive satisfaction.

Nos lecteurs n'ignorent pas que l'activité maritime à déployer par les sociétés de la Croix-Rouge est actuellement à l'étude dans leur sein. La conférence internationale de Carlsruhe a pris cette question tràs à cœur, en 1887, et a résolu de l'inscrire au programme de la conférence suivante, qui, si ses vœux se réalisent, se tiendra en 1892. Dans l'intervalle de ces deux réunions, chaque société nationale doit se préparer à la discussion. Le Comité international, expressément chargé d'y veiller, a adressé, le 18 juin 1888, une circulaire à tous les comités centraux, pour les mettre en demeure de s'acquitter de ce devoir et de lui communiquer ensuite leur opinion sur la meilleure manière de résoudre le difficile problème soumis à leur examen. Leurs réponses, coordonnées par le Comité international, fera de la part de ce dernier l'objet d'un rapport général, qui sera communiqué en temps utile à tous les comités centraux, avant la conférence projetée. Les délégués arriveront ainsi à cette réunion bien préparés pour une discussion fructueuse.

L'Assemblée générale du Comité des Dames du département du Rhône a été convoquée le 14 février 1891, dans une des salles du palais archiépiscopal de Lyon. La séance a eu lieu sous la présidence de S. Em. le cardinal Foulon.

Mme W. Pascal-Estienne, secrétaire du Comité, présento le compte rendu pour l'année 1890. Elle résume rapidement les opérations qui, dans l'exercice écoulé, ont mar jué l'activité de la Société considérée dans son ensemble.

Les expériences commencées il y a quelques années sur la ligne de l'Ouest, au sujet du transport des blessés par les chemins de fer, sont poursuivies de manière à faire espérer de notables améliorations dans ce mode de transport. Le 28 juillet dernier, un train sanitaire spécial a fait le parcours entre Paris et Dieppe, dans le but de faire l'essai de divers systèmes de suspension et de support pour les couchettes et les brancards des blessés. Ce que l'on cherche actuellement, c'est d'installer, dans les wagons de marchandises, des appareils permettant de coucher d'une manière aussi confortable que possible les blessés, en atténuant, sinon en suppritmant les trépidations et les cahotements causés par la marche des trains.