Les méthodes exposées dans cette contribution ne sont pas sans doute les seules qui permettent de traiter les problèmes démographiques d'une population ancienne. Tôt ou tard, déjà peut-être, la collaboration des informaticiens, des historiens, des démographes peut aboutir à des résultats par d'autres voies en utilisant des ordinateurs et des programmes différents ou des procédures d'entrée plus expéditives pour les données. A cet égard, les travaux de R. S. Schofield comme de M. Couturier sont suggestifs . Nous présentons simplement une démarche possible; elle a donné des résultats satisfaisants. Le programme des opérations est stocké au Laboratoire d'Informatique de l'Université de Toulouse, il est consultable. Il est vrai que les difficultés posées par nos sources n'étaient pas aussi massives que celles des chercheurs britanniques ; E. A. Wrigley le soulignait récemment encore à Princeton.

C'est depuis 1837 que l'État se charge en Angleterre de relever l'état civil et de faire l'analyse des phénomènes démographiques. Le bureau de l'enregistrement (Registrar General) publie tous les ans le compte rendu des baptêmes, mariages et décès (Annual Report of Births, Deaths and Marriages) et diffuse périodiquement des recensements. Avant 1837, les cérémonies de baptêmes, mariages et sépultures étaient notées par les prêtres dans les registres paroissiaux. Cet enregistrement commence en Angleterre au milieu du XVIe siècle. Dans de nombreux villages il se poursuit sans discontinuité. Cette série de documents, continue sur trois siècles, n'a cependant jamais été globalement analysée : il n'y a pas de comparaisons possibles à l'heure actuelle avec les publications postérieures à 1838 et concernant la période moderne.

Ce n'est pas de l'ordinateur que viendra le miracle, mais du chercheur luimême. L'essor de la démographie historique a diffusé largement la méthode de reconstitution des familles mise au point par Louis Henry dès 1956 à partir des registres paroissiaux. On ne compte plus à l'heure actuelle les monographies de villages qui viennent enrichir nos connaissances des populations anciennes. Dans certains pays il est possible de remonter plus haut que le XVIIe siècle. C'est la plongée générale dans les registres d'état civil, l'enregistrement religieux, les listes nominatives. Recherches individuelles ou recherches collectives. Il reste que la méthode manuelle de reconstitution des familles, si elle est maintenant bien connue, ne permet pas au chercheur doté de moyens artisanaux de s'attaquer aux grandes unités, c'est-à-dire aux villes, assez méconnues.

L'ascension phénoménale du Japon au troisième rang des grandes puissances, le contraste remarquable qui existe entre un pays inhospitalier (que visite la quasitotalité des cataclysmes naturels connus) où la superficie cultivée couvre seulement huit millions d'hectares (soit à peu près le bassin aquitain) et l'aspect grandiose de cette réussite constitue pour le géographe une leçon probablement unique dans le monde actuel et que seule l'Angleterre du xixe siècle rappelle dans le passé. Encore celle-ci s'appuyait-elle sur le plus vaste empire colonial du globe alors que le Japon a réalisé cet effort une fois chassé de ses anciennes possessions.

Les institutions familiales décrites par l'ethnologue ou l'historien peuvent-elles être considérées comme autant de solutions possibles à quelque problème commun? Sans doute, le vocabulaire de la psychologie est-il trop général, trop réducteur, trop pauvre, pour suffire à rendre compte des particularités culturelles ou institutionnelles, mais il peut néanmoins servir à dissoudre l'exotisme dans ce que Montaigne appelait l'humaine condition.

Les leçons qu'à ce propos on peut tirer de la clinique psychanalytique semblent se situer à mi-chemin entre l'ethologie animale et l'ethnologie.

Chaque espèce vivante a sa façon propre d'associer les sexes et les générations : certaines ont des couples monogames, saisonniers ou stables; d'autres ont des harems polygames, et il n'est pas rare que, dans les troupeaux, un patriarche, suivant le vieux mythe freudien, accapare toutes les femelles en réduisant les jeunes mâles à la stérilité.