Observateurs, essayistes, historiens s'accordent volontiers pour discerner, dans le catholicisme contemporain, l'affrontement de deux écoles de pensée et de deux traditions : intransigeants et libéraux, conservateurs et progressistes, droite et gauche, les seconds soucieux d'une adaptation de l'Église au monde moderne, les premiers hostiles à toute transformation. Les journalistes qui, voici quelques années, décrivirent les débats conciliaires, firent leur ce schéma d'interprétation, pour lequel les répondants historiques ne leur manquaient pas. De fait, une telle représentation renferme une bonne part de vérité. Il suffit pour s'en convaincre de songer à l'intensité des conflits qui depuis plus d'un siècle ont pu opposer deux traditions spirituelles. Veuillot et Montalembert, l'Action Française et le Sillon, l'Aube et l'Écho de Paris, Témoignage chrétien et la France catholique, ces couples antagonistes symbolisent, jusqu'à notre temps, un affrontement qui, bien au-delà du politique et du social, renvoie à des mentalités et à des psychologies, à des spiritualités et à des théologies singulièrement différentes.