« Les Juifs sont hommes. Si on les considère comme tels, pourquoi les laisser plus longtemps dans l'esclavage et l'humiliation, pourquoi ne pas arracher cette dernière racine de persécution, ce dernier rejeton d'erreurs, fruit des siècles d'ignorance et de barbarie ? »
Procureur de la Commission des Péages. Aaût 1783, « Réflexions de M. le Procureur Général » sur le péage corporel des Juifs, adressées au « Contrôleur Général des Finances ».
Sous l'ancien régime, les péages, droits seigneuriaux, se prélèvent sur le bétail et les marchandises, au passage sur les terres des seigneurs. Les sommes recueillies doivent servir à l'entretien des routes et des ponts. Au début du xviiie siècle, 5 688 péages subsistent encore en France. Mais le bétail et les marchandises ne sont pas seuls à être taxés. Jusqu'à la veille de la Révolution française, un péage corporel est imposé aux Juifs en Basse-Alsace, à l'entrée de la province et aux portes de la ville de Strasbourg. Le péage corporel assimile, en fait, l'homme à l'animal. « Juden- Leibzoll », péage corporel des Juifs, telle est la dénomination officielle de ce péage en Alsace.
Dès le xve siècle, une lutte a été engagée contre les péages exigés sans titres. Les marchands qui commercent dans les ports de la Loire, les premiers, dénoncent ces abus. Leurs représentations sont couronnées de succès.