L'article que voici est le premier que propose un jeune chercheur qui a déjà consacré de nombreuses années au problème, presque inconnu, de la marine royale et des constructions navales au temps de Louis XIV. De la construction des navires, il est passé aux fournisseurs des matériaux de construction. Il s'est immédiatement trouvé confronté au monde trop connu et surtout trop mal connu des financiers, partisans, fermiers et autres hommes d'argent du « grand règne ». Pour mieux les approcher, il a découvert, redécouvert et rassemblé les papiers de l'étonnante Chambre de Justice de 1661. D'où ce qui suit.
A travers le sérieux, la modestie et le considérable appareil qu'on va découvrir, j'ai cru qu'il me fallait signaler qu'apparaissait une conception très neuve de la haute société et de l'État d'Ancien Régime. Elle permet de renvoyer au dictionnaire des idées reçues ou au cimetière des catéchismes la scolaire discussion sur société d'ordres et société de classes. Elle montre que les partisans sont presque tous à la fois nobles et officiers de finance, et que, à leurs côtés, c'est la grande noblesse, de Cour, d'épée, de robe, de gouvernement, d'Église, qui prête ses écus au Roi, et participe au premier chef au pillage général de la richesse du royaume. Que des chanceliers, des ministres et même de grands capitaines comme Turenne aient été des partisans, et que presque tous aient appartenu au clan le plus étroitement dévot du royaume, voilà qui pourra étonner, mais non plus être contesté
C'est par l'étude de ces hommes d'argent pieux, richissimes et nobles, indispensables à l'État, acceptés par lui, installés même dans son sein, qu'on arrivera à mieux comprendre le monde du XVIIe siècle, et non plus par des querelles de scholastiques ou d'étiquettes.