Dans les sociétés urbaines cisalpines, contrairement au monde méditerranéen, le mariage comme pratique sociale et comme objet de discours théologique et didactique est régi par des représentations d’égalité et de réciprocité. De ces discours, qui recourent à l’idée du mariage paradisiaque développée dans l’Antiquité tardive, traite la première partie de cet article, tandis qu’une série de contrats de mariage, en particulier ceux conservés dans les archives municipales de Strasbourg (chambre des contrats), est soumis à une analyse détaillée dans la seconde partie. L’analyse des contrats de mariage révèle que pratique sociale et discours didactique sont indissolublement liés l’un à l’autre, voire que les représentations d’égalité et de réciprocité mentionnées ci-dessus sont autant des idées que des pratiques ancrées, en fin de compte, dans un droit successoral qui ne privilégie personne, traitant fils et fille d’une manière égale.