Article contents
Philologie et racisme
À propos de l’historicité dans les sciences des langues et des textes
Published online by Cambridge University Press: 20 January 2017
Résumé
Le tournant philologique dans les sciences des textes est ancré dans la critique de la théorie littéraire et la recherche de l’objectivité dans la compréhension des écrits. Mais si l’idée de se concentrer sur la structure immanente des textes a été à l’origine de la philologie moderne, les problèmes du sens et de la traduction ont produit un surplus au cours du XIXe siècle qui peut être décrit en termes d’herméneutique culturelle. Ainsi la philologie historique a considérablement élargi sa pratique pour inclure la dimension culturelle. Edward Saïd et ses disciples en ont exploré les implications en lien avec la constitution d’une hégémonie discursive européenne. Pour que le retour à la philologie ne devienne pas l’expression nostalgique du regret du déclin d’une science classique, il faut prendre ce passé en compte. Les analyses qui ont abordé ce problème ont été principalement inspirées de l’expérience d’un échec civilisationnel et ont construit un modèle de production discursive du pouvoir. Mais comment la philologie peut-elle esquisser des perspectives nouvelles dans les débats contemporains si elle néglige l’hétérogénéité de son propre discours historique? Cet article entreprend donc d’identifier et d’analyser les traces de résistance contre le modèle culturel impérial de la philologie historique.
Abstract
The philological turn in textual scholarship is rooted in the critique of literary theory and the search for objectivity in the understanding of texts. But if the idea of focussing on the immanent structures of texts has been at the origins of modern philology, problems of meaning and translation produced a surplus during the course of the 19th century that can be described in terms of cultural hermeneutics. Thus historical philology emphatically widened its praxis towards cultural understanding. Edward W. Saïd and followers have explored the implications of this in relation to the constituting of European discursive hegemony. If the return to philology is not to be the nostalgic expression of regret at the ongoing decline of classical scholarship, it must take this past into account. Analyses that have focussed on the problem have been driven primarily by the experience of civilizational failure and have elaborated a model of the discursive production of power. But how can philology possibly develop perspectives about its status and praxis within contemporary debates if it continues to neglect the heterogeneity within its own historical discourse? The article sets out to identify and analyze traces of resistance against the imperial cultural model of historical philology.
- Type
- Histoire des savoirs
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012
References
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6 - Le débat auquel il est fait allusion ici porte sur une tradition allemande de l’histoire de la philologie qui a eu une signification majeure pour la structuration des sciences textuelles dans les universités américaines. En raison de l’orientation fortement normative des « Belles-Lettres », la philologie n’a pas en France de statut culturel comparable. Voir à ce sujet Werner, Michael, « Le moment philologique des sciences historiques allemandes », in Boutier, J., Passeron, J.-C. et Revel, J. (dir.), Qu’est-ce qu’une discipline?, Paris, Éd. de l’EHESS, 2006, p. 171–192 Google Scholar. Dans le sens d’une pratique du savoir en tant que « theory of textuality as well as the history of textualized meaning » selon Pollock, Sheldon, « Future philology? The fate of a soft science in a hard world », Critical Inquiry, 35, 2009, p. 931–961, ici p. 934CrossRefGoogle Scholar, la philologie a naturellement, en France aussi, une signification méthodologique, même si c’est peut-être plus en dehors des domaines dits « centraux », par exemple dans les philologies dites des minorités (Occitan, Breton, etc.) et dans l’orientalisme. Ceux-ci se distinguent de la critique littéraire classique surtout par la combinaison de la recherche sur la langue et les textes avec une exigence herméneutique culturelle.
7 - Voir Harpham, G. G., « Roots, races and the return to philology », art. cit., p. 34–41 Google Scholar.
8 - John Coetzee ayant présenté son discours de Munich sous la forme d’une parabole, il est difficile d’en restituer le sens général par des citations; nous proposons néanmoins ici quelques extraits de son récit à titre d’exemple: « For decades those same ex public schoolboys, with their romantic ideas of Greek antiquity, administered Zululand on behalf of the Crown. They wanted Zululand to be Sparta. They wanted the Zulus to be Greeks. So to Joseph and his father and his grandfather the Greeks aren't remote foreign people at all. They were offered the Greeks, by their new rulers, as a model of the kind of people they ought to be and could be. They were offered the Greeks and they rejected them. […] Come to our schools, they said, and we will teach you to be as gods. In our schools you will learn reason and the sciences that flow from reason, so that you can master the world. Master disease too, and the corruption of the flesh. We will teach you to live forever. Well, the Zulus knew better »: Coetzee, John M., The humanities in Africa, Munich, Carl-Friedrich-von-Siemens-Stiftung, 2001, p. 78–79 Google ScholarPubMed.
9 - Voir aussi Harpham, G. G., « Roots, races and the return to philology », art. cit., p. 41–50 Google Scholar.
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13 - Voir Harpham, G. G., « Roots, races and the return to philology », art. cit., p. 54 sq Google Scholar.
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22 - Ibid., p. 57-68.
23 - Ibid., p. 63.
24 - Ibid., p. 68-70.
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31 - Voir à ce sujet l’analyse fondamentale de l’histoire idéologique par Olender, Maurice, Les langues du Paradis. Aryens et sémites: un couple providentiel, Paris, Gallimard/Le Seuil, 1989 Google Scholar.
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41 - Messling, M., Pariser Orientlektüren…, op. cit., p. 243–250 Google Scholar.
42 - En ce qui concerne Humboldt, il semble que la pensée national-socialiste désespère de pouvoir l’inclure dans une tradition de la pensée raciale sans prendre le risque d’altérer son propos, comme on le voit par exemple dans les travaux, fortement emprunts de raisonnement « völkisch », de Wilhelm Grau et Karl Ludwig Schemann. Voir à ce sujet Markus MESSLING, «L’Homme? Destruktion des Menschen in der Humboldt- Rezeption bei Gobineau », in Tintemann, U. et Trabant, J. (dir.), Individualität und Universalität bei Wilhelm von Humboldt, Munich, Fink, 2011, sous presseGoogle Scholar.
43 - Trabant, J., Mithridates im Paradies…, op. cit., p. 251–252 Google Scholar, a lui aussi souligné que « Foucault [exagère] le caractère sonore de la langue dans la linguistique historique (par rapport au caractère [Wesen] cognitif-représentatif de la langue dans le penser linguistique philosophique classique), afin de mettre en scène dramatiquement la rupture épistémique supposée ».
44 - La structure de la pensée de l’Aufklärung comme pensée supra-historique (superhistorical) est décrite par White, Hayden, Tropics of discourse: Essays in cultural criticism, Baltimore/Londres, Johns Hopkins University Press, [1978] 1985, p. 161 sq Google Scholar.
45 - Voir surtout Foucault, M., Les mots et les choses, op. cit.; Id., L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969 Google Scholar; Id., L’ordre du discours. Leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 2 décembre 1970, Paris, Gallimard, 1971.
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49 - À propos du concept de pouvoir de M. Foucault dans la dialectique de la logique évolutionniste à l’intérieur de l’espace sociétal et l’écart historique de l’individuel, on se reportera à la brillante analyse sur l’étude des rapports de forces déterminant l’évolution chez Foucault, M. et Sarasin, Darwin de Philipp, Darwin und Foucault. Genealogie und Geschichte im Zeitalter der Biologie, Francfort/Main, Suhrkamp, 2009, p. 211–221 Google Scholar.
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51 - Voir en particulier Foucault, Michel, L’herméneutique du sujet. Cours au Collège de France (1981-1982), éd. établie sous la dir. de Ewald, F. et Fontana, A. par Gros, F., Paris, Gallimard/Le Seuil, 2001 Google Scholar; Id., Le gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France (1982-1983), éd. établie sous la dir. de F. Ewald et A. Fontana par F. Gros, Paris, Gallimard/Le Seuil, 2008; Id., Le courage de la vérité. Cours au Collège de France (1983- 1984), éd. établie sous la dir. de F. Ewald et A. Fontana par F. Gros, Paris, Gallimard/ Le Seuil, 2009.
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53 - Les prémisses et processus retenus dans la sélection d’éléments de discours de M. Foucault n’ont cessé d’être rudement critiqués. Voir par exemple Foucault, Michel, « Nietzsche, Freud, Marx », Dits et écrits 1954-1988, op. cit., t. I, p. 592–607, ici p. 603Google Scholar, et le débat qui suivit le cours sur « Nietzsche, Freud, Marx » en 1967, à qui le philosophe français attribue les « techniques d’interprétation » modernes, et en particulier la critique de Jacob Taubes qui a renforcé l’importance de l’exégèse de la Bible et de la philosophie hégélienne contre la représentation de l’herméneutique du XIXe siècle de M. Foucault.
54 - Foucault, Michel, « Réponse à une question », Dits et écrits 1954-1988, op. cit., t. I, 1954-1975, p. 701–723, ici p. 723Google Scholar.
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56 - E. W.SAID, Orientalism…, op. cit.
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59 - Dans ses derniers cours, tenus au Japon et récemment publiés, Claude Lévi-Strauss a conclu à ce propos que ce seraient les formes culturelles de la différence qui auraient durablement marqué ce que l’on tient pour la différence corporelle, en sélectionnant et renforçant certaines aptitudes génétiques qui agiraient rétrospectivement. Il y aurait par conséquent une relation entre l’anthropologie sociale et génétique. Mais les formes culturelles étant soumises à une fulgurante transformation, ou du moins pouvant l’être, toute idée de fixation causale entre la marque génétique et les formes de vie ne saurait tenir. Lévi-Strauss, Claude, L’anthropologie face aux problèmes du monde moderne, éd. par Olender, M., Paris, Le Seuil, 2011, p. 115–122 Google Scholar.
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61 - von Schlegel, F., Über die Sprache und Weisheit der Indier, op. cit., p. 63–66 Google Scholar.
62 - La critique n’a pas ménagé E. Saïd en retour; pour un résumé d’ensemble, voir Macfie, Alexander L. (dir.), Orientalism: A reader, Le Caire, The American University in Cairo Press, 2000 Google Scholar, ainsi que Maria do Mar Varela, Castro et Dhawan, Nikita, Postkoloniale Theorie. Eine kritische Einführung, Bielefeld, Transcript, 2005, p. 37–49 Google Scholar.
63 - Pour l’édification de l’hégémonie culturelle « de l’Ouest », précisément produite par les milieux scientifiques éclairés, E. Saïd a attribué une importance considérable aux penseurs germanophones qui, au début, n’étaient pas directement impliqués dans le colonialisme: « Yet what German Orientalism had in common with Anglo-French and later American Orientalism was a kind of intellectual authority over the Orient within Western culture. This authority must in large part be the subject of any description of Orientalism […] » ( Said, E. W., Orientalism…, op. cit., p. 19 Google Scholar). Il est naturellement d’autant plus étonnant qu’E. Saïd ait ensuite largement épargné les penseurs allemands dans son analyse.
64 - Quant à la question de la multiplicité du matériau et des objets commentés par Antonio Gramsci, voir Bochmann, Klaus, « Sprache als Kultur und Weltanschauung. Zur Sprachauffassung Antonio Gramscis », in Gramsci, A., Notizen zur Sprache und Kultur, éd. par Bochmann, K., Leipzig/Weimar, Kiepenheuer, 1984, p. 5–39, ici p. 22 sq Google Scholar.
65 - Said, E. W., Orientalism…, op. cit., p. 23 Google Scholar: « Yet unlike Michel Foucault, to whose work I am greatly indebted, I do believe in the determining imprint of individual writers upon the otherwise anonymous collective body of texts constituting a discursive formation like Orientalism. The unity of the large ensemble of texts I analyze is due in part to the fact that they frequently refer to each other: Orientalism is after all a system for citing works and authors. » Voir aussi Said, E. W., « Crossing the line », Asien- Afrika-Lateinamerika, 25, 1997, p. 405–416, ici p. 412 sq.Google Scholar, où celui-ci prend aussi position quant à l’importance d’Antonio Gramsci dans sa pensée.
66 - Jürgen Trabant n’a cessé de s’insurger contre ces modes de lecture indifférenciés des penseurs européens, Herder et Humboldt notamment; voir Trabant, J., Traditionen Humboldts…, op. cit., p. 235–241 et Id Google Scholar., Mithridates im Paradies…, op. cit., p. 162-165. Voir aussi la critique fondamentale au procédé d’E. Saïd chez Daniel Varisco, Martin, Reading Orientalism: Said and the unsaid, Seattle, University of Washington Press, 2007, p. 40–62 Google Scholar.
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84 - Foucault, Michel, « Le discours ne doit pas être pris comme… », Dits et écrits 1954-1988, op. cit., vol. II, p. 123–124, ici p. 123.Google Scholar
86 - Cela s’explique notamment par le fait que la philologie – du moins en Allemagne –, depuis son émergence au début du XIXe siècle, est liée à la question philosophique de la compréhension, c’est-à-dire à une herméneutique générale; la compréhension du texte et du monde relèvent des mêmes conditions gnoséologiques. Voir à ce sujet Michael WERNER, « À propos de la notion de philologie moderne. Problèmes de définition dans l’espace franco-allemand », in Espagne, M. et Werner, M. (dir.), Contribution à l’histoire des disciplines littéraires en France et en Allemagne au XIXe siècle, Paris, Éd. de la MSH, 1990, p. 11–21, ici p. 16-17.Google Scholar
87 - Cela vaut jusque bien au-delà de la moitié du siècle. Toutefois les implications et l’ampleur ne sont pas les mêmes pour l’Allemagne et dans d’autres sociétés européennes comme la France, l’Italie ou la Scandinavie. Dans la deuxième moitié du siècle, le rôle des sciences naturelles ne fait que croître et avec lui la différenciation des sciences modernes de la civilisation (histoire, ethnologie, droit, géographie, sciences sociales, etc.), qui va résolument à l’encontre du dessein globalisant de la philologie à devenir la « science des textes » et la « science de la culture ». Voir M.Werner, « À propos… », art. cit., p. 19.
88 - Voir Mangold, S., Eine « weltbürgerliche Wissenschaft »…, op. cit., p. 78–91.Google Scholar
89 - Ceci est démontré dans le Beschaffungsprogramm scientifique de W. von Humboldt; voir Mueller-Vollmer, Kurt, Wilhelm von Humboldts Sprachwissenschaft. Ein kommentiertes Verzeichnis des sprachwissenschaftlichen Nachlasses, Paderborn/Munich/Vienne/Zurich, Schöningh, 1993, p. 60–63 Google Scholar; Id., «Humboldts linguistisches Beschaffungsprogramm: Logistik und Theorie », in Zimmermann, K., Trabant, J. et Mueller-Vollmer, K. (dir.), Wilhelm von Humboldt und die amerikanischen Sprachen, Paderborn/Munich/Vienne/ Zurich, Schöningh, 1994, p. 27–42.Google Scholar
90 - L’intégration des cultures et des techniques culturelles regardées comme rétrogrades dans la « pensée supra-historique » de l’Aufklärung relève toutefois plutôt de la théorie que de la politique, le respect philosophique au frère humain sous-développé (les soeurs n’ayant ici encore aucune place) s’accompagnant rapidement d’un universalisme totalitaire, qui apparaît sous la forme d’une conscience missionnaire nationaliste. Avant l’impérialisme napoléonien encore, le meilleur exemple en est la répression totalitaire sous prétexte universaliste de la multiplicité culturelle linguistique en France pendant la Révolution de 1789. Voir à ce propos Jürgen Trabant, « Die Sprache der Freiheit und ihrer Feinde », Zeitschrift für Literaturwissenschaft und Linguistik, 41, 1981, p. 70-89.
91 - Jean-Pierre Abel-Rémusat, « Discours sur le génie et les moeurs des peuples orientaux », in Lajard, F. (éd.), Mélanges posthumes d’histoire et de littérature orientales, Paris, Impr. royale, 1843, p. 221–251 Google Scholar. Ce texte soulève de nombreuses questions quant à sa datation et sa classification: curieusement, les extraits publiés du vivant d’Abel-Rémusat l’ont été de manière anonyme dans le Nouveau Journal Asiatique, 1-6, 1828, p. 27-48, sous le titre « Fragmens d’un ouvrage intitulé Considérations sur les Peuples et les Gouvernemens de l’Asie », avec la mention « traduit du danois ». Les sources des textes commentés dans le Nouveau Journal Asiatique étant par ailleurs toujours fournies, il est permis de penser que la « source » (danoise) avancée n’existait pas, mais que le texte était à ce point considéré comme « explosif » que l’on a préféré en taire la vraie source. Comme l’indique le titre de l’édition de 1843, ce texte n’a paru dans son intégralité dans un recueil de textes qu’après la mort d’Abel-Rémusat. Il n’est alors fait aucune allusion à une traduction et nulle part indiqué qu’il s’agirait du texte d’un tiers. Le texte est attribué à Abel-Rémusat. Les pages du recueil montrent par ailleurs qu’il a pris grand soin de répartir ses textes entre les intitulés « Lettre », « Essai », « Observations », etc., si bien que la mention « Discours sur le génie et les moeurs » permet par ailleurs de conclure qu’il s’est initialement agi d’un exposé. Ceci est confirmé par la répartition retenue dans le sommaire sous le titre « Discours sur la littérature orientale », en « Premier discours », « Deuxième discours », « Troisième discours », propre à la structure d’un cycle de cours (p. 471). Tous les « Discours » mentionnés ont en outre une longueur de 20 à 30 pages chacun, ce qui s’apparente à un volume d’exposés. Ces méticuleuses remarques philologiques ne sont pas vaines puisqu’elles soulignent la pertinence politique au sens large de cet écrit, si l’on présume qu’Abel-Rémusat aurait publiquement exposé ces faits au titre de membre de l’Académie royale des inscriptions et belleslettres, ou comme secrétaire de la Société asiatique. Le manuscrit du traité étant resté introuvable dans les deux archives, aucune information plus précise n’est possible.
92 - On ne sera, par ailleurs, guère étonné de constater que le seul exemplaire de ce recueil de textes, conservé à la Bibliothèque nationale de France, porte la mention « Hors d’usage. Ne pas communiquer », en raison d’une déchirure de la couverture, et qu’il a donc de ce fait été pratiquement soustrait à toute consultation publique. D’autre part, en ce qui concerne les lieux originaux de publication des textes, la commission de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres chargée de l’édition (dont faisait partie Eugène Burnouf) avait déjà noté: « Le volume […], par M. Abel Rémusat, renferme divers écrits qui, pour la plupart, avaient déjà paru du vivant de l’auteur, mais étaient disséminés dans plusieurs recueils littéraires dont quelques-uns sont devenus très-difficiles à trouver. » Voir FélixLajard, «Avertissement », in F.Lajard (éd.), Mélanges posthumes…, op. cit., p. II.
93 - J.-P. Abel-Rémusat, « Discours sur le génie… », art. cit., p. 228-229.
94 - Calvet, Louis-Jean, Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie, Paris, Payot, 1974.Google Scholar
95 - J.-P. Abel-Rémusat, « Discours sur le génie… », art. cit., p. 251-252 (je souligne).
96 - Voir à ce sujet mes études sur la Übersetzungspolitik dans Contes Chinois, éd. par Abel- Rémusat, Paris, Moutardier, 1827: Markus MESSLING, « Representation and power: Jean-Pierre Abel-Rémusat's critical philology », The Journal of Oriental Studies (sous presse); Id., « Text, Darstellung und Ethik: Jean-Pierre Abel-Rémusats kritische Philologie », Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte/Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes (sous presse).
97 - Abel-Rémusat, Jean-Pierre, Essai sur la langue et la littérature chinoises, avec cinq Planches contenant des Textes Chinois, accompagnés de traductions, de remarques et d’un commentaire littéraire et grammatical, suivi de Notes et d’une Table alphabétique des mots chinois, Paris, Treuttel et Wurtz, 1811.Google Scholar
98 - Ibid., p. III-IV.
99 - F. Lajard (éd.), Mélanges posthumes…, op. cit., p. 65.
100 - Abel-Rémusat, J.-P., Mélanges asiatiques, ou Choix de morceaux critiques et de mémoires relatifs aux religions, aux sciences, aux coutumes, à l’histoire et à la géographie des nations orientales, Paris, Dondey-Dupré, 1825-1826, vol. I, p. 153.Google Scholar
101 - Ibid., vol. I, p. 310-326.
102 - Ibid., vol I, p. 311.
103 - Ibid., vol I, p. 321.
104 - Ibid., vol I, p. 318-319.
105 - Du point de vue linguistique théorique, Abel-Rémusat et Humboldt auraient toutefois défendu des argumentations contraires: voir Rousseau, Jean et Thouard, Denis (dir.), Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise. Un débat philosophicogrammatical entre Wilhelm von Humboldt et Jean-Pierre Abel-Rémusat, 1821-1831, Villeneuved’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1999, p. 41–71 Google Scholar, ainsi Messling, que M., Pariser Orientlektüren…, op. cit., p. 190–201, 258-259.Google Scholar
106 - Humboldt accomplit ici une petite performance philologique. Au sujet de ce débat, voir Messling, M., Pariser Orientlektüren…, op. cit., p. 202–225.Google Scholar
107 - Eugène Jacquet, Vincent Stanislas, « Notice sur l’alphabet Yloc ou Ylog », Nouveau Journal Asiatique, 8, 1831, p. 3–19 et p. 20-45.Google Scholar
108 - Ibid., p. 4.
109 - Ibid., p. 4, note 3.
110 - E. V.S. Jacquet, « Notice sur l’alphabet Yloc ou Ylog », art. cit., p. 7: « La réunion de ces dix-sept lettres est nommée dans les dictionnaires Tagala, baybayin (El A.B.C. Tagalo). Il est facile de s’apercevoir que ce mot est de nouvelle formation et qu’il a été imaginé par les Espagnols quand ils se sont occupés de donner des formes régulières à la grammaire et à la lexicographie de cette langue. »
111 - Ibid., p. 8-9: « Les grammaires rédigées par les Espagnols [c’est-à-dire les missionnaires espagnols], omettant l’alphabet de ces langues, devaient, par cela même, négliger les règles orthographiques observées par les naturels quand ils emploient leurs caractères originaux. »
112 - Ibid., p. 9.
113 - Ibid., p. 8.
114 - Leitzmann, Albert et al. (dir.), Wilhelm von Humboldts Gesammelte Schriften, Berlin, Behr & Feddersen, 1903-1936, vol. IV, p. 27.Google Scholar
115 - Ibid., vol. VII, p. 42.
116 - Sur le rapport entre langue et nation dans la pensée de la science issue du romantisme et pour la pensée néo-historique émergente en général, voir Berlin, Isaiah, The roots of romanticism, éd. Hardy, par H., Princeton, Princeton University Press, [1965] 2001, p. 60–61 Google Scholar; Andreas Gardt, « Nation und Sprache in der Zeit der Aufklärung », in Gardt, A. (dir.), Nation und Sprache. Die Diskussion ihres Verhältnisses in Geschichte und Gegenwart, Berlin/New York, De Gruyter, 2000, p. 169–198, ici p. 192-194CrossRefGoogle Scholar; Jochen A. BÄR, « Nation und Sprache in der Sicht romantischer Schriftsteller und Sprachtheoretiker », in Gardt, A. (dir.), Nation und Sprache…, op. cit., p. 199–228, ici p. 209-216Google Scholar; et plus spécifiquement sur la réflexion linguistique de Humboldt: Messling, M., Pariser Orientlektüren…, op. cit., p. 238–250.Google Scholar
117 - E. V.S. Jacquet, « Notice sur l’alphabet Yloc ou Ylog », art. cit., p. 13-14: « On peut bien croire qu’à cette époque, lorsque la critique philologique n’était pas encore venue, on s’attachait plus à des ressemblances illusoires qu’à des différences réelles. Je ne vois pas d’autre explication possible de cette erreur des moines espagnols… »
118 - Ibid., p. 19.
119 - Ibid.
120 - Wilhelm von Humboldt, « Extrait d’une lettre de M. le baron G. de Humboldt à Jacquet, M. E. sur les alphabets de la Polynésie asiatique », Nouveau Journal Asiatique, 9, 1832, p. 484–511.Google Scholar
121 - A. Leitzmann et al. (dir.), Wilhelm von Humboldts Gesammelte Schriften, op. cit., vol. IV, p. 237.
122 - Ibid., p. 238.
123 - Voir K.Mueller-Vollmer, Wilhelm von Humboldts Sprachwissenschaft…, op. cit., p. 68.
124 - Humboldt, Wilhelm, Briefe an Friedrich August Wolf, éd. par P. Mattson, Berlin/New York, De Gruyter, 1990, p. 170 CrossRefGoogle Scholar.
125 - Voir W. von Humboldt, « Extrait d’une lettre… », art. cit., p. 484.
126 - Voir E. V. S. Jacquet, « Notice sur l’alphabet Yloc ou Ylog », art. cit., p. 7-8.
127 - C’est la raison pour laquelle Humboldt, malgré sa critique scientifique, collectionna et étudia systématiquement, comme nul autre confrère de son époque, des encyclopédies et des grammaires des colonies, cette somme de matériaux lui étant tout simplement indispensable pour ses recherches linguistiques: voir K.Mueller-Vollmer, Wilhelm von Humboldts Sprachwissenschaft…, op. cit., p. 60-63, et W. Oesterreicher, « Die Entstehung des Neuen », art. cit., p. 31. La collection de travaux des missionnaires de Humboldt était si célèbre et remarquable que Jacquet, E. V. S., « Avertissement », Nouveau Journal Asiatique, 9, 1832, p. 481-484Google Scholar, écrit: « La collection qu’il a rassemblée des traités grammaticaux et lexicographiques publiés à Manille ou à Mexico par les missionnaires espagnols, est une des plus riches et des plus précieuses qui existent. »
128 - Je dois cette information à Manfred Ringmacher (Wilhelm von Humboldt-Edition, Berlin-Brandenburgische Akademie der Wissenschaften).
129 - W. von Humboldt, « Extrait d’une lettre… », art. cit., p. 489 sq. Voir par exemple le débat sur la question d’une éventuelle influence de l’arabe sur les systèmes d’écriture d’Asie du Sud-Est, dans le contexte duquel Humboldt cherche à comprendre la cause de l’estimation erronée du Père Gaspar.
130 - Ibid., p. 486.
131 - Humboldt, Wilhelm von, Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java, nebst einer Einleitung über die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaues und ihren Einfluß auf die geistige Entwickelung des Menschengeschlechts, Berlin, Königliche Akademie der Wissenschaften, 1836-1839Google Scholar.
132 - Voir Kurt Mueller-Vollmer et Volker Heeschen, « Wilhelm von Humboldts Bedeutung für die Beschreibung der südostasiatisch-pazifischen Sprachen und die Anfänge der Südostasien-Forschung », in Schmitter, P. (dir.), Sprachtheorien der Neuzeit III/2, éd. par L. Roussos, Tübingen, Narr, 2007, p. 430-461Google Scholar, ici p. 438-441.
133 - W. V.Humboldt, Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java…, op. cit., p. XV.
134 - Ibid., p. XVI-XX.
135 - Ibid., p. XV.
136 - Pour le travail poussé de Humboldt sur le chinois, voir Joseph, John E., « A matter of Consequenz. Humboldt, race and the genius of the Chinese language », iHistoriographia Linguistica, 1-2, 1999, p. 89-148CrossRefGoogle Scholar; ainsi que M.Messling: « Wilhelm von Humboldt and the ‘Orient’. On Said's, Edward W. remarks on Humboldt's Orientalist studies », Lan-guage Sciences, 30-5, 2008, p. 482-498Google Scholar.
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- Cited by
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Translation available: Philology and Racism: On Historicity in the Sciences of Language and Text