Loin de se limiter à fournir des informations relatives aux communautés juives de l’Égypte médiévale, les documents dits de la Genizah du Caire contiennent de très nombreuses pièces d’archives de l’administration du califat fatimide (910-1171) lors de sa phase égyptienne (973-1171). Considéré comme l’un des califats les plus puissants de son temps, le fonctionnement de son administration n’était jusqu’à présent connu qu’à travers quelques manuels de chancellerie rédigés au xiie siècle et édités. Ces textes, composés par des administrateurs fatimides, offrent soit des données techniques et très spécifiques qu’il est difficile de généraliser soit une tentative de réforme d’une administration considérée entre les lignes comme sinon défaillante en tout cas amendable. Marina Rustow se propose de comparer les différentes pièces d’archives fatimides retrouvées dans le corpus de la Genizah du Caire avec certains manuels de chancellerie afin d’éclairer les procédures administratives fatimides. Son objectif est de mettre en évidence le caractère moderne et même wébérien, selon ses termes, de l’administration fatimide afin de rompre avec ce qu’elle considère comme une idée reçue, à savoir que les administrations califales médiévales, aux mains de despotes orientaux, n’auraient pas été capables de créer des archives et des procédures standardisées d’administration et d’archivage. Cette approche, en tout point novatrice, permet à l’autrice des conclusions très intéressantes et audacieuses qui doivent toutefois être nuancées.