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Compter l'argent : les Indiens de Tlapa (Mexique)
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Extract
Dans une économie monétarisée, le compte d'argent représente la principale activité arithmétique de la population. Loin d'être passive, celle-ci est le résultat de l'appropriation populaire d'un matériel monétaire produit par l'État : bien qu'à un moment donné la monnaie soit la même pour tous, les différentes catégories socio-professionnelles n'en font pas le même usage et ne comptent même pas de la même façon. Dans le cas du Mexique, on peut se demander en particulier comment les Indiens comptent l'argent, en fonction de la caractéristique de la monnaie du pays, des occasions spécifiques dans lesquelles ils se livrent à des calculs, et enfin des traditions élaborées au cours de cinq siècles de contact avec des cultures européennes.
Summary
In a monetized economy, the counting of money represents the principal arithmetic activity of the population, as well as the popular appropriation of a monetary material produced by the State. In Mexico, a country that has been monetized since the 16th century, current counting techniques are rooted in a distant past; this is why their history may be useful to anthropology. With this in mind, the present study begins by describing the designation of monetary values and the techniques used for counting large sums of money in a contemporary Mexican village. An analysis applying historical references then allows the author to trace the principal stages of the transformations which have led to the current techniques, from the abandonment of the System of subdivision into eighths inherited from the Arabs, to the adoption of the decimal System.
- Type
- La Coutume, la Mémoire et L'État
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1992
References
Notes
* L'intérêt de ce sujet ainsi que les principales références bibliographiques m'ont été suggérés par Jean-Pierre Berthe. Qu'il soit remercié de sa contribution irremplaçable à cet article.
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4. D'après une communication personnelle de J.-P. Berthe.
5. De l'arabe «tamin» : huitième.
6. 11 faut remarquer l'expression matlactomi : les Aztèques ne comptaient pas toutes les choses de la même façon ; des objets ronds comme des pierres se comptaient de la façon suivante : centetl (litt. une pierre) et ainsi de suite. Pour les choses placées les unes sur les autres, on disait : centlamantli, et l'on pourrait continuer ainsi à détailler d'autres cas. L'expression matlactomi signifie que, grammaticalement, tomi tient la place qu'avaient dans nos exemples tetl et tlamentli. Aujourd'hui, cette forme a été abandonnée et l'on dit simplement matlactli tomi.
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9. Fray A. de Molina, op. cit., p. 259.
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11. E. Vigneaux, op. cit., pp. 292-293.
12. Ibid., pp. 292.
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- Cited by