Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
L'histoire des femmes s'est enrichie ces dernières années d'études importantes consacrées à l'Amérique coloniale. A l'intersection d'une histoire sociale et de la tradition déjà illustre des études sur le puritanisme, on voit parfois s'ouvrir la voie d'une analyse plus approfondie et plus fine de l'expérience religieuse féminine. Il ne s'agit plus de mesurer la place accordée aux femmes par une religion et une église dominée par les hommes, mais plutôt de rechercher ce que les femmes reprirent à leur compte de son discours, pour l'utiliser dans un sens créateur, existentiellement valorisant. C'est dans ce courant qu'on voudrait situer l'analyse qui suit de l'expérience spirituelle et humaine de deux femmes de Nouvelle-Angleterre dans la première moitié du xviiie siècle.
Minister's daughters form the intellectual elite amongst devout women in 18th century New England. In this article, the bond of friendship between Esther Edwards Burr and Sarah Prince GUI, daughters of eminent Protestant ministers, is analysed. Careful reading of their writings brings out the way in which their emotional life was directed and inspired by the Protestant religion. These two women were also drawn towards intellectual activity by their deep spirituality. Their quest which was spiritual, sentimental and intellectual, is summed up and exemplified in the friendship they cultivated and theorized upon fervently. By establishing such a bond of friendship, Esther Burr and Sarah Prince thus bear witness to the exceptional nature of their condition as well as to their commitment to the Protestant cause.
Texte d'une communication présenté au Colloque Temps et espace socio-culturels dans l'Amérique préindustrielle, Institut Charles V, Paris, 28-30 mai 1984.
1. Berkin, Carole, Whithin the Conjuror's Circle : Women in Colonial America, Morristown, N. J., 1974 Google Scholar ; Berkin, Carole, Norton, Mary B. éds, Women of America, a History, Boston, 1979 Google Scholar ; Kerber, Linda, Women of the Republic, Intellect and Ideology in Revolutionary America, Chapel Hill, N. C , 1980 Google Scholar ; Kohler, Lyle, A Search for Power, the Weaker Sex in 17th Century New England, Urbana, III., 1980 Google Scholar ; Norton, Mary B., Liberty's Daughters, the Revolutionary Expérience of American Women, 1750-1800,Boston, 1980 Google Scholar ; « The Evolution of White Women's Expérience in Early America », The American Historical Review, vol. 89, n° 3, juin 1984, pp. 593-619 ; « Eighteenth Century American Women in Peace and War : the Case of the Loyalists », William and Mary Quarterly, 3e série, XXXIII, 1976, pp. 386-409 ; « My Resting, Reaping Times : Sarah Osborn's Défense of her “Unfeminine” Activity, 1767 », Signs, II, 1976, pp. 515-529 ; Ulrich, Laurel Thatcher, Good Wives: Images of Women in Northern New England, 1650-1750, New York, 1982.Google Scholar
2. Cowing, Cedric, « Sex and Preaching in the Great Awakening », American Quarterly, XX, 1968, pp. 624–644 Google Scholar ; Mary Maples Dunn, « Saints and Sisters : Congregational and Quaker Women in the Early Colonial Period », American Quarterly, hiver 1978, pp. 582-601 ; Elliott, Emory, Power and the Pulpit in Puritan New England, Princeton, N. J., 1975Google Scholar ; « The Development of the Puritan Funeral Sermon and Elegy, 1660-1750 », Early American Literature, vol. XV, 1980, pp. 150-164 ; Margaret W. Masson, « The Typology of the Female as a Model for the Regenerate : Puritan Preaching, 1690-1730 », Signs, hiver 1976, pp. 304-315 ; Moran, Gerald F., « Religious Renewal, Puritan Tribalism and the Family in 17th Century Connecticut », William and Mary Quarterly, avril 1979, vol. XXXVI, 3e série, n° 2, pp. 237–254 Google Scholar ; « Sisters in Christ, Women and the Church in 17th Century New England », dans Janet Wilson James éd., Women in American Religion, Univ. of Pennsylvania, 1980, pp. 47-65 ; Shiels, Richard, « The Feminization of American Congrégations, 1730-1830 », American Quarterly, vol. XXII, printemps 1981, n° 1, pp. 46–62 Google Scholar ; Ulrich, Laurel Thatcher, « Vertuous Women Found : New England Ministerial Literature 1668-1735 », American Quarterly, vol. XXVIII, n° 1, 1976, pp. 21–40.Google Scholar Cf. Margaret W. Masson, « The Typology of the Female…» ; Hall, David D., The Faithful Shepherd, a History of the New England Ministry in the 17th Century, New York, 1972 Google Scholar, en particulier les derniers chapitres ; Miller, Perry, The New England Mind, from Colony to Province, Cambridge, Mass., 1953 Google Scholar ; Emory Elliott, cf. Power and the Pulpit.
3. Emory Elliott, « The Development of the Puritan Funeral Sermon… » op. cit. ; Laurel Thatcher Ulrich, « Vertuous WomenFound… »op. cit..
4. Gerald F. Moran, « Religious Renewal, Puritan Tribalism… », op. cit. ; également « Sisters in Christ, Women and the Church… », op. cit. Dans les années de Revival, de 1735 jusqu'en 1742 environ, la balance des sexes se rétablit temporairement dans les congrégations grâce à l'augmentation impétueuse des conversions, cf. Cedric Cowing, « Sex and Preaching… » ; cf. Richard Shields, « The Feminization of American Congrégation… ».
5. Mary Maples Dunn, « Saints and Sisters…», op. cit. ; Margaret W. Masson, « The Typology of the Female…” op. cit. ; Laurel Thatcher Ulrich, « Vertuous Women Found…» ; également Good Wives : Images of Women…, surtout au chapitre xii, où l'auteur analyse les rapports entre les femmes et leurs pasteurs.
6. Miller, Perry, « Jonathan Edwards’ Sociology of the Great Awakening », New England Quarterly, XXI, 1948, pp. 66–68 Google Scholar ; Mather, Cotton, Ornaments for the Daughters of Zion, Cambridge, Mass., 1962 Google Scholar ; Tabitha Rediviva, Boston, 1713, pp. 3-6 ; pour le piétisme de Cotton Mather, cf. Middlekauff, Robert, The Mathers : Three Générations of Puritan Intellectuals, 1596-1728, Londres-New York, 1971 Google Scholar ; Lovelace, Richard, The American Pietism ofC. Mather : Origins of American Evangelism, Grand Rapids, Michigan, 1979.Google Scholar
7. Cotton Mather, Ornaments for the Daughters…, op. cit., p. 3.
8. L'analphabétisme fut très répandu parmi les femmes dans les colonies américaines. Il diminua seulement vers la fin du xviiie siècle, cf. Kenneth A. Lockridge, Literacy Modem in Colonial New England, an Enquiry into the Social Context of Literacy in Early M. West, New York, 1974 ; page 15 l'auteur affirme que 60 % des hommes pouvaient lire couramment, moins de 60 % pouvaient écrire, 20 % étaient des semi-analphabètes, 20 % étaient des analphabètes : moins de 50 % des femmes pouvaient écrire leur nom. Page 146 il analyse les processus éducatifs : selon un modèle vraisemblable, 33 % des enfants — garçons et filles — auraient été éduqués à la maison par leur mère, tandis qu'un nombre croissant de garçons au-dessus de ces 33 % auraient été éduqués dans des écoles publiques. Lockridge avance l'hypothèse qu'au xviiie siècle les garçons auraient eu une incitation plus forte envers l'éducation alors qu'elle demeura constamment faible pour les filles, ce qui, selon lui, laisse ouvert et irrésolu le problème de la discrimination scolaire réelle. Pour une critique au travail de Lockridge, cf. Beales, R. W., « Studying Literacy at the Community Level : a Research Note », Journal of Interdisciplinary History, 9, 1978, pp. 93– 102.CrossRefGoogle Scholar Voir aussi Linda Awers, « Reading the Marks of the Past : Exploring Female Literacy in Colonial Windsor, Connecticut », Historical Methods, 13, 4, 1980, pp. 204-214 ; William L. Joyce, David D. Hall, Richard D. Brown, et alii, éditeurs, Printing and Society in Early America, AAS Worcester, Mass., 1984, dans Mary B. Norton, Liberty's Daugthers, op. cit., et Linda Kerber, Women of the Republic, op. cit.
9. Sur l'écriture comme devoir dévotionnel, Hambrick-Stowe, Charles, The Practice ofPiety, Puritan Devotional Disciplines in Seventeenth Century New England, Chapel Hill, 1982.Google Scholar Prince, Thomas, A Sermon Occasioned by the Decease of Mrs Deborah Prince, Boston, 1744, pp. 24–25 Google Scholar ; Thomas Prince décrit d'une façon éloquente les états de créativité et de désespoir de sa fille : « In her lively and pleasant Frames she wrote down her happy ideas, and they were her choicest writings ; but afterwards in a Time of Decay she burnt them. And the Reason she gave to an intimate Companion and one of the Female Society to which she join'd […] was because, in case she should be suddenly taken away, her Friends would think Her to be as good as thèse writings represented. » Les raisons que Deborah avait avancées pour justifier son geste se prêtent à une analyse et à des hypothèses qu'on ne peut développer ici par manque d'espace. Il suffit de signaler, toutefois, que parmi les femmes dévotes de cette époque la destruction, totale ou partielle, de leurs écrits était apparemment un fait courant. Ainsi Abigail Waters brûla ses écrits — copieux — dans un moment de dépression spirituelle — spiritual darkness and melancholy —. Cette destruction rendit la tâche difficile à son biographe Joshua Huntington, lequel, pour justifier la rareté des documents relatifs à Abigail Waters, affirme que l'échange épistolaire était beaucoup moins pratiqué dans la première moitié du siècle qu'à la fin, cf. Huntington, J., Memoirs of the Life of Mrs Abigail Waters, Boston, 1817, pp. 24–25.Google Scholar Susanna Anthony tint un journal spirituel jusqu'à l'âge de quarantetrois ans ; par la suite elle écrivit peu et, elle aussi, prit soin de détruire en partie ses écrits ; certains purent cependant être examinés par son éditeur. Cf. Hopkins, Samuel, Life and Character ofMiss Susanna Anthony, Portland, Maine, 1810, lre édition, 1796, p. 70.Google Scholar Sarah Osborn, au contraire, écrivit abondamment et sereinement tout au long de sa vie, près de 50 volumes et ne se soucia pas de détruire ses écrits. Lorsqu'elle ne fut plus en condition ni de lire ni d'écrire, elle improvisait des vers religieux, que ses amis et visiteurs recopiaient soigneusement, ou récitait des passages entiers des Écritures qu'elle connaissait par coeur. Cf. Hopkins, Samuel, Memoirs of Mrs Sarah Osborn, Worscester, Mass., 1799, pp. 358–359, 373.Google Scholar
10. Cotton Mather, Victorina : a Sermon Preach'd on the Decease and at the Désire of Mrs CatharineMather, Boston, 1717 ; Colman, Benjamin, Reliquiae Turellae, et LachrymaePaternae, Father's Tears over his Daughter Remains, Boston, 1735 Google Scholar ; Timothy Edwards, père de Jonathan et lui aussi pasteur, écrivait à sa femme Esther (fille de pasteur) des instructions précises et détaillées pour l'instruction scolaire de ses filles pendant son absence. Cela comportait l'étude du latin, outre des exercices de lecture et d'écriture. Cf. Winslow, Ola Elizabeth, Jonathan Edwards, 1703-1758, a Biography, New York, 1940 Google Scholar (la lettre est de l'automne 1711), p. 44.
11. Karlsen, Carol F. et Crumpaker, Laurie, The Journal of Esther Edwards Burr, 1754- 1757, New Haven-Londres, 1984 Google Scholar ; le journal d'Esther Burr est disponible en microfilm à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de Yale University ; voir aussi la thèse de PhD de Laurie Crumpaker, Esther Burr's Journal 1754-1757 : a Document of Evangelical Sisterhood, PhD dissertation, Boston University, 1978 ; afin de ne pas surcharger le texte de notes, nous avons préféré rapporter à chaque citation la date correspondante dans le journal d'Esther Burr et de Sarah Prince ; le texte manuscrit du journal de celle-ci est disponible à la Boston Public Library ; c'est un cahier relié en cuir de 172 pages sans numérotation ; sur le frontispice on lit « Sarah Prince her book ». Les écrits dévotionnels de Sarah Prince furent publiés avec son sermon funèbre, Hunt, John, A Sermon upon the Death of Mrs Gill, Boston, 1771 Google Scholar ; ils apparaissent aussi à côté des extraits sur la vie et la mort de sa soeur Deborah (les mêmes qui faisaient partie du sermon funèbre pour Deborah publié en 1744), cf. Prince, Thomas, Dying Exercices of Mrs Deborah Prince and Devout Méditation of Mrs Sarah Gill Daughters of the Late Rev Thomas Prince Minister of the South Church, Boston-Edinburgh printed, re-printed Newbury Port, 1789 Google Scholar ; c'est dans cette édition qu'on a pu les consulter.
12. Les sermons funèbres pour des dames pieuses qu'on éditait quelques jours après les funérailles, incluaient souvent des extraits de leurs écrits dévots ou de leurs journaux spirituels. En revanche, on publiait du vivant de l'auteur des lettres à sujet religieux. Ainsi, en 1755, Thomas Prince publia une lettre de conseil spirituel de Sarah Osborn à une amie, cf. Samuel Hopkins, Memoirs of Mrs Sarah Osborn, cité p. 158. En novembre 1754, Esther Burr objectait un refus de Sarah Prince de publier ses lettres et se proposait d'arriver tôt ou tard à en faire publier quelquesunes de sa propre initiative.
13. Davidson, Edward H., Jonathan Edwards, the Narrative of a Puritan Mind, Cambridge, Mass., 1968 Google Scholar ; Dwight, Sereno, Life of Président Edwards, with a Memoir of his Life, Londres, 1840, pp. 127–129 Google Scholar ; Hopkins, Samuel, The Life and Character of the Late Rev Mr Jonathan Edwards, Président of the Collège of Jew Jersey…, Northampton, 1804 Google Scholar ; Miller, Perry, Jonathan Edwards, New York, 1949 Google Scholar ; Tracy, Patricia, Jonathan Edwards, Pastor, New York, 1980 Google Scholar ; Winslow, Ola Elizabeth, Jonathan Edwards, op. cit. Norman Fiering, Jonathan Edwards Moral Thought and its British Context, Chapel Hill, 1981 Google Scholar ; du même auteur, Moral Philosophy at Seventeenth Century Harvard, Chapel Hill, 1981.
14. Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit., pp. 127-129 et 130.
15. Ola Elizabeth Winslow, Jonathan Edwards, op. cit., p. 268 ; Jonathan écrivait le 2 juin 1748 à sa femme, qui soignait le Col. Stoddard mourant « we hâve been without you almost as long as we know how to be, but yet we are willing you should obey the calls of Providence with regard to Col. Stoddard… ».
16. Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit., p. 582.
17. La crise mystique de Sarah Edwards est rapportée dans Sereno Dwight, op. cit., pp. 171- 186. Jonathan Edwards fit de l'expérience de sa femme le modèle (anonyme) de la conversion du vrai saint dans A Treatise Concerning Religious Affections, 1746 ; on en trouve des analyses intéressantes dans James, William, The Varieties of Religious Expérience, New York, reprinted 1975, pp. 223–226 Google Scholar ; Porterfield, Amanda, Féminine Spirituality in America from Sarah Edwards to Martha Graham, Philadelphie, 1980 Google Scholar ; Patricia Tracy, Jonathan Edwards, Pastor, op. cit., p. 155 ; pour Jerusha Edwards, cf. Ola E. Winslow, Jonathan Edwards, op. cit., p. 236, ainsi que Edwards, Jonathan, Life, Remains and Letters of David Brainerd, Aberdeen, 1845 (1re éd. 1749), pp. 313–314.Google Scholar
18. Dictionary of American Biography, vol. III, pp. 313-314 ; Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit., pp. 581-582.
19. Laurie Crumpaker, Esther Burr Journal, 6 janvier 1755.
20. Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit., p. 572.
21. Dictionary of American Biography, vol. XV, pp. 232-233 ; Samuel Drake, Some Memoirs of the Life and Writings of the Rev Thomas Prince, with a Pedegree of his Family, Boston, 1851 ; Prince, Thomas, A Sermon Occasioned by the Decease of Mrs Deborah Prince, Boston, 1744 Google Scholar ; Six sermons by the Late Thomas Prince A. M. (…) published from his Manuscripts by John Erskine D. D., Edinburgh, 1785. Dans la liste des publications de Thomas Prince dressée par Samuel Drake n'apparaissent pas les six sermons édités par John Erskine, parmi lesquels on trouve le sermon funèbre pour Thomas Prince Jr. ; en revanche, on n'a trouvé ni mention ni trace d'un éventuel sermon funèbre pour sa fille Mercy.
22. Sarah Prince Gill, Diary, 21 juillet 1744.
23. Thomas Prince, Six sermons, op. cit., p. xii.
24. Thomas Prince, ibid.
25. Carol Karlsen et Laurie Crumpaker, The Journal of Esther Edwards Burr, op. cit. pp. 281-282.
26. Joshua Huntington, Memoirsof the Life of Mrs Abigail Waters, op. cit., p. 56.
27. Sarah Prince Gill, Diary, année 1747 ; Abigail Waters, à l'âge de dix-huit ans en 1740, vécut une conversion bouleversante sous l'influence de la prédication de Gilbert Tennent, cf. Joshua Huntington, Memoirs of the Life of Mrs Abigail Waters, op. cit., pp. 40-54. Parmi les ouvrages les plus utiles sur le Great Awakening, cf. : Isaac Backus, A Church History of New England, Providence, R. I., 1784 ; Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit. ; également d'utiles recueils de documents : Bumsted, J. M., The Great Awakening, the Beginnings of Evangelical Pietism in America, Waltham, Mass., 1970 Google Scholar ; Bushman, Richard, The Great Awakening, Documents on the Revival of Religion, 1740-1745, Williamsburg, Va., 1970 Google Scholar ; Lovejoy, David S. éd., Religious Enthusiasm and the Great Awakening, Englewood Cliff, New Jersey, 1969 Google Scholar ; Heimert, Alan et Miller, Perry éds, The Great Awakening : Documents Illustrating the Crisis and its Conséquences, New York, 1967 Google Scholar ; Powell, Milton B., The Voluntary Church, American Religious Life (1740-1865) seen through the Eyes of European Visitors, New York, 1970 Google Scholar ; Rutman, Darrett B., The Great Awakening, Event and Exegesis, New York, 1970 Google Scholar ; des ouvrages désormais classiques sont : Ahlstrom, Sydney E., A Religious History of the American People, New Haven, 1972 Google Scholar ; Heimert, Alan, Religion and the American Mind, from the Great Awakening to the Révolution, Cambridge, Mass., 1966 Google Scholar ; Gaustad, Edwin Scott, The Great Awakening in New England, Gloucester, Mass, 1965 Google Scholar ; Nihebur, Richard, The Kingdom of God in America, New York, 1937.Google Scholar
28. Sarah Prince Gill, Diary, 6 mars 1757 ; Thomas Prince, DyingExercices… andDevout Méditations, op. cit., p. 37.
29. Thomas Prince, ibid., pp. 54-56 ; John Hunt, A Sermon Occasioned by the Death of Mrs Sarah Gill, Late Consort ofMr Moses Gill, Merchant…, op. cit., pp. 40-41. Un an après, le révérend Ezra Stiles de Newport, Rhode Island, écrivait dans son journal un éloge de Sarah Prince d'autant plus révélateur qu'il n'était pas destiné au public. Son intention de rassembler un recueil de vies de femmes exemplaires est aussi révélateur d'une attitude envers l'exemplarité féminine diffuse parmi le clergé de l'époque : «July 26 (1772) Read Mr Hunt's Sermon on the Death of Mrs Sarah Gill, wife of Moses Gill of Boston merchant who died Aug. 5, 1771, aet. 43. Daughter of late Rev Thos. Prince : with about 30 pages of Extracts from her Writings or Papers. If I should digest a volume of female Lives, as I meditate to do, I shall number Mrs Gill among them, and insert N°2 and 3d and 9th as a spécimen of her Genius and Writing and proof of her sublime Piety. I was personally, though not intimately acquainted with her, from 1754 to about 1766 (…)», voir Dexter, Franklin B., The Literary Diary of Ezra Stiles, New York, 1901, vol. I, p. 256.Google Scholar Par ailleurs, l'éloge du Boston Evening Post omettait de mentionner que, de leur temps, les deux Thomas Prince, père et fils, avaient été loués pour leur patriotisme, cf. Thomas Prince (John Erskine), Six sermons, op. cit., préface. Sur la participation de Sarah Prince à un cercle de patriotes dans les années 1760, voir Monica Letzring, « Sarah Prince Gill and the John Adams-Catharine Macaulay Correspondence », dans Proceedings of the Massachusetts Historical Society, vol. 88, 1976, pp. 107-111.
30. Thomas Prince possédait une riche bibliothèque, moins riche cependant que celle de Cotton Mather. De nombreux ouvrages furent perdus du temps de la Révolution ; on possède une liste de tous les livres qui ont échappé à la destruction : The Prince Library, A Catalogue of the Collection of Books and Manuscripts, Boston, 1870. Parmi les prévisibles auteurs religieux (mais à côté des théologiens protestants figurent aussi les œuvres d'Érasme et de Fénelon) on trouve de très nombreux auteurs classiques, entre autre l'Opéra Omnia de Platon dans l'édition de Marcile Ficin et les principaux ouvrages de Ciceron. On peut supposer que Sarah les a lus lors de sa formation intellectuelle. En ce qui concerne sa formation spirituelle, Deborah Prince avait lu attentivement des auteurs que son père définit comme « Searching » tels « Mr Shepard of Cambridge, Mr William Gutry of Scotland, Mr Flavel and Mead of England, Mr Stoddard of Northampton, and Mr Mather of Windsor - New England », cf. Thomas Prince, Dying Exercices…, op. cit.,p. 23 ; rien de plus probable que Sarah aussi les ait lus. Sur l'influence des auteurs catholiques en milieu protestant, voir J. Orcibal, « L'influence spirituelle de Fénelon dans les pays anglo-saxons au xviiie siècle », XVIIe siècle, 1951-1952, pp. 276-287, et du même, « Les spirituels français et espagnols chez John Wesley », Revue d'Histoire des Religions, 1951, pp. 50-110. Aussi, de façon très exhaustive les deux ouvrages de Norman Fierino, Jonathan Edwards Moral Thought and its British Context, et Moral Philosophy at Seventeenth Century Harward, op. cit.
31. Cf. Praz, Mario, Storia délia litteratura inglese, Florence, 1956, pp. 345–349 Google Scholar ; David Daiches, Critical History ofEnglish Literature, 1961, p. 712 ; Rogers, Katharine M. éd., Before their Time : Six Women Writers of the Eighteenth Century, New York, 1979 Google Scholar ; Watt, Ian, The Rise of the Novel : Studies in Defoe, Richardson and Fielding, Berkeley, Ca., 1957.Google Scholar
32. Le 17 juin 1755 Esther Burr annonçait la présence à la maison d'un enseignant de français. Aaron Burr qui suivait aussi les cours avec ses étudiants, lui avait proposé de s'y associer. Esther avait refusé invoquant ses devoirs domestiques.
33. Sereno Dwight, Life of Président Edwards, op. cit., p. 582.
34. Il n'existe pas encore une histoire de l'amitié. Il est très utile de consulter le Dictionnaire de spiritualité à l'article Amitié, t. I, pp. 499-529, où le thème est traité aussi bien en ce qui concerne la tradition classique que la tradition chrétienne. Pour un exemple éclatant de la reprise de la tradition classique de l'amitié en milieu patricien dans la Venise du début du xvne siècle, cf. Gaetano Cozzi, « Una vicenda délia Venezia barocca : Marco Trevisan e la sua “ Eroica Amicizia ”», Studi veneziani, vol. 2, 1960, pp. 61-154, où il apparaît de toute évidence que dans la pensée inspirée de l'Antiquité classique l'amitié était réservée exclusivement aux hommes. Pour l'amitié en milieu piétiste allemand on fait référence ici à l'article de Ladislao Mittner, « L'amicizia e l'amore nella letteratura tedesca del ‘700 », Annali di Ca'Foscari, I, 1962, pp. 79-108 ; du même auteur on peut consulter aussi le chapitre sur le piétisme et les Lumières, en particulier le chapitre sur l'Amitié, dans Storia délia letteratura tedesca 1700-1820, Turin, 1964. L'amitié féminine au xixe siècle en Amérique a été analysée dans un article pionnier par Carroll Smith Rosenberg, « The Female World of Love and Ritual between Women in Nineteenth Century America », Signs, n° 1, automne 1975. De même Nancy Cott, The Bonds of Womanhood, « Woman's Sphère » in New England, 1780-1835, New Haven-Londres, 1977, pp. 160-196, où l'auteur analyse les liens d'amitié entre femmes dans la Nouvelle-Angleterre de la fin du xviiie siècle et du début du xixe. Elle y fait référence aussi à l'amitié entre Esther Burr et Sarah Prince ; notamment elle met en relation la doctrine de Jonathan Edwards avec la conception sentimentale de l'amitié de ces deux femmes ; elle ne fait pas, toutefois, allusion à l'idéal classique de l'amitié. Mary Beth Norton consacre des pages très intéressantes à l'amitié entre femmes et à ses rituels dans son Liberty's Daughters, op. cit., pp. 103-109, en particulier. En revanche, on regrette que les éditeurs du journal d'Esther Burr aient choisi de traiter l'amitié entre Esther et Sarah en termes de sisterhood, passant ainsi à côté de la problématique de l'amitié telle que les deux amies l'avaient exprimée. En ce qui concerne la pratique de l'amitié féminine parmi des élites aristocratiques dans l'Angleterre de 1660 à 1760, environ, on trouve éclairant l'article de Irène Q. Brown, « Domesticity, Feminism and Friendship : Female Aristocratie Culture and Marriage in England, 1660-1760 », Journal of Family History, vol. 7, n° 4, hiver 1982, pp. 406-424. Je remercie mon ami Michel Rey qui travaille à présent sur l'amitié dans l'Europe de la Renaissance pour ses suggestions précieuses, ses commentaires et son aide dans la lecture de cet article.
35. L'ouvrage dans lequel Jonathan Edwards développa cette théorie de l'amour pour Dieu dans sa forme définitive est le Treatise on the Religious Affections, Boston, 1746, John E. Smith éd., Yale University Press, 1959. Irène Q. Brown a mis en évidence la diffusion de ce qu'elle appelle « rational friendship », basée sur l'égalité rationnelle et spirituelle des sexes en milieu aristocratique anglais. Cette idée faisait partie, selon l'auteur, de ce qu'elle appelle Enlightenment Domesticity, à savoir, un culte des relations familiales dont les « vrais » amis auraient fait partie. Il est significatif que E. Young et S. Richardson aient fait partie de ce cercle, et qu'ils aient écrit leurs ouvrages, dans lesquels ils dissertent sur le thème de l'amitié, sous l'encouragement de ces dames.
36. Samuel Hopkins, Memoirs of the Life ofMrs Sarah Osborn, op. cit., pp. 371-372.