Le terme japonais hikikomori désigne un adolescent ou un jeune adulte, le plus souvent de sexe masculin, passant la quasi-totalité de son temps à domicile et s’étant retiré de la vie sociale depuis au moins 6 mois. Ce comportement n’est pas expliqué par une incapacité physique ou une pathologie psychiatrique manifeste. Si le phénomène a initialement été décrit au Japon, des articles sur ce sujet paraissent dans la littérature américaine, anglaise et française. En gardant à l’esprit les particularités de la société nipponne, est-il possible de transposer ce concept à nos sociétés occidentales pour mieux comprendre le phénomène de réclusion de certains jeunes adultes au domicile ? Comme le montre Ehrenberg dans ses travaux, dans nos sociétés, la pression à la performance et à l’autonomisation est forte. Il peut devenir difficile de répondre à cette norme, d’autant plus quand l’environnement familial ne favorise pas le travail de séparation. On note également des différences cliniques selon les pays. Par exemple, les facteurs déclenchants, comme des difficultés sentimentales ou scolaires, sont fréquemment retrouvés en France contrairement au Japon. D’abord utilisé en pédopsychiatrie, dans la continuité du refus scolaire anxieux, il semble que le concept d’hikikomori soit également pertinent en psychiatrie adulte. La difficulté réside alors dans la détection de ces situations de souffrance, qui deviennent moins visibles lorsque le sujet sort du parcours scolaire.