L'étude des carnets de pêche des marins-pêcheurs et l'échantillonnage des captures ont permis de cerner les caractéristiques biologiques des populations de grandes aloses (Alosa alosa L.) prélevées sur l'Adour de 1988 à 1991 et d'étudier l'influence des conditions hydroclimatiques sur le niveau moyen des captures journalières par sortie. Les aloses sont principalement recrutées dans l'estuaire entre le début du mois d'avril et la fin du mois de mai: entre 78 et 89 % selon les années. Les mâles sont en moyenne plus jeunes et à âge égal plus petits et moins lourds que les femelles. Ces résultats confortent les connaissances obtenues sur les principaux stocks français qui remontent les systèmes fluviaux de la Loire et de la Gironde. Les analyses effectuées soit par l'Analyse Factorielle des Correspondances soit par l'utilisation du Modèle Linéaire Généralisé indiquent que les variations conjuguées du débit fluvial et du coefficient de marée ont une influence sur l'abondance des captures journalières exprimées en kg par sortie. Le travail réalisé à l'aide de ces deux méthodes complémentaires d'analyse permet à la fois de décrire et de quantifier les liens entre les captures par sortie (CPUE) et les facteurs hydroclimatiques. En effet, une augmentation de ces CPUE est constatée avec l'accroissement des coefficients de marée, le débit fluvial intervenant comme facteur de modulation secondaire.

Les stocks de clupéidés situés le long des côtes ouest-africaines vivent et se reproduisent dans des zones d'upwelling saisonnier ou permanent. Ce sont des milieux fluctuants où la productivité est très variable d'une zone et d'une saison à l'autre. Les principales nurseries sont distribuées de façon discontinue le long des côtes ouest-africaines et ne sont pas toujours situées dans les zones les plus productives. Les reproductions les plus intenses sont localisées là où le plateau continental s'élargit et où la côte s'incurve par rapport à la direction prépondérante des vents. Ces particularités topographiques, communes aux zones de reproduction, minimisent localement la dérive vers le large de la couche d'eau superficielle. En Côte-d'Ivoire et au Congo, l'activité reproductrice est maximale durant la saison d'upwelling. Le long de la façade atlantique, la reproduction est parfois décalée par rapport à l'upwelling, elle est maximale avant et/ou après la saison d'upwelling. Les périodes d'abondance duzooplancton n'étant pas toujours en phase avec l'upwelling, les saisons de reproduction semblent être décalées par rapport à l'upwelling afin d'offrir des conditions optimales pour le développement des larves. Un schéma théorique est proposé pour illustrer les stratégies spatio-temporelles de la reproduction suivant l'intensité de l'upwelling, en considérant deux facteurs limitants: la production planctonique et la stabilité du milieu. L'intensité des upwellings est variable d'une année à l'autre. Au Sénégalles stratégies de reproduction répondent à cette variabilité en modifiant le calendrier de la reproduction suivant l'intensité de l'upwelling. De nombreux faits ne valident pas le schéma théorique proposé. Ces écarts au modèle peuvent être perçus comme des facteurs de régulation potentiels face au caractère non prévisible de l'environnement. Dans une perspective évolutioniste, ces exemples illustrent l'adaptabilité des stratégies de reproduction.