Depuis Spitta-Bey (1880), une littérature riche et détaillée décrit invariablement l'inventaire vocalique de surface de l'arabe du Caire comme incluant des voyelles moyennes brèves, [e] et [o]. Une nouvelle ère s'ouvre un siècle plus tard avec l'apparition soudaine d'un consensus massif sur l'idée que les voyelles moyennes brèves ne sont pas attestées en arabe cairote. Une différence d'une telle nature et d'une telle ampleur a nécessairement des conséquences sur l'analyse du système phonologique. Certaines de ces conséquences sont mises en évidence dans le présent article. Il est montré que le déni de la présence de [e] et [o] dans la langue conduit mécaniquement à inférer l'existence de processus phonologiques fictifs, et qu'une description de la réalité impose la reconnaissance de ces voyelles. La littérature pertinente est passée en revue, des tests originaux permettant de vérifier cette affirmation sont proposés, ainsi que le témoignage de mesures instrumentales.