Le trouble de la personnalité borderline est l’une des entités les plus complexes à prendre en charge dans notre discipline, notamment du fait : (1) de son caractère multi-dimensionnel (cognitif, émotionnel, et comportemental) ce qui implique des cibles thérapeutiques différentes et une approche plus dimensionnelle ; (2) de son aspect développemental (facteurs de risque précoces, impact des traumas répétés, absence de stratégie de prévention codifiée) ; (3) de sa phénoménologie protéiforme (hétérogénéité des formes cliniques, saturation par la présence de comorbidités, fluctuations dans le temps) ; (4) de la multiplication des modèles théoriques et des éventuelles psychothérapies qui en découlent (mentalisation, schéma-thérapie, DBT, approches systémique, psychanalytique, théories de l’attachement, etc.) ; (5) du peu d’essais cliniques robustes qui ne permettent pas d’établir clairement le bénéfice risque des psychotropes (notamment à long-terme), en dépit d’une morbi-mortalité considérable) ; (6) des difficultés majeures que rencontrent les soignants à maintenir ces patient(es) dans un cadre de soin bienveillant, contenant et durable et à maîtriser leurs propres contre-attitudes de rejet (conduites « punitives » lors d’hospitalisation souvent trop prolongées se terminant par des sorties disciplinaires et/ou de brutales ruptures de suivi sous prétexte de « mises en échecs répétées »). Outil indispensable en science (en tant que démarche), le principe de parcimonie ou « rasoir d’Ockham » est particulièrement adapté face aux situations cliniques et thérapeutiques les plus complexes. Suivant ce principe, les modalités de prises en charges intégratives des personnes borderlines doivent répondre aux impératifs d’une triple parcimonie : parcimonie dans le choix d’un objectif thérapeutique atteignable et simple (par exemple la dysrégulation émotionnelle), parcimonie dans l’utilisation des psychotropes (en dose, en nombre et en durée) et parcimonie dans le nombre de thérapeutes.