Nous relatons l’histoire clinique de monsieur J., âgé de 40 ans et pris en charge à la Clinique Psychiatrique Universitaire du CHRU de Tours depuis 1998. Il souffre d’une schizophrénie paranoïde. Il est traité par palipéridone LP 150 mg. Il bénéficie d’un suivi complémentaire en addictologie du fait d’une comorbidité addictive de type polytoxicomanie sevrée avec un traitement substitutif (chlorhydrate de méthadone 100 mg/j) et d’un TDAH traité par méthylphénidate chlorhydrate LP 80 mg/j. En novembre 2013, nous notons l’apparition soudaine d’une nouvelle thématique délirante, « j’ai un micro-émetteur sous la peau », coïncidant avec une majoration de la consommation de cannabis. Nous évoquons une recrudescence délirante chez un patient qui présente depuis des années un délire polymorphe à thématique principale mystique. « On remonte jusqu’à Jésus dans ma généalogie, etc ». À l’examen clinique, nous découvrons une masse distincte à l’endroit désigné par le patient comme lieu du micro-émetteur implanté. L’exploration anamnestique ne retrouve aucun élément en faveur d’un corps étranger sous-cutané. L’échographie pelvienne confirme la présence d’une masse sans orientation étiologique possible. Une tomodensitométrie pelvienne est alors recommandée, et permet d’authentifier la présence d’un corps étranger sous-cutané. Après notre insistance auprès de la famille, la mère retrouve dans le dossier médical de son fils un accord de consentement pour une prise en charge en addictologie alors qu’il était mineur (16 ans), avec pose d’un implant sous-cutané de disulfirame (retiré du marché français en 1997). Ceci a permis de mettre fin à l’errance diagnostique entre production délirante et réalité d’un implant sous-cutané de disulfirame oublié et vieux de 24 ans. Cette vignette clinique illustre la complexité de la clinique psychiatrique et souligne l’importance d’une écoute attentive et singulière de chaque patient.