L'idéal classique du XVIIee siècle en Italie et la peinture de paysage, tel fut le titre d'une Exposition organisée à Bologne au cours de l'été 1962. Au cours des années précédentes, une Exposition des Carraehes et une du Guide l'avaient précédée, ainsi qu'une présentation des peintres du XVIIee siècle émilien. Le Comité bolonais d'organisation poursuit sa tâche depuis dix ans ; il s'est donné pour but de reconstituer le climat de culture d'où est sortie la peinture bolonaise, et de rassembler des matériaux en vue d'une réévaluation critique du XVIIee siècle européen tout entier. M. Cesare Gnudi en est à la fois l'inspirateur et le réalisateur ; on ne peut que rendre hommage à la continuité du dessein comme à la probité des moyens employés pour le réaliser. Il n'y a aucune comparaison entre ces manifestations et la très lamentable Exposition du XVIIee siècle européen que le Conseil de l'Europe a réalisée à Rome en 1956, l'une des plus mauvaises d'une médiocre série.

L'abondance extraordinaire de livres, de brochures, d'articles de revues et de journaux, qui constituent l'œuvre de K. Kautsky, témoigne de manière éloquente de la productivité de cet homme, de la diversité de ses intérêts dans les domaines les plus différents de la science, et de sa poursuite constante de principes méthodologiques et de principes de valorisation philosophique de portée universelle. Son fils, B. Kautsky, a dit de lui qu'il avait réussi, à partir des fragments laissés par Marx (que Engels avait commencé à réunir et à ordonner), à constituer « un système cohérent, première présentation véritable du marxisme ». Ce jugement est contestable sous plus d'un rapport, mais, ce n'est pas là néanmoins une simple exagération de la piété filiale.

J'ai eu l'occasion de parler de la crise de 1619-22 dans un très long article publié par la Rivista Storica ltaliana. Je ne viens pas, ici, le « résumer » simplement, mais, le reprenant à larges traits, le critiquant au besoin, je me propose de relancer la discussion et de me quereller avec moi-même le plus franchement du monde. J'ai donc voulu étudier une crise très particulière, exactement saisie dans son déroulement : celle de 1619-22. Non pas en elle-même : de ce point de vue, il eût mieux valu s'occuper de la crise de 1581-1583 ou de celle de 1764… Ce qui m'a toujours paru intéressant, décisif dans la crise de 1619-1622, c'est son double caractère de crise conjoncturelle, et de crise située à l'articulation de deux périodes structurelles (XVIe-XVIIe siècles). Elle est, si l'on peut dire, un retournement du trend séculaire.

L'aspiration vers un retour aux origines, aux croyances et aux sentiments des premiers siècles du christianisme, qui est si forte chez de nombreux catholiques du XVIIe siècle, se traduit par un désir de purification, dans le domaine de la théologie, comme dans ceux de la morale et de la pratique religieuse. Tous ceux qui ont une vie religieuse intense résistent aux tendances nouvelles de la théologie, qui mettent l'accent sur les possibilités de l'homme et estompent l'action de la grâce divine.

Scientifiquement, un colloque est l'occasion d'une mise au point et d'informations réciproques, et personnelles. Ce colloque lillois réalisait d'abord, et même surtout, une liaison universitaire et industrielle. Son sujet, par surcroît, était d'actualité, se plaçant entre les deux premières réunions d'une certaine « Table Ronde » consacrée à l'avenir des houillères nationalisées, et particulièrement de celles du Nord et du Pas-de- Calais.

La comptabilité économique est une science en constants progrès. L'ouvrage de Mme J. Capronnier-Spielhagen en témoigne avec éloquence. Et l'historien de l'économie, ici, ne se sent saisi d'aucune gêne devant les techniques de comptabilité nationale appliquées aux temps présents, alors qu'il redoute que ces mêmes techniques, lorsqu'elles sont transposées dans le passé, ne violentent quelque peu et les statistiques, et l'histoire. Et plus on admire la maîtrise de l'auteur — qui innove en la matière —, mieux on mesure les grandeurs changeantes des faits — la stagnation du charbon, l'irruption du gaz naturel, l'inexorable montée du pétrole… —, plus on est amené à se poser des questions « annexes » au sujet, des problèmes qui ne relèvent pas seulement de ces « dépendances techniques », dont J. M. Jeanneney rappelle l'importance dans sa préface à l'ouvrage, mais de ce qu'on pourrait appeler les « dépendances politiques ».

En Italie, comme l'a récemment remarqué R. Paris, l'intérêt pour l'histoire du fascisme « déborde le cadre des seuls spécialistes, des seuls historiens, pour concerner l'ensemble des intellectuels et même davantage » .Cet intérêt prend ses racines dans le présent, exprime l'exigence pratiquede comprendre dans leur durée les processus politiques, économiques et sociaux qui conditionnent la lutte politique actuelle, encore étroitement liée à l'expérience fasciste et antifasciste.

Trente ans après l'arrivée de Hitler à la Chancellerie, et dix-huit ans après sa chute, il semble que le grand public cherche avec passion à y voir clair dans le passé récent. Au foisonnement des mémoires et des récits anecdotiques, qui correspondait à peu près à la fabrication en série des « films de guerre », a succédé l'ère des films documentaires et des ouvrages à présentation scientifique.

Les débuts du fascisme en Roumanie s'enracinent dans la crise économique, politique et sociale consécutive à la fin de la Première Guerre Mondiale. La naissance de la Grande Roumanie, tout en réalisant les rêves du nationalisme roumain, n'a pas trouvé l'État en mesure de faire face aux charges dictées par les nouvelles circonstances. L'appareil d'état de l'ancien Royaume roumain était incapable d'assumer l'administration d'un territoire doublé en surface ; durant les quatre premières années consécutives à la guerre, la crise gouvernementale est permanente ; la normalisation de la vie économique des nouvelles provinces (Transylvanie, Bessarabie, Bucovine) s'avère un processus de longue durée. D'où le chômage, des désordres, un mécontentement général ; terrain propice à des mouvements extrémistes de droite et de gauche.

Au lendemain de la première guerre mondiale, le gouvernement japonais se trouva à la tête d'un pays où la révolution industrielle venait de s'accomplir, et en pleine expansion économique. La reconversion de l'industrie de guerre pouvait-elle se faire sans provoquer une récession, voire le retour à une économie archaïque ? Dans ce pays à peine industrialisé, la question était grave. L'armée offrit alors la solution : ne pas reconvertir l'industrie de guerre, aller chercher les matières premières là où elles se trouvaient, sur le continent, et former un bloc économique avec la Chine.

Nous ne disposions jusqu'à présent, sur le plus complexe et le plus vaste mouvement de la droite française au xxe siècle, que de deux types de travaux, très différents par leurs ambitions et la nature de leur information. Au premier type appartiennent tous les écrits issus directement de membres de l'Action française, ou indirectement d'écrivains de la mouvance de Maurras — Production pléthorique mais toujours suspecte, quels que soient le détachement rétrospectif des auteurs et la qualité de leur documentation ; elle risque en effet d'entretenir une légende autour de l'Action française, d'accentuer le caractère littéraire d'un mouvement dont la place qu'il occupe dans le monde culturel paraît déjà supérieure à son importance effective, sur le plan social et politique.

Plaignons l'historien qui se voue ou se vouera à redire notre époque et son monde : le xxe siècle reste un sphinx redoutable, parce que prolixe.

Presse écrite, parlée ou filmée, enquêtes, statistiques : un demi-siècle de vie successive, de plans, de guerres, d'entreprises, tout cela s'ouvre à qui veut s'y livrer. On plonge, on se ravit ; mais comment ressortir ?

Pour l'historien, voici donc le temps de l'abondance. C'est dire : celui de la facilité ; alors que ce devrait être celui d'une rigueur supplémentaire. Le présent est à nous, l'histoire de notre temps règne aux devantures des libraires.