Cet article réexamine la positionde Keynes sur la question de l'efficience du marché boursier en se plaçant du point de vue de la théorie de l'équilibre général en situation de marchés incomplets, compte tenu du fait que l'échange d'actifs boursiers est incompatible avec l'existence d'un système complet de marchés contingents.
Etant donné la signification de l'hypothèse d'efficience semi-forte appliquée au marché boursier, la première partie vise à montrer que Keynes a adopté sur ce sujet, dans le chapitre 12 de la Théorie Générale, une attitude plus radicale que celle qui lui est couramment prêtée car elle prive en partie d'objet les débats récents concernant la rationalité des cours boursiers. La seconde partie rappelle que les résultats relatifs à l'évaluation des entreprises en incertitude sont essentiellement fonction des hypothèses faites quant à la nature et au nombre des marchés supposés ouverts en théorie. En particulier, dès lors que le nombre d'instruments financiers différents, correspondant aux parts de propriété sur les entreprises, est inférieur au nombre des états, la valeur fondamentale de l'entreprise ne peut plus être déterminée, et ceci même si on suppose qu'il n'y a qu'une période, un bien, des actifs dont le rendement est fixé en bien, et des plans de production donnés. Les recherches les plus récentes n'ont pu démentir ce résultat qui, s'il permet de douter du contenu théorique de l'hypothèse d'efficience du marché boursier, confirme pleinement l'opinion de Keynes.