Dans une précédente étude relative á l’évolution de la sidérurgie belge, nous avons relevé, grâce aux séries statistiques que nous avons pu composer, des mouvements divers dans certains phénomènes économiques tels que la production, la productivité, le commerce et les prix. Outre les cycles économiques, nous avons pu constater qu’il existait des oscillations de longue durée nettement caractérisées. L’étude d’une seule industrie ne permettait cependant pas d’établir des relations ou des conclu-sions générates, mais elle est d’une grande utilité comme point de départ pour l’étude d’autres industries; cela est d’autant plus vrai pour la sidérurgie, qui se caractérise par une sensibilité assez marquée aux mouvements de la conjoncture. Il est tout indiqué pour l’étude de notre économie d'analyser ensuite 1’évolution de l’industrie charbonnière ; il s'agit, en effet, ici encore, d'une industrie de base de notre pays, moins ancienne peut-être mais beaucoup plus importante. D'autre part, les relevés statistiques, assez complets, etablis par l'Administration des Mines, nous fourniront les éléments nécessaires à cette étude.

Nous signalions l'atmée dernière comme caractéristiques de la législation sociale en 1933, l'introduction de dispositions nouvelles inspirées par la situation financière de l'Etat. La. continuation de la crise met toujours au premier rang des préoccupations du gouvernement l'établissement de l'équilibre budgétaire. Les dépenses sociales constituant pour l'Etat une charge très importante, il est normal qu'on cherche notamment de ce côte la possibilité de réduire certaines dépenses.

Dans le courant de l'année 1934, c'est spécialement dans le domaine du chômage que cet effort a été poursuivi; toutefois, des mesures qui intéressent soit le Fonds national de retraite des ouvriers mineurs, soit les caisses d'allocations familiales ont également été adoptées.

Alors que 1'organisation du crédit et du marché de l'argent en Belgique traverse une période de remaniement, il nous aparu intéressant d'étudier un chapitre de notre histoire bancaire sur lequel on n'a point ecrit jusqu'à présent : Le marché des acceptations de banque sur la place d'Anvers.

Nous avons tâché de retrouver l'origine des acceptations de banque à Anvers. Nous en avons suivi le développement à la fin du siècle dernier, puis l'épanouissement durant les dix dernieres années qui ont précédé les hostilités. Ayant constaté le déclin de l'après-guerre, nous avons essayé d'en démêler les causes. Nous nous sommes ensuite arrêtés aux efforts déja tentés dans le sens de la réorganisation du marché. Enfin, nous avons indiqué les avantages que présenterait cette réorganisation pour l'éco-nomie nationale.

L'examen des indices de prix fournit à l'analyse périodique de la conjoncture générale des affaires l'un de ses plus.importants points d'appui. I1 importe done i de tirer de ces instruments leur maximum de rendement, en les adaptant le mieux possible aux buts poursuivis. Un indice général, englobant les produits les plus divers, pourra fort bien représenter de façon fidèle les tendances de l'évolution d'ensemble des prix. Mais cette évolution elle-même constitue une indication beaucoup trop sommaire et trop générale pour que Ton puisse s'en satisfaire. Au delà de ces descriptions globales, de ces panoramas de l'activité économique, nous devons chercher à constituer, par un groupement adéquat des données, non plus un indice unique mais plusieurs indices. Chacun d'eux, plus proche des données concretes intégrées, aura sa signification propre, et leur comparaison mutuelle pourra dégager, s'ils ont été bien choisis, des indications plus précises que celles dont nous disposions jusqu'ici pour l'étude de la conjoncture et, éventuellement, pour la théorie économique.

Depuis un an, date à laquelle parut dans ce Bulletin une notice sur.la conjoncture du Congo beige, la situation économique de la Colonie s'est modifiée dans le sens d'une amélioration.

Les prix.

Déjà avant la dévaluation du franc une reprise s'était manifestée dans les prix des oléagineux, ouvrant une perspective plus favorable pour une des grandes productions coloniales, partieulièrement affectée depuis la crise.

L'année 1934 n'a pas valu de difficultés exceptionnelles à notre institut d'émission, mais elle a cependant été témoin de mouvements qui méritent d'etre signalés. La crise de crédit dont nous parlons ailleurs a eu ses effets classiques sur le bilan de la Banque Nationale.

L'encaisse-or est revenue de 13.660 à 12.523 millions. Cette perte de plus de un milliard est en partie naturelle. L'afflux de métal dont nous avons bénéficié en 1933 était anormal; il traduisait une méfiance assez généralisée envers le dollar et la livre. Ceci avait déterminé en 1933 le rapatriement des fonds de roulement.

Nous nous sommes assigné dans le présent travail un objet identique à celui poursuivi pour l'industrie sidérurgique par l'étude publiée dans le « Bulletin de l'lnstitut des Sciences Économiques » du mois de mai 1934 : rechercher, par l'examen des relations que l’on peut constater entre la production, la consommation et le commerce extérieur des produits textiles aux stades successifs de leur élaboration, le degrée d'équilibre atteint, du point de vue national, dans les différentes phases de la production, par les principales industries textiles considérées chacune dans leur ensemble, et étudier en même temps l’évolution à ce point de vue au cours de la période envisagée.

Une des conséquences les plus importantes des déséquilibres qui affectent profondément à l'heure actuelle la structure économique internationale, est la tendance des unités économiques nationales à se replier sur elles-mêmes et à chercher, par une politique d'isolement, le rétablissement à l'intérieur de leurs frontiàres d'un certain équilibre économique. Ce phénomène, auquel on a donné le nom d'« autarchie » n'a pas encore fait l'objet d'une etude systématique du point de vue de l'économie beige.

Il était done intéressant d'examiner si l'évolution des principales activités économiques de notre pays au cours des derniéres années permettait de discerner le développement d'une tendance « autarchique » et d'étudier en même temps comment s'était opérée 1'adaptation nécessaire aux conditions nouvelles des échanges internationaux. Tel a été l'obiet de l'étude que nous publions auiourd'hui.

Malgré les efforts renouvelés de redressement budgétaire, le problème des finances publiques ne cesse pas d'etre l'un des plus ardus à résoudre et les perspectives pour l'avenir restent peu encourageantes. Certes, on peut se feliciter que les mesures prises soient parvenues à maintenir l'équilibre des budgets 1933 et 1934. Le mali global pour les deux budgets reunis ne depasse pas 184 millions, ce qui ne represente que 1% de leur montant global. Ce résultat est du à une augmentation des impots, laquelle s'élève à 2.200.000.000 depuis 1930 et à des compressions de depenses admi-nistratives qui s'echelonnent de 1932 a 1934 et s'élèvent à plus de 1.800.000.000 de francs.

En terminant notre dernière chronique, datée du 10 mars 1935, nous conditions notre diagnostic comme suit :

«L'appréciation générale que nous avons donnée de la situation beige en novembre 1934 reflète encore exactement les conditions actuelles.

« Loin de s'améliorer, notre diagnostic de la conjoncture économique doit constater chaque trimestre une aggravation de la crise, surtout lorsque nous nous penchons sur ses conséquences sociales et lorsque nous découvrons, derrière le mouvement des séries statistiques, raffaiblissement persistant de tous les. rouages de notre vie économique, sous la pression de la crise et de la baisse des prix. S'il n'y avait encore que les résultats que décèlent les moyennes, nous pourrions nous estimer heureux ! Mais dans la complexité des relations juridiques modernes, le sort différent réservé aux ressources et aux charges joue comme un mecanisme aveugle, « nettoyant» les revenus et l'épargne des uns, tandis qu'il égratigne seulement les autres et favorise un petit nombre. »

A la bourse de Bruxelles, les cours ont continué à rester entièrement déprimés, l'indice des actions étant à 27 le 2 novembre contre 26 le Ier août. Cette évolution est en rapport ayec celle des bourses de Paris et d'Amsterdam. New-York est aussi faible depuis le début de l'année. Seuls les pays de la « sterling area » marquent un progrès régulier des cours, en rapport avec le retour d'une marge bénéficiaire dans de nombreuses entreprises- (cfr. graphique I).

Dans notre dernière chronique, nous avons été amené à expliquer en quoi la dévaluation du franc modifiait fondamentalement les facteurs régissant la conjoncture économique beige.

L'attention a été principalement attirée sur les changements intervenus dans l'équilibre des prix et sur le fait que les nouvelles relations de prix devaient tendre à une expansion de la vie économique, tandis que les anciennes relations poussaient à une contraction générate de celle-ci. Sauf les premiers mouvements de nos indices de prix, il n'était toutefois pas encore possible d'indiquer des résultats acquis. Ce sera notre tâche, aujourd'hui, de commenter ces premiers résultats.

Comme nous le laissions prévoir la dernière fois, les perspectives restent diatmètralement opposées selon que l'on considère le marché intérieur ou les relations internationales.

Ce qui caractérise, en ces dernières années, l'activité économique de la colonie, c'est d'abord le développement de l'exploitation et de la prospection des mines; c'est ensuite une politique de soutien de la production agricole et une orientation décidée vers le paysannat indigène; ce sont enfin les efforts combinés pour une économie meilleure des transports.

On ne construit plus guere de nouvelles routes en Belgique et les quelques change-ments qui ont modifié en ces dernieres années le tableau de la voirie proviennent presque exclusivement d'un nouveau classement de routes.