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Nos responsabilités sociales(1)

Published online by Cambridge University Press:  17 August 2016

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Il n’est point d’homme qui, au cours de l’existence, ne se forge quelque idole à qui consciemment ou inconsciemment, il croit bientôt devoir demander la solution de tous les problèmes. A cette aventure de l’esprit, l’économiste non moins que tout autre mortel, est exposé. C’est là chose qui serait invariablement plaisante si elle n’apparaissait parfois éminemment dangereuse. Elle l’est tout particulièrement lorsque, abandonnant les sphères ethérées de la théorie pure, l’éconcmiste se décide à rejoindre notre monde pour lui proposer le fruit de ses méditations aux fins de solution des graves problèmes sociaux qui agitent notre époque. Soucieux avant tout de l’heureuse évolution des affaires économiques de ce monde, il n’est que trop aisément tenté, en effet, d’assigner une importance injustifiée à ces affaires dans la conduite de notre vie sociale. Partant, il n’est que trop porté à oublier que le bien économique dont il poursuit le développement ne constitue qu’un aspect du bien social, et non point nécessairement le plus important. En fait, les meilleures choses de la vie ne se négocient, ni ne s’achètent. Le bonheur dont on jouit n’est jamais à la mesure des revenus dont on dispose. Encore moins ceux-ci témoignent-ils de la dignité humaine de celui auquel ils sont offerts. Les valeurs humaines se jugent sur un plan différent de celui sur lequel les valeurs marchandes s’apprécient.

Ces considérations s’inspirent évidemment de bons sentiments. A ce titre, elles peuvent déjà utilement suggérer nos problèmes et orienter même très heureusement notre intelligence dans la découverte des solutions qu’il lui appartient de découvrir. Elles ont cependant un fondement plus solide. L’Economique, en effet, n’est point La Science Sociale. Elle n’est qu’une science sociale parmi d’autres, auxquelles elle est d’ailleurs souvent subordonnée. Elle l’est à l’égard de la Sociologie qui étudie les lois qui règlent la constitution et le bon fonctionnement de l’organisme social. Elle l’est encore à l’égard de la Science politique qui établit les lois du gouvernement de la société conformément à sa fin. Sociologie et Science politique, à leur tour, sont subordonnées à la Morale sociale qui précise les lois de la conscience auxquelles notre activité sociale doit se soumettre afin que celle-ci s’ordonne au bien intégral de l’homme. A fortiori, l’Economique qui se propose un bien particulier doit-elle se conformer à ces préceptes supérieurs dans la mesure où ce bien particulier est subordonné au bien intégral.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Université catholique de Louvain, Institut de recherches économiques et sociales 1937

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References

page 5 note (1) La première partie de cet exposé a fait l’objet de la leçon inaugurale du cours intitulé « Problèmes de Sociologie Economique » à l’Institut des Recherches Economiques, le vendredi 22 octobre 1937.

page 7 note (1) Cité par le R. P. ALBERT MULLER S. J. — « Nos responsabilités sociales » — Les Archives du Manuel social.

page 10 note (1) Dr. ALEXIS CARREL, « L’homme, cet inconnu ». — Paris, Librairie Plon, 1936, p. 30 et 31.

page 13 note (1) Ministère des Affaires Economiques. Commission d’Orientation industrielle. « Rapport préliminaire général sur la réorientation économique de la Belgique ». 1936, p. 34.

page 14 note (1) Cfr. la conférence de M. ROUSSEAU, Directeur général des A. C. E. C, publiée dans le « Bulletin du Comité Central Industriel » du 8 janvier 1936.

page 15 note (1) A ces considérations, on objectera vraisemblablement que dans la mesure où les ingénieurs universitaires ont subi la concurrence d’ingénieurs techniciens, celle-ci fut passagère et qu’à l’heure présente, la plupart de nos ingénieurs universitaires trouvent si aisément emploi qu’il est même question d’une certaine pénurie.ce qui, dira-t-on, témoigne de l’excellence avec laquelle ils remplissent leurs fonctions et prouve l’inanité de nos critiques. A cette argumentation, nous répondons: 1°) que la demande dont bénéficient nos ingénieurs universitaires est largement traditionnelle et pourrait tout aussi bien s’orienter vers des ingénieurs techniciens pour nombre d’emplois qui leur sont confiés; 2°) que l’excellence avec laquelle les ingénieurs universitaires remplissent leurs fonctions n’est point mise en cause, mais bien la non-conformité de la tâche qui leur est assignée avec les aptitudes dont ils doivent pouvoir témoigner; 3°) que la concurrence des ingénieurs techniciens ne doit pas nécessairement menacer les ingénieurs universitaires dans leur emploi mais peut tout aussi bien se traduire par une dépréciation du traitement qui rémunère ce dernier.

page 15 note (2) Dr. ALEXIS CARREL. — « L’homme, cet inconnu » — Paris, Librairie Plon, 1936, p. 23.

page 15 note (3) Ibidem.