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XVI.—L'Art Dans Les Contes Dévots de Gautier de Coincy

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Extract

Gautier de Coincy, ou Quency, ou Comsy, ou Coinsy, ou Coigny, est, on le sait, ce moine bénédictin, Prieur de Vic-sur Aisne, puis de Saint Médard près de Soissons, qui au début de la relativement brillante période littéraire du XIIIe siècle, écrivit en français la collection la plus importante qui nous soit parvenue des Miracles de Notre Dame. Son œuvre entière, dont la plus grande partie de beaucoup consiste en ces contes rimés, comprend 30 à 40,000 vers. Il a été parfois étudié par les savants, mais les hommes de lettres, considérant un poète du point de vue de sa valeur intrinsèque et artistique, n'ont pas encore été tentés fortement. Pourtant son œuvre est importante. Les hommes qui connaissent le mieux leur Moyen-Age s'en rendent compte et appellent de leurs vœux depuis longtemps le Romaniste dévoué qui mettra la main à une édition scientifique de notre auteur. Plusieurs travailleurs, comme Mussafia et Paul Meyer, ont posé les premiers jalons.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1907

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References

page 465 note 1 On le reconnait de plus en plus. Voir p. ex. F. Picavet, Esquisse d'une Histoire générale et comparée des Philosophies médiévales, Paris, Alcan. 1905.

page 466 note 1 Pour les autres poèmes qui sont peut-être de Gautier, “La nativité N. D. sainte Marie,” “ Dou beneoit dent que nostre sire mua en s'enfance,” “ La nativité nostre seigneur Jesu Christ et ses enfances, ” “La genealogie Nostre Dame,” “L'Assumption Nostre Dame,” “La vie et les faiz Jesu Crist,” Voir R. Reinsch, Dichtungen Gautier's von Coinsy, Herrig's Archiv, Band 67, Ss. 73–98, 233–268.

page 466 note 2 Gautier ne se fait pas d'illusions sur ses talents de poète, et il n'est que juste de mettre à son crédit dès l'abord cette louable franchise. Il a d'ailleurs d'autres visées, l'édification religieuse.

Moult rudement espoir dirai
Com cil qui n'a pas grand savoir,
Mais saint Jeroime fait savoir
Et bien le diet l'autoritez,
Que simplement la veritez
Vaut miex a dire rudement
Que biau mentir et soutilment.
En ces miracles a retraire
A profiter be plus que plaire
Plus weil ensuivre le prophete
Que je ne face le poete.
Plus penre weil sur saint Jehan.
Et sus saint Luc que sur Lucan.
Plus be a penre en l'evangile
Qu'en Juvenal ne qu'en Virgile,
Plus be a plaire a Notre Dame
Et se be plus a aucune ame
A s'amour sachier et atraire
Par simplement le voir retraire
Que je ne be a plaire aus genz
Par dire moz polis et genz.
Li simple mot charchie de fruit
Valent moult miex si com je cuit
Et plus a l'ame sunt vaillant
Que mot agu ne mot taillant
Que pluseur dient por renom
Ou il n'a rien se fueilles non. ...
(Prol. au 2d livre, v. 56–82, ed. Poquet, Col. 376–377.3)

page 466 note 3 Nous citerons toujours, sauf mention spéciale, l'édition Poquet.

page 467 note 1 Voir aussi Col. 662, v. 574–585, Col. 571–574 passim, et Col. 649 ss., Le miracle de Notre Dame de Sardenay.

page 468 note 1 Voir aussi Col. 390, iv, iii.

page 474 note 1 Voir une étude de C. Fritsche dans les Rom. Forschungen, ii, 247–279, and iii, 337–369, Die lateinischen Visionen des Mittelalters bis zur Mitte des XII. Jahrhunderts. On y trouve les représentations de l'enfer et du paradis avant l'époque de Gautier. Depuis les Prophètes et les apocryphes, en passant par les Pères de l'Eglise, l'auteur fait aboutir à Dante cette longue évolution.

page 475 note 1 Comparez une scène assez semblable dans le Dit du povre chevalier, publiè par Jubinal, Nouveau Recueil de Contes, pp. 138–144.

page 478 note 1 Le chevalier de la tour Landry est allé plus loin que Gautier dans ce sujet, cf. chap. IX et chap. li.

page 479 note 1 Sorte de loutre fort puante (Poquet).

page 480 note 1 Jehan le Marchant, l'imitateur de Gautier, lui a emprunté aussi ce procédé mais aveuglément. En outre il n'a pas l'abondance de son modèle. Voici un exemple de réalisme excessif. Il est tiré du miracle 7 “D'une meschine de Saint Prest que N. D. resoucita de mort à vie.” La mère prie la Vierge pour l'enfant qui s'est noyée.

La douce dame glorieuse
La mere qui ert angoisseuse
Regarda piteiablement
Et oi debonneirement
Son pleint, son plor et ses prieres
Qu'il avint, ne demora guieres
Que li enfans qui estoit mors

Mist hors la bouche a grant gort
L'eive qui ert ou corps entree,
Dont ele avoit pris tele ventree
Que pou le ventre ne creva.
Mes par miracles s'esseua,
Que leive sen eissi trestoute
Si que ou ventre n'en remest goute.

page 481 note 1 Il est vrai que certaines collections latines sont dans le même cas.

page 482 note 1 Poquet a supprimé ces quatre derniers vers; nous les empruntons à Barbazon et Méon, vol. ii.

page 484 note 1 Nous devons à l'équité de dire que l'idée de cette prière peut être venue à Gautier d'un texte latin. Elle est employée dans un autre contexte. (Cf. Speculum historiale, L. vii, ch. 84.)

page 485 note 1 Une grande partie des textes latins que nous insérons, ici et plus bas, sont empruntés à l'admirable anthologie de Rémy de Gourmont Le latin mystique (Paris, Merc, de France, 2 éd., 1892). Voir aussi l'hymne abécédaire de Sedulius (v° siècle) comme parallèle à celui d'Ambroise, Baumgartner, Lat. und Griech. Lit. d. Chr. Welt (1905), S. 196, et Adam de St. Victor (ibid., p. 450).

page 488 note 1 Voir par exemple certains passages cités par F. W. Roth, pp. 429–461 du vol. vi des Romanische Forschungen, e. g., ii, v. 281–292.

page 492 note 1 Voir p. ex. dans le Speculum Historiale, vii, 104 b., l'histoire du jongleur qui maudit l'une après l'autre toutes les parties du corps de Marie, et quand il arrive au ventre, “ maledicturas ventrem,” il tombe mort. Ou cette courte prière du recueil mentionné plus haut publié par Donai: “Beata mater et innupta virgo gloriosa, ... impregnata a Spiritu Sancto, benedicti oculi tui sancti, benedicta anima tua sancta, benedictum corpus tuum sanctum, benedicta tua verba sancta, benedictus uterus tuus sanctus, qui meruit portare Dominum ante secula Deum. Domina sancta Maria, mater regis eterni, virgo perpetua, ego peccator et infelix deprecor te per. Dominum nostrum Jhesum Christum, quem meruisti portare in sancto utero tuo. ... Deprecare, Domina, Dominum nostrum ... qui ex te suscepit carnem immaculatam sine virile commixtione, Jhesus Christus. ...”

page 494 note 1 Comme du reste l'Ave Maria de Rutebeuf.

page 494 note 2 La même remarque s'impose en ce qui concerne la mort. Gautier ne nous fait pas frémir, comme Villon. Il prend ce sujet comme un peu chacun au Moyen-Age. La crainte de la mort était un des grands moyens d'action de l'Eglise. Mais Gautier répète simplement ce qu'on lui a appris; ses vers sont parfois supportables, il leur manque cependant l'émotion du senti, la sincérité. Les deux plus importants morceaux sont le poème “De la doutance de la mort et de la brievete de la vie ” (Col. 687–706, Des 809 vers de la pièce, le meilleur passage est Col. 694, T. 215 ss.), et une longue digression dans “Du miracle de l'escommenie qui ne poroit trouver qui l'asousit” (Col. 590–591, v. 755–785).

page 496 note 1 De la littérature religieuse, l'image a passé dans la littérature profane, et s'y est longuement maintenne. Elle est remarquablement frequente chez Ronsard. Puis elle devient plus rare à mesure que l'écart entre auteurs theologiens et profanes s'accentue. On la retrouve à l'occasion chez Musset ou Balzac.

page 498 note 1 Le Grand d'Aussy, au volume ii de son recueil de fabliaux et histoires du Moyen-Age (page 124), à propos du Chevalier à l'épée, écrit cette note; que nous reproduisons sans en endosser la responsabilité: “Cette pièce (la fierce) dans l'orient—d'où vient le jeu d'échecs, cela est connu—s'appelle le ministre; elle ne peut aller que de case en case comme le pion et ne s'éloigner du roi que de deux. De ce ministre la galanterie chevaleresque fit une dame, puis trouvant que cette marche gênée, trop ressemblante à l'esclavage des femmes d'Asie et contraire aux égards dont jouissaient celles d'Europe, ne lui convenait pas, ils lui en donnèrent une aussi libre qu'elle pouvait l'être et en firent la pièce de toutes la plus importante.”

page 508 note 1 Nous voudrions saisir cette occasion pour remercier M. le professeur Warren pour l'obligeance avec laquelle il a mis à notre service son abondante documentation sur ce sujet avant même la publication de ses études alors que nous lui avions parlé du présent travail.

On trouvers aussi quelques exemples de vers de ce genre dans le vol. 6 des Romanische Forschungen, pp. 421–461.

De France ce procédé passa en Angleterre. Voir O. Heider, Untersuchungen zur mittelengl. erotischen Lyrik, p. 12 ss., et pour plus tard F. G. Hubbard, Repetition and Paralellism in the earlier Elizabethan Drama (Publications of the Modern Language Association, June, 1906).

page 512 note 1 Ici encore je renvoie aux textes publies par F. W. Roth dans Romanische Forschungen, vol. vi, pp. 429–61. Il y a des exemples de presque toutes ces formes de versification religieuse latine.