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Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
Dans la Xe édition de la Chrestomathie de l'ancien français de Bartsch-Wiese on lit le début du plus ancien texte a. fr. traitant la matière d'Alexandre, dans la forme suivante:
Cette façon de ponctuer, qui ne se trouve pas dans les autres éditions (qui, il est vrai, n'introduisent pas de ponctuations: P. Meyer, Stengel etc.), semble intimer que le poète, après avoir cité les deux lignes extraites de l'Ecclésiaste, veut nous apprendre que, étant infirme, il a trouvé moyen (il lui ‘est donné lieu’: l'explication de Foerster, ZRPh, vi, 423) d'occuper ses loisirs (forces) par l'étude de l'antiquité—étude qui nous délivre de la vanité du monde [et ainsi il étudiera l'histoire du héros ancien Alexandre]. Le poète (Foerster dit expressément: “meine [des Verfassers] Krankheit”) aurait alors mis en scène sa propre personne en nous informant de l'état de sa santé physique (infirme comme celle du vieux roi biblique)—et peut-être morale (serait-il sage comme Salomon?). Le cas rappellerait trop la fameuse explication, désormais datée, du dernier vers de la Chanson de Roland par feu Holbrook: [Ci falt la geste] que Turoldus declinet ‘car la vie de T. décline’ = il est vieux et ne peut plus continuer (après avoir composé 4000 vers!). Les anciens trouvères n'étaient pas à ce point autobiographical-minded—ils effaçaient leur personnalité devant les grands thèmes qu'ils chantaient. C'est le biographical approach des critiques modernes qui soupçonne des personnalités là où il n'y a qu'objectivité.
1 Une chanson d'étudiants allemande (que je savais vaguement par cœur et que mon ami M. Sperber m'a fait retrouver dans Schauenburg, Allgemeines deutsches Commersbuch, p. 477) présente Salomon à l'envers de ce que dit la Bible de sa vieillesse, plutôt vouée à la polygamie et à l'idolâtrie (Rois iii, U. 3–4) : “Der David und der Salomo, / das waren arge Sünder, / sie trieben weidlich sich herum / und zeugten viele Kinder. // Doch, als sie nicht mehr konnten so, / von wegen hohen Alters, / da schrieb die Sprüche Salomo / und David seine Psalters. ”
Je ne veux pourtant pas donner l'impression au lecteur que notre poète ancien expliquait la sagesse de Salomon par l'impuissance sexuelle. Il aura plutôt pensé comme les Grecs: 'H ou comme Victor Hugo: “L'humanité s'affirme par l'infirmité, ”et son Salomon sera un parallèle à Booz: “… Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. // Le vieillard, qui revient à la source première, / Entre aux jours éternels et sort des jours changeants; / Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, / Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière. ”Touchant spectacle que donne cet auteur médiéval qui, en traitant du jeune homme beau, fascinant par le changement, que fut Alexandre, implore le secours du vieillard sage qui est “rentré aux jours éternels. ”
1a Ce sont ces sortes de contradictions à l'intérieur du texte de l'Ecclesiaste qui ont fait admettre aux critiques modernes plusieurs auteurs du livre en question.
2 Wilmanns, Gött. Gel. Anz. (1885), p. 293, montre un préjugé contre Lamprecht que j'ai connu chez plusieurs germanisants éclairés: en réaction contre le nationalisme flagrant de la majorité de leurs collègues, ils exagéraient dans le sens opposé et ne trouvaient qu'imitation servile et manque d'art dans les oeuvres moyen-haut-allemandes. L'un d'eux me disait: “Si j'avais à recommencer ma carrière, je me ferais romanisant. ”Wilmanns est de cette catégorie et il ne veut reconnaître en Lamprecht qu'un plat rimeur et délayeur: il a servilement suivi son modèle français, mais il a eu devant les yeux une meilleure version, celle d'Albéric étant “unvollständig überliefert. ”Cette logique est loin d'être impeccable: comment peut-il déclarer un texte français qu'il ne connaît pas, meilleur qu'un texte allemand conservé? Aux yeux du romanisant, le fragment d'Albéric ne présente aucune lacune. Wilmanns pense que les idées d'Albéric dans notre passage ont déjà été exprimées par l'original (inexistant) français. Comme il ne songe qu'à donner de bonnes notes au poète français, de mauvaises au remanieur allemand, il ne se pose pas la question d'une attitude différente—et en effet il me semble s'agir, non de meilleure ou pire composition, mais d'un programme poétique différent.—Les vv. 93–94 du fragment français où le professeur de langues semblerait être chargé aussi d'une ‘Teil der Unterweisung in den Waffen ”(‘et fayr a seyr et a matin / agayt encuntre son vicin,’ traduit ‘Wache stehen’) serait un “Unsinn ”d'après Wilmanns, qui ne pourrait être attribué qu'à un scribe continuant des vers en -in (matin, vicin suivant armin etc.). Mais peut-être fayr agait encuntre son vicin veut dire ‘guetter le voisin,’ c'est à dire rivaliser avec ses camarades d'école (du magisteyr, v. 80; cf. le déni, par l'écolier-modèle, d'un seul regard à un fol omen ou écuyer v. 79–80). Je crois pouvoir appuyer cette interprétation par les lignes de l'Historia de preliis: “in scolis itaque, ubi sedebat (cum discipulis) pugnabat cum eis tam in literis quam in loquelis et velocitate obtinebat principatum.”—Wilmanns dit: “der gröbere Geschmack sucht grellere Farben und seltsamere Züge, ”mais il ne souffle mot du caractère plus exotique qu'a dès le commencement le “wunderliche Alexander ”de Lamprecht (sur cette épithète v. le glossaire de Kinzel).—Je ne sais si on a relevé, en regard du délayage évident de Lamprecht, dont les strophes semblent volontiers prendre la tangente, la manière énergique dont Aléric a su agencer ses strophes par une sorte de ‘recommencement,’ qui, loin de récapituler une situation, comme ce sera l'usage de la chanson de geste, rattache une strophe à la précédente par des ‘mots-motifs’: str. 6: ‘dun Alexandre genuit'—str. 7: ‘Reys Alexander quant fut naz’; str. 7: ‘que reys est forz en terre naz’—str. 8: ‘En tal forma fud naz lo reys’; str. 11 (avant-dernier vers): … en magisteyr—str. 12 (premier vers): ‘Magestres ab beyn affactaz.‘
3 L'attitude de l'harmonisation de textes scripturaires facilite même de ‘fausses’ attributions de la part des trouvères: p. ex. dans le chapitre sur la panthère du Bestiaire de Phillippe de Thaun v. 527 seq. nous lisons: “Deus, ço dit Salemun / Que pan est sun dreit num; / Pan c'est tut. Deus est pan / … Uns est en deité, / Tut en humanité; / Deus est tut fundement / Et bien de tute gent: / Si cum li sols uns est… / Issi est Deus luur / E nous si rai plusur./ Uns est multiplianz,/Sultiz, nobles, vaillanz, Nez … ”[les épithètes continuent encore dans quatre vers]. Or, ce n'est que la série d'épithètes qui est prise de Liber Sapientiae viii, 22–23, le reste est puisé ailleurs, p. ex. l'étude étymologique de panthère = gr. dans Isidore, Etym. xii, i, ii—pourtant le raisonnement entier est attribué à Salomon. De même au v. 519 nous lisons: “E ço avum oï / Del prophète Davi / Jesus en halt muntat, / Nostre dolur portat. ”Mais David au psaume lxvii, 19 ne parle pas de Jésus, c'est saint Paul dans la lettre aux Ephésiens iv qui fait cette identification (et notre poète met encore dans la bouche du psalmiste l'idée du agnus dei qui tollis peccata mundi de l'Evangile selon saint Jean). Un autre passage attribué par cet auteur à Salomon, alors qu'il vient du livre de Job, est mentionné par M. Mann, “Der Physiologus des Philipp von Thaün und seine Quellen ”(Halle, 1884), p. 54: M. Mann parle d'une ‘erreur.’ Or il s'agit d'un concrétisme scripturaire voulu. Eviter l'anachronisme n'est pas une préoccupation s'imposant à un auteur qui voit le corpus de l'enseignement éternellement chrétien sans échelonnement historique. C'est ainsi qu'un texte scripturaire en appelle un autre et ne peut être détaché de la ‘somme’ de la Bible, qui, elle, est comme un tapis dont chaque motif, enchevêtré avec les autres, représente le tout—de même tout animal, plante, minéral représente le tout de la création dans ce Bestiaire.
4 J'ai allégué des exemples parallèles en a. esp. dans ZRPh, xxxv, 205, et on a constaté le même usage pour l'anglosaxon ginnan ‘to begin.‘
5 Suchier ne voit, il est vrai, que le côté grammatical de la ‘Lehnform’ (forme calquée sur le latin), il ne s'aperçoit pas du fait psychologique: c'est que tout arbre généalogique de famille princière au moyen âge prend la forme indiquée dans le liber generationis du Christ (selon s. Mathieu I) par la kyrielle des genuit—c'est une sorte de ‘postfiguration’ involontaire: je me permets de forger ce terme pour l'opposer à la préfiguration plus connue (grâce à M. Auerbach), qui consiste à antidater des événements de l'histoire de l'incarnation du Christ en les reconnaissant dans l'Ancien Testament ou dans les poètes païens. Ce genuit christianise la généalogie d'Alexandre, de même que les signes du ciel lors de sa naissance en font un héros biblique.—Suchier n'insiste pas non plus sur le caractère de ‘Augenblicksbildung’ que doivent avoir eu les premières formations hybrides de ce genre: le passage du Roland avec resurrexis ‘tu ressuscitas’ à la 2e pers. ne doit pas seulement s'interpréter comme ‘formation à base de proportion’ (lat. resurrexit>fr. resurrexit, de là d'après fuit-fuis une seconde personne resurrexis), mais plutôt comme un thème latin resurrex-, auquel le trouvère français ajoute librement un -is français: dans le système traditionnel il faudrait imprimer: resurrex-is. De même esvanuit était d'abord un esvanuit. Naturellement, plus tard ces hybridismes ne sont plus compris comme tels et nous avons des verbes français engenouïr, esvanouïr bien constitués.
6 Meyer-Lübke n'a pas raison de parler dans sa Ital. Gr., p. 180, de regno feminoro, lingua angeloro comme de “dem Sprachgeist wenig angemessene Latinismen, ”dans sa Hist. Gr. d. frz. Spr., i, 174 (geste Francour etc.) de “Ausdrücke der mittellateinischen Schriftsprache”: il s'agit à l'origine de formes de style (naturellement plus tard, comme pour le type évanouir, la pétrification de certaines expressions s'accomplit: fr. Chandeleur, prov. nadalor, calendar etc.; a. fr. milsoldour devenu adjectif qualificatif).—Un latinisme, pareillement assimilé, se cache derriève la locution a. fr. loi, terre, enseigne paieni(s)me: c'est un génitif du sing. paganismi, que nos grammaires devraient enregistrer.
7 Voici le texte de sa remarque judicieuse (“Romanische Literaturen des Mittelalters, ”p. 15). “Ein schwacher Nachklang dieser [asketischen] Stimmung ist noch in den Eingangsversen … zu vernehmen; freilich aber mit dem ungewöhnlichen Bekenntnis, dass das Altertum das einzige Heilmittel gegen die Eitelkeit der Welt ist… . Alberich [zeichnet] in seinem Alexander die Märchengestalt eines mit allen höfischen und ritterlichen Tugenden ausgestatteten Fürstenkindes und stellt uns mit nicht geringer Begeisterung dieses weltliche Idealbild dem asketischen gegenüber. Man hatte offenbar vor lauter Heiligen die Helden nicht vergessen. ”—La ‘confession extraordinaire’ d'Albéric n'a pas été comprise par tous les remanieurs français: le ms. imprimé par P. Meyer (i, 119) explique: ‘Quand le roi Salomon fit son premier livre, il parla de la vanité du monde dont il recherchait l'histoire; il prophétisa l'avènement du Christ: et toutefois il écrivit aussi l'histoire d'Alexandre.‘ Voilà donc un Salomon, non pas conseiller d'historiens séculiers, mais historien lui-même, et prophète chrétien.
8 Wilmanns croit au contraire reconnaître dans ces vers (il lit faz ind., non pas, comme nous aujourd'hui, foz’ =faza subj.) une paraphrase d‘Eccl. iii. 22 : [Salomon exhorte l'homme à travailler joyeusement à l'oeuvre nécessaire du jour, in opere suo] ‘Quis enim eum adducet, ut post se futura cognoscat?’: “Keines Menschen Blick dringt in die Zukunft; darum solaz nos faz antiquitas … . ”Mais de l'impossibilité de pénétrer l'avenir ne suit pas absolument l'étude du passé—notre Salomon en déduisait précisément l'occupation du travail dans le présent. Ce serait donc une idée assez inattendue, d'ailleurs pas du tout dans la ligne du raisonnement antérieur.
9 Dans les prologues de différentes œuvres romanesques nous trouvons l'écho d'un Salomon ‘optimiste’ justifiant le labeur de l'historien, ou, ce qui est à peu près la même chose dans ce climat d'idées, du ‘romancier’; ainsi Benoît de Sainte-More commence son Roman de Troie: ‘Salomon nos enseigne e dit / E si. l list ont en son escrit / Que nus ne deit son sen celer, / Ains le doit om si demonstrer / Que l'om i ait pro e honor, / Qu'ensi firent li ancessor.’ Cette idée se retrouve dans le prologue des Lais de Marie de France (jointe à une allusion au seminati sunt—fructificant de Marc, cf. aussi Roman de Troie vv. 31, 21), et dans beaucoup de débuts de ‘romans’ (mentionnés par G. Otto, Der Einfluss des Roman de Thèbes [Goettingue, 1909], p. 1: Thèbes, Wace etc.), mais sans la mention de Salomon. M. Nitze, Rom. xliv, 20, a prouvé que ce topos remonte au Liber sapientiae, considéré comme canonique et attribué à Salomon au moyen-âge (vii, 13 … et honestatem illius [sapientiae] non abscondo). Albéric et l'auteur du Roman de Troie se comportent comme si la littérature d'amusement devait se mettre sous l'égide du roi juif qui, ayant reconnu la vanité du monde, devait avoir connu le monde (dans le R. de Troie la faiblesse amoureuse d'Achille est excusée par celle de Salomon, vv. 18444 seq.). Dans la Estoria General d'Alphonse X la même maxime est attribuée à Platon (Antología publiée par Solalinde, Buenos Aires 1941, p. 126)—télescopage dont j'ai discuté la raison dogmatique dans note 3. Le Alexandre de Gonzalo de Berceo supprime Salomon, mais conserve l'adage ‘deve de lo que sabe omne largo seer / se no podrie de culpa o de rieto caer’; ce poète, qui se vante de sa compétence technique en mester de clerecía, a abrégé le prologue: il conduira le lecteur médias in res (‘non vos quiero grant prologo / nen grandes nuevas fer’), mais il a vu le problème du poète chrétien chantant un ‘rey pagano’: il se met à l'abri de tout reproche en invoquant Jésus-Christ (ou ‘le Créateur,’ selon une variante de l'éd. R. S. Willis, jr., “Elliott Monographs ”32).
10 Est-on en droit de supposer une critique enveloppée dans le second vers? quand de son libre mot lo clas a été excellemment rendu par P. Meyer: “quand il fait résonner la voix de son livre. ”Il faut se souvenir du caractère oral et acoustique de cette ancienne poésie épique, que nous autres critiques modernes avons accoutumé à lire: on entendait chanter ou lire la Bible et aussi les poésies séculières, donc Salomon parle de vive voix aux croyants. Mais l'idée du fr. sonner le glas (de classicum, ‘signal de trompette’) ne serait-elle pas aussi présente au v. 2?—ce serait alors le glas sonné à toute la vanité du siècle par Salomon, et le que tot non sie vanitas du v. 8 proclamerait l'étude de l'antiquitas comme la seule chose qui puisse survivre à la condamnation salomonique de la vie.
11 On notera que Lamprecht applique aussi au début à Elberich les mêmes expressions qu'Albéric avait dédiées à Salomon: ‘Dû Elberich daz liet irhûb'—‘quant de son libre mot lo clas.’
12 On peut comparer la distinction que fit le Pfaffe Konrad en acceptant dans le Rôlandesliet les gestes symboliques de caractère religieux que la Chanson de Roland lui fournissait, mais en en rejetant tout ce que Ruth Hoppe (Koenigsberg, 1937) appelle “die romanische Geste, ”c'est à dire le geste (séculier) par lequel un héros affirme ou explicite son propre personnage devant la postérité.
13 P. 40: “Gerade weil er [Alexandre] nicht römisch, hiesig, bindend, augustisch war, als Wunschbild des Andern, Schweifenden, Vergänglichen, als Ewigkeit oder Wiederkunft des schönen Augenblicks, nicht als Dauer der notwendigen Gründung lebt er weiter, durch Zauber und Fluidum, nicht durch Werk und Gesetz … den einen [Alexandre] hat die Sucht nach Fülle und Ferne immer am echtesten gefeiert… den andern [César] die Freude an der Macht und dem festen Dasein. ”
14 Loc. cit., p. 68: “Cäsar ist im mittelalterlichen Gedächtnis ein Zaubername, dem sich Vorstellungen bestimmter Eigenschaften und unbestimmter Taten ansetzen. Die Taten wurden entweder durch Gerüchte oder durch Schriften aufbewahrt… die Eigenschaften waren vor ihm da als Universalia, welche man in jedem wiederfand und von jedem forderte dessen Name bezauberte… . ‘Il conquist toute le seignorie dou monde.’ ‘Ensi fu Cesar empereres de Rome et li plus poissans princes dou Monde, car il en ot bien desous lui les trois parties, k'il ot toutes conquises.’ … die Eigenschaften werden weniger gezeigt als vorausgesetzt. Weil Cäsar und Alexander berühmt sind, meldet man von ihnen … Berühmtheit ist nicht wie im Altertum Schicksal sondern Eigenschaft. ”Ces lignes magistrales, qui établissent le schéma (remplaçable par les héros les plus différents) du héros médiéval, sont d'autant plus remarquables qu'elles ont été écrites par un humaniste moderne dont le champ de travil était plutôt la poésie moderne en tant qu'héritière de l'antiquité.
15 Le vers 75 n'est pas encore suffisamment expliqué: ‘[Mels vay et cort de l'an primeir] que altre emfes del soyientieyr.’ Foerster-Koschwitz remarquent: “soyentieyrbis jetzt nicht erklärt: seylenieyrHof., seyentreyr Bartsch (=suivant), seist’ (?) entieir (integrum) Foerster; J. Cornu bessert ansprechend: dels oyt entieir mit Rücksicht auf a und c [Qi: ‘Li enfes crut de cors et d'esciant / Plus en · VIII · [variante · VII · b]anz qu'autres enfens en çant’]. Lamprecht 178: ‘in sînem êristen jâre wôchs ime mäht unde der lîb sîn mêr, dan einem anderen in drîn”; Bartsch-Wiese,10 intimidés par Foerster, ZFSL, xxvii2, 131, ont accepté le dels oyt entieir de Cornu. Il me semble évident que Lamprecht est plus raisonnable, c'est à dire plus proche de la source, que les MSS. a, b, c français, qui se lancent dans l'aventureux (comment peut-il y avoir d'autres enfants de l'âge de 100 ans?—exagération patente !): si Lamprecht admet une force trois fois plus grande que la normale pour le petit, pourquoi Albéric n'aurait-il pas parlé d'une force deux fois plus grande? (il faut noter que la croissance du nouveau-né était dans la proportion: 3 jours d'Alexandre=4 mois d'autres enfants d'après notre fragment, 3 jours=3 mois d'après Lamprecht—on ne pouvait pas continuer cette croissance extraordinaire indéfiniment). Je demande donc de corriger soyientieyr en soy[u]entier ‘suivant’ (un jambage de plus!), comme l'avait admis Bartsch dans la 4o édition de la Chrestomathie, mot représenté peut-être par le dialectal occidental souvendier au sens dérivé ‘bran’ (à moins que celui-ci ne représente un ∗sequenda-arius, REW s. v.) et muni du même -ier que premier, der(re)nier. Je ne vois pas sur quoi repose la protestation catégorique de Foerster. Appel se demande si soyentier, dans la version provençale qu'il a publiée dans sa Prov. Chrest., ne serait pas un segonlier ‘second,’ qui se trouve dans une pastourelle de Gu. Riquier (ibid. 65, 24): manyera segonteira ‘manières agréables’ (traduction d'Anglade), plutôt: ‘manière accomodante, secondant le désir de l'homme’ (cf. la reprise par leugeira par la bergère au v. 26)—ce dernier mot semble aussi indiquer un ∗sequentarius.