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Published online by Cambridge University Press: 02 December 2020
On a voulu voir dans le “cartésianisme dynamique ”de la fin du XVIIè siècle un mélange de méthode cartésienne et d'empirisme positiviste. Cette idée, que nous avons récemment critiquée, méconnaît l'opposition radicale qui sépare le rationalisme cartésien de la pensée empiriste. Il est intéressant, à ce propos, de remarquer que Descartes, lui, ne s'y est pas trompé; et son attitude envers Gassendi, ainsi d'ailleurs qu'envers Hobbes, nous le montre bien. Nous nous proposons dans cette étude d'examiner, d'un point de vue psychologique, les relations de Descartes avec Gassendi, et, sous l'opposition des doctrines, celle des tempéraments. Car il y a une histoire bien humaine derrière le célèbre dialogue: “O Esprit!—O Chair!”
1 “Du Cartésianisme à la philosophie des Lumières. ”R.R., xxxiv.
2 J. Bougerel, Vie de Gassendi (1737), pp. 95–96.
3 Gassendi à Peiresc, 21 juillet 1629, in: Lettres de Peiresc, éd. Tamizey de Larroque, iv, 201.
4 O.G. [i.e. Opera Gassendi] (Florence, 1727), iii, 591.
5 G. Cohen, Ecrivains Français en Hollande dans la première moitié du XVIIe siècle, p. 345.
6 Lettre à Peiresc du 11 décembre 1629, in: Lettres de Peiresc, iv, 236.
7 O.G., vi, 365.
8 Voici le titre de la brochure: Phaenomenon rarum et illustre Romae observatum XX. Martii anno 1629. Subjuncta est causarum explicatio brevis clarissimi philosophi ac mathematici D. Petri Gassendi. Amstelodami, apud Hesselum Gerardi. (une feuille in-4°, s.d.).
9 O.G., vi, 26, lettre à Reneri du 8 février 1630: “res nullius momenti est.”
10 Lettres de Peiresc, iv, 241–243: “… C'est pour le fait du phoenomène qu'il vous avoit pleu m'envoyer. Je vous advoiie que cest imprimé fust fagotté de la plus Batavoise façon qu'on sçauroit imaginer. Quand je vous en envoyay l'exemplaire je n'osay point vous escrire le particulier mescontentement que j'en avois receu. Je voyois bien que c'estoit chose faite et que si vous en deviez estre fasché vous mesme mon mal ne gueriroit pas le vostre. La seule chose qui me consoloit c'estoit que vous recognoistriez assez que si bien il y avoit eu de ma faute au moins le tout n'auroit point esté de mon fait. Maintenant que je vois le desplaizir que vous en avez eu pour les consequences que vous en craignez je ne m'en excuse point. Je confesse ingénument d'avoir failly de m'estre randu trop communicatif envers des gens qui en pouvoint abuser. Cella ne vous guérira pas et ne me rendra pas plus capable de mériter la continuation de voz bonnes graces, mais pour une chose desja passée je n'en sçaurois estre en autres termes. Si vostre lettre m'eust été portée à mesme que vous l'eustes escrite à l'adventure je vous eusse peu donner sinon tout, à tout le moins une partie du contentement que vous deziriez. M'ayant esté randue si tard j'ay esté bien empesché de me resouldre à ce que je devois faire. Car pour la Hollande ce qui pouvoit estre à distribuer le doit desja estre, et puis c'est là un pais auquel si on avoit eu vent qu'on dezirast la suppression de ceste piece, je me crains qu'on s'imaginast que ce dezir vinst de plus haut, et que cella peust donner sujet de la r'irnprimer et y adjouster peut estre quelque chose de pis. Pour ceste ville j'ay advisé que nous la pourrions bien faire réimprimer en meilleure forme, mais j'ay aussy considéré que ce seroit peut estre maintenant bien tard, et ai doute si par adventure la chose estant desja surannée, vous ne trouveriez point mieulx à propos qu'il ne s'en parlast plus pour tout. Ayant communiqué et vostre lettre et la peine en laquelle j'estois à Mr. Luillier mon camerade il a esté d'advis que nous feissions (sic) r'imprimer la piece icy. Son mouvement a esté que n'en faisant tirer que certain nombre de copies que nous pourrions toutes retenir par devers nous quand vous ne trouveriez point que la chose allast bien, la suppression nous en seroit aisée. J'ay trouvé qu'il avoit raison et que c'estoit là tout le mieulx que nous pouvions procurer veu l'estat de la chose pour vostre satisfaction. Cella a donc fait que j'ay un peu regratté ce sujet et luy ay donné presque toute une nouvelle forme. Elle est neantmoins telle que paraissant comme précédente au susdit imprimé, en cas que quelque copie dudit imprimé ait esté portée à Rome, il paroistra que ce n'aura esté que comme un extrait de ce qui aura esté imprimé icy. Je n'ay point trouvé à propos de l'addresser à Mr. le Cardinal Barberin tant parce que ce seigneur ne me cognoist point que parce que la piece ne le vaut pas, et puis la chose eust paru trop affectée ou pour vous ou pour moi, oultre ce que je n'eusse point sceu prendre de biais si advantageux pour vostre descharge en cas que quelque copie dudit imprimé fust desja tombée entre les mains de ce seigneur là. De la façon que je l'ay conceue c'est la plus grande partie, res gesta, car c'est une lettre ou pour le moins le sujet d'une lettre que j'escrivis en effet de Leyden à Amsterdam comme je voulois revenir, à un certain Renier qui m'avoit procuré la cognoissance du docteur Wassenaer et avoit esté cause que je luy avois communiqué ledit phénomène. Quand vous aurez veu ce que c'est vous m'ordonnerez ce que vous trouverez bon d'en faire. J'en ay desja donné le soin à Mr. Vitray qui d'abord qu'il a eu compris que c'estoit chose qui visoit à vostre contentement s'en est chargé d'une extreme allégresse. Il a desja fait graver la planche à celluy qui grave les chartes de leur Bible, et s'attend de faire composer dez demain le discours. Je pense que nous vous en pourrons envoyer par l'ordinaire prochain une espreuve …”
11 Cf. sa lettre du 8 octobre, Lettres de Peiresc, iv, 245. Le titre de la nouvelle édition est Parhelia, sive Soles quatuor qui circa verum apparuerunt Romae, die XX mensis Martii anno 1629, et de eisdem Petri Gassendi ad Henricum Renerium epistola.—Parisiis, excudebat A. Vitray, M.DC. XXX. (pp. 39, in–4°).
12 Cf. lettres à Kepler et à Schickard du 27 août 1630, à Galilée du 30 août à Golius du 6, septembre, à Erycius Puteanus, Th. Fienus, Aub. Myraeus et C. Gevarcius du 10 septembre 1630, au P. Scheiner du 13 janvier 1631; O.G., vi, 31 B–38 A.
13 O.G., vi, 33, lettre du 6 septembre 1630: “Accipies ecce cum his litteris exemplum meae ad te illius circa Parhelia epistolae in hac civitate excusae. Siquidem cum neque prostarent, quae requirebantur excerpti illius Amsterodamensis, exemplaria, neque ex-cerptum ea forma esset, quae mihi satisfacerel, passus sum earn, quam heic (sie) agnosces epistolam typis mandari. Cogitaram exemplum nullum in Hollandiam mittere, ne id cognoscens Typographus ille Amsterodamensis tibi succenseret; at pervidi tandem tua interesse, ut qualiscumque res foret, tuas in manus perveniret. Itaque ad te unum mitto; si nihil obstare judices, quominus res evulgetur, exempla aha pro amicis mittam. ”(Les italiques ne sont pas dans le texte.)
14 Cf. G. Cohen, op. cit., pp. 448–450; et O.D. [i.e. Œuvres de Descartes, édition Adam-Tannery], i, 29, éclaircissement.—M. Cohen suppose même, p. 453, que Descartes fut l'ami docte et fidèle auquel Reneri laissa le soin de la publication du Phaenomenon de Gassendi, en 1629. Aucun fait ne confirme cette hypothèse.
15 Lettre à Mersenne du 8 octobre 1629, O.D., i, 29: “… car i'ay résolu de l'exposer en public …”
16 O.D., vi; le phénomène de Rome est traité pp. 361–362.
17 Cf. Bougerel, op. cit., p. 191.
18 O.D., iii, 362–363; nous avons modernisé l'orthographe.
19 O.D., vii, 346.
20 O.D., iii, 365, 3°.
21 O.D., iii, 384 et 388–389.
22 S. Sorbière, Lettres et Discours … . (1660), in-4°, pp. 684–685, cité dans O.D., iii, 351; G. Sortais, La Philosophie Moderne depuis Bacon jusqu'à Leibniz, ii, 12; et G. Cohen, op. cit., pp. 530 et 581–582.
23 O.D., vii, 600, lignes 9–20.
24 O.D., iv, 61 et G. Sortais, op. cit., p. 53.
25 O.G., vi, 144.
26 Disquisitio …, pp. ∗2–∗3b.
27 Chez J. Blaeu, pp. xiv+319; in-4°. Les détails de la publication ne sont pas très clairs. Dans sa lettre à Gassendi du 18 avril 1644 (O.G., vi, 431–432), Sorbière ne mentionne pas la Disquisitio, et Gassendi ne reçut le premier exemplaire que le 2 mai 1644 (lettre à Sorbière, O.G., vi, 166); pourtant A. Heereboord la mentionne dès le 25 février 1644 dans une lettre à Gassendi. (cf. aussi G. Sortais, op. cit., p. 12). De même que la date de la parution, l'avertissement Typographus candido et erudito lectori soulève quelque problèmes; c'est une petite préface de la main de Sorbière, dans laquelle pourtant il s'abstient—(contre son habitude: v. la lettre que Mersenne lui écrivit à ce sujet le 5 novembre 1646, citée par G. Sortais, op. cit., pp. 204–205)—de dire trop de mal de Descartes, cet homme “laudabilis insaniae ”(comme il le qualifie dans sa lettre à Gassendi du 23 décembre 1643, O.G., vi, 426 B). C'est du moins ce qu'il déclare à Gassendi; pourtant Bougerel (op. cit., p. 465) affirme qu'il y a dans la Disquisitio un “Avis du Libraire ”injurieux pour Descartes; nous l'avons cherché en vain dans l'exemplaire de la Widener Library dont nous nous sommes servi (Phil. 2520.182). Gassendi avait d'ailleurs protesté énergiquement (lettre à Sorbière du 30 janvier 1644, O.G., vi, 159) contre les éloges excessifs que, dans cet “Avis, ”l'éditeur lui adressait. Il est possible qu'un tel Avis, élogieux pour Gassendi et injurieux pour Descartes, ait figuré dans un tirage du livre et ait été supprimé dans un autre.—Il en est de même du texte des Meditationes de Descartes: l'exemplaire de la Widener Library ne le contient pas, mais le remplace par un sommaire des Meditationes, annoncé au verso du titre et placé pp. 34–36; pourtant Gassendi a bien voulu que le texte fût ajouté sur six feuilles (v. sa lettre du 30 janvier 1644); l'existence de celles-ci est d'ailleurs attestée par O.D., vii, Avertissement, pp. vii–viii.—Il est donc possible que Sorbière ait fait faire deux tirages différents de la Disquisitio: un premier avec l'Avis au lecteur et le texte des Meditationes, et un autre sans ces pièces. De la part de Sorbière, ceci ne serait pas surprenant: on peut voir p. ex. l'histoire de son édition du De Cive de Hobbes racontée par A. Morize (Revue Germanique, 1908, pp. 195–204) et par G. Sortais, op. cit., 217–221. Sorbière d'ailleurs se garde bien de faire la lumière sur cette question (cf. sa Préface aux O.G., i, Praefalio p. xvi; sa lettre à P. Petit dans Lettres et Discours … de 1660 citée dans O.D., iv, 58–59 et G. Sortais, op. cit., p. 12).
28 Cf. la lettre de Bornius à Gassendi du 20 septembre 1644, O.G., vi, 442 A.
29 Lettre à Mersenne du 4 mars 1641 sur Hobbes: “J'aurois honte d'employer du tems a poursuivre le reste de ses fautes … je ne croy pas devoir jamais plus respondre a ce que vous pourriez m'envoyer de cet homme, que je pense devoir mespriser a l'extrême. ”Cf. G. Sortais, op. cit., p. 309.
30 Cf. aussi Descartes à Mersenne, 23 juin 1643, O.D., iii, 388, ligne 11, et 22 juillet 1641 (?), ibid., p. 416, lignes 10–20.
31 Lettre du 10 mai 1644, O.G., vi, 432 B.
32 Cité dans O.D., 410, et G. Cohen, op. cit., p. 582.
33 Cf. O.D., iv, 195.
34 O.D., ix, première partie, lettre à Clerselier, p. 203.
35 I “‘Avertissement ”de Descartes, l‘“Avertissement du Traducteur ”ainsi que la “Lettre de Monsieur Descartes à Monsieur C.L.R. ”ont été reproduits tous trois dans O.D., ix, première partie, pp. 198–217.
36 “Cum audivi Ludovicum Elzevirium, industrium Typographum, Meditationes meas una cum aliis Objectionibus praelo suo iterum subjicere decrevisse, rogavi ipsum ut quintas Objectiones omitteret. ”(O.D., vii, Avertissement, p. ix.)
37 Cf. Typographus Lectori, O.D., vii, Avertissement, p. x.
38 Lettres de Sorbière du 18 avril, de Bornius du 20 septembre 1644; de Rivet du 2 janvier 1645; réponses de Gassendi à Bornius du 1er octobre 1644, et à Rivet du 28 janvier 1645. V. aussi G. Sortais, op. cit., pp. 13–14.
39 V. le récit de Sorbière dans O.G., i, Praefatio, p. xxvii et la Vie de Descartes de Baillet, ii, 142.