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Tendances De Coupe Syllabique En Français

Published online by Cambridge University Press:  02 December 2020

Pierre Delattre*
Affiliation:
Wayne University

Extract

Nous ne nous occuperons, dans cet article, que des groupes intervocaliques de deux consonnes (exemple: aspect).

La structure syllabique n'est pas quelque chose d'absolument fixe en franjais, dit M. Gougenheim en se plaant du point de vue phonologique. Il va de soi que ce manque de fixit s'attribue aussi bien la coupe syllabique. On ne s'tonnera done pas de ce que les traits qui ont affaire avec la description phontique du franais vitent parfois ce sujet et que ceux qui en parlent soient rarement d'accord. Nous n'avons pas la prtention de trancher dfinitivement la question mais simplement d'tablir les tendances les plus apparentes de coupe syllabique en franais moderne. Dans ce but, nous avons relev des exemples de tous les groupes intervocaliques de deux consonnes qui peuvent se trouver dans la langue franjaise et nous les avons assembls dans le tableau I qui suit.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Modern Language Association of America, 1940

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References

1 G. Gougenheim, Eléments de phonologie française (Paris: Les Belles Lettres, 1935), p. 94.

2 Nous croyons qu'il n'y a généralement pas de différence entre le groupe de deux consonnes sans e instable et celui avec e instable entre les deux consonnes, pour un débit normal de conversation (cf. P. Delattre, “L'e muet dans la coupe syllabique,” Le français moderne, vii, 154–159.) D'autre part nous sommes parfaitement d'accord avec M. Gougenheim quand il dit que l'e instable entre consonnes à l'intérieur du mot peut “être prononcé dans certaines conditions stylistiques.” Gougenheim, op. cit., p. 97.

3 La succession de mots dont l'un se termine par une consonne et le suivant commence par une autre consonne offre généralement les mêmes conditions phonétiques de groupement consonantique que les groupes de consonnes entre voyelles à l'intérieur du mot (couplet, coupe-les; serment, sers-m'en), surtout si la voyelle n'est pas sous l'accent (complaisant, coupe-les-en). (Toutefois on peut faire une différence, sans ralentir le débit, quand les deux consonnes sont à grande aperture, la première présentant la moins grande: carrière, car hier; enroué, nord-ouest; en ruine, genre huit.) Il n'en serait pas ainsi de la succession de mots dont le premier se terminerait par une voyelle ferme et le deuxième commencerait par un groupe de consonnnes: dans ce cas les deux consonnes auraient une tendance plus prononcée qu'autrement à appartenir à la même syllabe (des spécimens, aspect; très stable, costume; bien scandé, cascade; on remet, armée). Cf. Gougenheim, op. cit., p. 94; et P. Delattre, “Le mot est-il une entité phonétique en français?” Le français moderne, viii, 46–55. La différence qu'a observée Mlle Durand entre le t à tension croissante de “petit orage” et le t à tension décroissante de “petite orange” ne s'applique sans doute qu'au cas où le second mot commence par une voyelle. Cf. M. Durand, Le genre grammatical en français parlé à Paris et dans la région parisienne (Paris: Français Moderne, 1936), pp. 240–241.

4 Nous employons les signes phonétiques de l'alphabet phonétique international mais nous gardons “r” pour l'articulation dite parisienne.

5 Cf. Gougenheim, op. cit., p. 96.

6 Cf. M. Grammont, Traité de de phonétique (Paris: Delagrave, 1933), p. 102.

7 F. De Saussure, Cours de linguistique générale, 3e éd. (Paris: Payot, 1931), pp. 77–95.

8 Ibid., p. 84.

9 Ibid., p. 85, note 2.

10 Grammont, op. cit. p. 99.

11 Dans la suite de cet article, nous appellerons n “nasale mouillée” ou simplement 'mouillée“ et nous garderons le terme de ”nasale“ pour m et n.

12 Nous basons ce classement sur les résultats obtenus jusqu‘à présent dans notre étude en cours sur la durée des voyelles. La force d'articulation d'un consonne simple étant inverse de la durée de la voyelle qui précède, on pourra en juger par les données suivantes qui représentent en centièmes de secondes la durée d‘ε accentués devant chacune des consonnes simples: p(14), t(15), k(16), f(18), 1(21), n(23), m(25), s(24), §(25), d(26), g(26), b(26), n(28), j(31), v(36), з(37), z(38), r(42).

13 La durée d'ε accentués devant les groupes de consonnes dont la première est un r est instructive à ce sujet si on la compare à celle qu'on trouve devant les consonnes simples: rp(11), rt(12), rk(13), r§(14), rs(16), rf(17), rm(18), rn(20), rn(22), rg(22), rb(23), rd(25), rv(26), rз(27), rl(27).

14 Cf. les observations de Mlle Durand sur le t de désinence en enchaînement (non en liaison) dans les groupes: petite anse (t à tension toujours croissante devant voyelle accentuée) et petite orange (t à tension généralement décroissante devant voyelle inaccentuée). Bien que le cas soit différent, il y a un rapprochement à faire: si la leçon des exemples de Mlle Durand peut s'appliquer à la deuxième consonne des groupes qui nous intéressent, cette deuxième consonne est plus nettement à tension croissante devant voyelle accentuée que devant voyelle inaccentuée, et dans ce cas l'effort articulatoire se porte plus sur la deuxième consonne et moins sur la première, ce qui tend à les désunir; et inversement. M. Durand, op. cit., pp. 240–241.

15 D'après la note 12, la force d'articulation de j est supérieure à celles de r, z, з ou v.

16 De Saussure, op. cit., p. 85, note 2.

17 Cf. les tracés très instructifs de Mlle Durand, qui montrent une tension croissante pour la première consonne dans les groupes ts de “sept sous” et ks de “asphyxie.” M. Durand, Etude expérimentale sur la durée des consonnes parisiennes (Paris: Français Moderne, 1936), pp. 17 et 23.

18 L'opinion de M. Grammont est que, dans le mot aptitude, la coupe syllabique entre les consonnes est moins fréquente que la coupe avant les consonnes, les deux prononciations étant possibles en français. Grammont, op. cit., pp. 100–101.

Les tracés de Mlle Durand confirment également nos vues. Le groupe pt du mot aptitude s'y trouve, sur une même page, avec p à tension croissante et avec p à tension décroissante, pour deux sujets parlants différents. Dans le groupe sf l's est à tension décroissante dans les tracés de “asphyxie” et de “Alice file” par le même sujet. De même pour le groupe dp (ou presque tp) de “ne boude pas,” encore par le même sujet, le d est à tension décroissante. Or ces deux derniers groupes sont dans la région sud-est de leurs rectangles respectifs, sur le tableau II. Durand, op. cit., pp. 21, 23, et 25.

Enfin, il semble parfaitement possible (et c'est, si nous comprenons bien, l'opinion de Mlle Durand) que le changement de direction de la tension musculaire se produise pendant l'articulation d'une des consonnes. Si cela peut se confirmer, la coupe syllabique n'est nécessairement ni avant, ni entre les deux consonnes d'un groupe. Cf. ibid., pp. 11–27.

19 Manuel pratique de prononciation et de lecture françaises, 7e éd. (London: Dent and Sons, 1933).

20 Manuel de phonétique pratique, 2e éd. (Paris: Berger-Levrault, 1931).

21 Elements of French Pronunciation and Diction, 4e éd. (New York: Dutton).

22 Manual of French Pronunciation and Diction (New York: Heath).

23 French Phonetics (New York: Allyn and Bacon, 1921).

24 Comment on prononce le français (Paris: Larousse, 1913).

25 Manuel phonétique du français parlé, 4e éd. (New York: Stechert, 1925).

26 Précis de prononciation française, 3e éd. (Paris: Didier, 1927).

27 Aid to French Pronunciation (New York: Macmillan, 1929).

28 Phonétique du français moderne (Paris: Colin, 1927).

29 Eléments de phonétique générale (Paris: Welter, 1910), p. 191.

30 Précis historique de phonétique française, 7e éd. (Paris: Klincksieck, 1930), p. 37.

31 Pronunciation of French, Articulation and Intonation (Ann Arbor: Edwards Brothers, 1933), pp. 85–86.

32 The Sounds of French (University of Chicago Press, 1925), pp. 9–10.

33 A Handbook of French Phonetics (New York: Henry Holt, 1913), p. 59.

34 French Pronunciation (New York: Oxford University Press, 1913), p. 14.

35 Précis de phonétique comparée française et anglaise et manuel de prononciation française à l'usage des étudiants anglo-saxons (Paris: Didier, 1927), pp. 48–49.

36 A Practical Introduction to French Phonetics (London: Macmillan, 1909), pp. 72–73.

37 Les sons du français, 11e éd. (Paris: Didier, 1929), p. 60.

38 Traité pratique de prononciation française, 8e éd. (Paris: Delagrave, 1934), p. 101.