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L'expulsion des marchands du Temple

Published online by Cambridge University Press:  05 February 2009

Étienne Trocmé
Affiliation:
Strasbourg, France

Extract

Les quatre Evangiles canoniques, comme l'on sait, relatent la façon dont Jésus, peu après qu'il eut pénétré pour la première fois dans le Temple de Jérusalem, en chassa les marchands d'animaux et les changeurs, puis commenta cet acte (Marc xi. 15–19; Matt. xxi. 12–17; Luc xix. 45–6; Jean ii. 13–22).Ces quatre récits sont très brefs, même si l'on tient compte de la concision qui caractérise les évangélistes. Rien qui ressemble ici à la relative ampleur des narrations de la Passion ou de certains récits de guèrison. Les évangélistes racontent en passant un épisode auquel ils ne paraissent pas à première vue attribuer une importance exceptionnelle. Mais ils le font sans réticence importante, puisqu'aucun d'eux n'a passé l'événement sous silence ou ne s'est efforcé de présenter une défense du geste de Jésus. Bref, il s'agit apparemment pour eux d'une anecdotesignificative parmi bon nombre d'autres.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 1968

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References

page 1 note 1 Tel est par exemple le point de vue de Goguel, M., Jésus (2ème éd., Paris, 1950), pp. 327–8Google Scholar.

page 1 note 2 Cf. par exemple Dibelius, M., Jesus (3ème éd., Berlin, 1960), pp. 6473 (Miracles) et 77–8Google Scholar (Expulsion des marchands), ou, parmi les commentateurs, Taylor, V., The Gospel According to St Mark (Londres, 1952)Google Scholar, ad loc.

page 1 note 3 Ainsi Bornkamm, G., Jesus von Nazareth (Stuttgart, 1956), pp. 146–7Google Scholar.

page 1 note 4 Blinzler, J., dans son bel ouvrage sur Der Prozess Jesu (3ème éd., Ratisbonne, 1960), ne consacre que quelques lignes (pp. 55 et 57)Google Scholar à l'Expulsion des marchands, bien qu'il considère celle-ci comme la raison principale de l'hostilité des dirigeants juifs envers Jésus.

page 1 note 5 Si l'on s'en tient aux articles postérieurs à 1945, on arrive à peine à la douzaine: Lightfoot, R. H., ‘Unsolved New Testament Problems—The Cleansing of the Temple in St John's Gospel’, dans Expository Times, LX (19481949), 64–8Google Scholar; Manson, T. W., ‘The Cleansing of the Temple’, dans Bulletin of the John Rylands Library, XXXIII (19501951), 271–82Google Scholar; Léon-Dufour, X., ‘Le signe du Temple selon saint Jean’, dans Recherches de science religieuse, XXXIX (1951), 155–75Google Scholar; Cooke, F. A., ‘The Cleansing of the Temple’, dans Expository Times, LXIII (19511952), 321–2Google Scholar; Doeve, J. W., ‘Purification du Temple et desséchement du figuier’, dans New Testament Studies, I (19541955), 297308Google Scholar; Mendner, S., ‘Die Tempeireinigung’, dans Zeitschrzfi für die neutestamentliche Wissenschaft, XLVII (1956), 93112Google Scholar; van den Bussche, H., ‘Le signe du Temple (Jean 2, 13–22)’, dans Bible et vie chrétienne, XX (19571958), 92100Google Scholar; Buse, I., ‘The Cleansing of the Temple in the Synoptics and in John‘, dans Expository Times, LXX (19581959), 22–4Google Scholar; Roth, C., ‘The Cleansing of the Temple and Zechariah xiv, 21’, dans Novum Testamentum, IV (1960), 174–81Google Scholar; Hamilton, N. Q., ‘Temple Cleansing and Temple Bank’, dans Journal of Biblical Literature, LXXXIII(1964), 365–72Google Scholar; Eppstein, V., ‘The Historicity of the Gospel Account of the Cleansing of the Temple’, dans Zeitschrfl für die neutestamentliche Wissenschafl, LV (1964), 4258Google Scholar; Wagner, G., ‘The Cleansing of the Temple’, dans Baptist Theological Seminary 1967, Essays, pp. 3042Google Scholar. Encore faut-il noter qu'une bonne moitié de ces articles sont de brèves notes concernant tel ou tel aspect des récits ou de l'événement et que, parmi les autres, seuls ceux de T. W. Manson, V. Eppstein et G.Wagner posent le probléme de l'Expulsion des Marchands dans toute son ampleur.—Assurément, de nombreux ouvrages consacrés aux Evangiles ou au ‘mystère du Temple’ (pour emprunter un titre au P. Congar) comportent des développements sur l'Expulsion des Marchands; mais on n'y trouve guère que le rappel des solutions traditionnelles, sauf peut-être chez Lohmeyer, E., Kultus und Evangelium (Göttingen, 1942)Google Scholar, Lightfoot, R. H., The Gospel Message of St Mark (Oxford, 1950), etGoogle ScholarScott, E. F., The Crisis in the Life of Jesus (New York,1952)Google Scholar.

page 2 note 1 La splendeur du Temple d'Hérode, l'immense foule de pèlerins qui s'y rassemblait aux principales fêtes et l'acharnement avec lequel les Juifs ont défendu leur sanctuaire national jusqu'au désastre de 70 de notre ére suffisent à montrer que l'attachement à la Thora n'a ait nullement, en dépit de son importance croissante, pris en Israël la place de la vénération pour le Temple, quoi qu'on ait souvent écrit à ce sujet depuis Bousset, W. (cf. son livre Die Religion des Judentums im neutestamentlichen Zeitalter, 3ème éd. par H. Gressmann, Tübingen, 1926)Google Scholar.

page 2 note 2 Les Evangiles et le Livre des Actes ne nous fournissent que des renseignements fragmentaires qu'l faut sans doute, avec Goguel, M. (Jèsus, 2ème éd., pp. 328–30)Google Scholar, interpréter comme les indices d'une attitude plutôt favorable au Temple et à son culte, mais critique envers certains abus.

page 2 note 3 Leur précurseur à tous est, on le sait, Reimarus, H. S., surtout dans son étude Von dem zweckeJesu und seiner Jünger, publiée dix ans après sa mort et sans nom d'auteur par G. E. Lessing (Braunschweig, 1778)Google Scholar, avec le sous-titre Noch em Fragment des Wolfenbüttelschen Ungenannten.

page 2 note 4 Eisler, Robert, ΙНΣΟΥΣ ΒΑΣΙΛΕΥΣ ΟΥ ΒΑΣΙΛΕΥΣΑΣ (Heidelberg, 19281930)Google Scholar; Carmichael, J., The Death of Jesus (Londres, 1963)Google Scholar. Comme le second de ces ouvrages n'est qu'une œuvre de vulgarisation, contentons-nons de rappeler q'en 1951 Brandon, S. G. F. (The Fall of Jerusalem and the Christian Church, Londres, 1951, p. 115)Google Scholar déplorait la réaction presque uniformément négative des savants juifs, chrétiens et agnostiques face aux thèses de R. Eisler et ne pouvait citer que deux norris de partisans des idées du grand critique autrichien, ceux de Salomon Reinach et de H. St John Thackeray, spécialistes l'un d'histoire générale des religions et l'autre de Fl. Josèphe.

page 3 note 1 Les critiques adressées à R. Eisler par Goguel, M. (‘Jésus et le messianisme politique, examen de la théorie de M. Robert Eisler’, dans Revue historique, CLXII, 1929, 217–67)Google Scholar restent entièrement valables.

page 3 note 2 Après l'ouvrage cité ci-dessus, suivi en 1957 d'une deuxième édition, Brandon, S. G. F. a récemment repris ces questions dans un très intéressant Jesus and the Zeolots, A Study of the Political Factor in Primitive Christianity (Manchester, 1967)Google Scholar.

page 3 note 3 Ibid. pp. 327–51.

page 3 note 4 Ainsi Goguel, M., Introduction auNouveau Testament, 1 (Paris, 1923), 298301Google Scholar; Hirsch, E., Früh. geschichte des Evangeliums, 1 (2ème éd., Tübingen, 1951), 123ssGoogle Scholar.

page 4 note 1 Telle est du moms la thèse que nous avons défendue dans notre travail sur La formation de l'Evangile selon Marc (Paris, 1963), pp. 181 ssGoogle Scholar.

page 4 note 2 Mais non sur tout culte, même sacrificiel. Ibid. pp. 81 ss.

page 4 note 3 Pour des motifs théologiques, comme l'a bien montré par example Nineham, D. E., The Gospel of St Mark (Harmondsworth (Middlesex), 1963), pp.36–7Google Scholar.

page 4 note 4 Sur cette désignation beaucoup plus eschatologique que messianique, cf. en particulier Héring, J., Le Royaume de Dieu et sa venue, 2ème éd. (Neuchâtel, 1959), pp. 68 ssGoogle Scholar.; Cullmann, O., Christologie du Nouveau Testament (Neuchâtel, 1958), pp. 27 ss. et 37Google Scholar; Hahn, F., Christologische Hoheitstitel, ihre Geschkhte imfrühen Christentum (Göttingen, 1963), pp. 170 ss., 264 ss. et 393Google Scholar.

page 5 note 1 Comme l'a bien vu Bonnard, P., L'Evangile selon saint Matthieu (Neuchâtel, 1963), PP. 305–6Google Scholar.

page 5 note 2 Magistralement présenté par Conzelmann, H., Die Mitte der Zeit (Tübingen, 1954), pp. 60 ssGoogle Scholar.

page 5 note 3 La liste que donne ďeux Brown, R. E. (The Gospel According to John, I–XII, 1966, p. 117)Google Scholar ne comporte que deux noms de critiques contemporains, dont l'un, Taylor, V. (cf. son Gospel According to St Mark, Londres, 1952, pp. 461–2)Google Scholar, exprimeen fait des doutes sérieux quant à l'historicité de la chronologie johannique.

page 6 note 1 Notre interprétation rejoint sur plusieurs points celle de Dodd, C. H., The Interpretation of the Fourth Gospel (Cambridge, 1953), pp. 297300Google Scholar, sans se confondre avec elle.

page 7 note 1 Aucun geste violent de Jésus n'étant mentionné, contrairement à ce qui est le cas dans les autres Evangiles, ce verbe peut vouloir dire seulement ‘faire sortir’, comme c'est parfois le cas dans les papyri et les textes littéraires du temps. Cf. le Wörterbuch de W. Bauer et le Vocabulary de J. H. Moulton et G. Milligan, s.v.

page 7 note 2 Cf les excellentes remarques de Bonnard, P., op. cit. pp. 304–6Google Scholar.

page 8 note 1 Telle est en particulier la thèse de Bornhaeuser, K., Die Leidens- und Auferstehungsgeschichte Jesu (Gütersloh, 1947), p. 42Google Scholar.

page 8 note 2 Braun, F. M., ‘l'expulsiondes vendeurs du temple (Mt. xxi, 12–17, 23–27; Mc. xi, 15–19, 27–33; Lc. xix, 45 xx, 8; Jo. ii, 13–22)’, dans Revue biblique, XXXVIII (1929), 178200Google Scholar.

page 8 note 3 Brown, R. E., op. cit. pp. 118–20Google Scholar; Dodd, C. H., Historical Tradition in the Fourth Gospel (Cambridge, 1965), pp. 156–62Google Scholar; Schnackenburg, R., Des Johannesevangelium, I. Teil: Einleitung und Kommentar zu Kap. 14 (Freiburg, 1965), pp. 17 et 368Google Scholar, sont à peu près d'accord sur ce point. —Blinzler, J., Johannes und die Synoptiker (Stuttgart, 1965)Google Scholar, dresse un bon étatde la question d'ensemble et montre qu'une certaine dépendance du IVème Evangile par rapport aux Synoptiques reste la meilleure explication des ressemblances existant entre certains passages.

page 10 note 1 Sur ce point, nous partageons le point de vue de Bultmann, R., Das Evangelium des Johannes (Göttingen, 1941), pp. 85 SSGoogle Scholar., que la correction proposéc dans 1'Ergänzungsheft de 1957 nous semble toutefois compliquer inutilementGoogle Scholar.

page 10 note 2 Cette hypothèse, lancée sans enthousiasme par Bultmann, R. (Gesehichie der synoptischen Tradition, Göttingen, Ière éd. 1921, 4ème èd. 1958, p. 36)Google Scholar, a été précisée etfondée par Sundwall, J., Die Zusammensetzung des Markusevangeliums (Abo, 1934) pp. 71–2.Google Scholar

page 11 note 1 Nous nous permettons de renvoyer sur ce point à notre Formation de Marc, pp. 2830Google Scholar.

page 11 note 2 Comme pour l'hypothèse mentionnée à la p. precédente, n. 2, Bultmann, R. (op. cit. p. 36)Google Scholar lance l'dée, mais ne se prononce pas formellent en sa faveur.

page 12 note 1 Cf. par exemple Simon, M., St Stephen and the Hellenists in the Primitive Church (Londres, 1958), pp. 50 ssGoogle Scholar.

page 14 note 1 Haenchen, E., Der Weg Jesu, eine Erklärung des Markus-Evangeliums und der kanonischen Parallelen (Berlin, 1966), pp. 382–9Google Scholar. énumère longuement les invraisemblances et les imprécisions contenues dans lerécit, mais se garde pourtant de déclarer l'épisode non historique. Loisy, A., L'Evangile selon Marc (Paris, 1912), pp. 322–5Google Scholar, aussi sceptique, avait jadis fait preuve de la même prudence.

page 14 note 2 C'est ce qu'admet Schweizer, E., Das Evangelium nach Markus (Göttingen, 1967), p. 131Google Scholar, qui estime cependant que ce v. 17 a pris dans la tradition la place d'une prophétie de la destribution du Temple dont Marc xiv. 58 a conservé l'écho. Cette ingénieuse suggestion nous paraît contestable, car elle sous-estime le radicalisme du v. 17 et néglige le problème du Sitz im Leben de cette première forme de la tradition, dans laquelle le récit aurait illustre la prédiction de la ruine du Temple.

page 14 note 3 En particulier les ‘paroles relatives à la Loi’ du enre de Marc, ii. 27, iii. 4 par., iii. 28–9par., vii. 15 parGoogle Scholar.

page 15 note 1 Nous avons dit ce que nous pensions de cette thèse dans notre article Jèsus-Christ et le Temple: éloge d'un naïf’, dans Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses, XLIV (1964), 245–51Google Scholar. Le tableau beaucoup plus nuancé présenté par Brandon, S. G. F., Jesus and the Zealots, pp. 331–6Google Scholar, élude question principale posée par ces reconstitutions: celle du rôle militaire des disciples et de l'entraînement reçu par ceux-ci à cette fin. Ce n'est pas en passant ce problème sous silence qu'on fera accepter la thèse du coup de main contre l'ensemble du marchè du Temple, ou même contre le Temple tout entier, mais en démontrant — s'il est possible — que les disciples étaient en réalité des guerriers. Maiheureusement, les preuves tardent à venir.

page 16 note 1 Cf. son article cité ci-dessus.

page 17 note 1 Le cas le plus frappant est celui d'Eléazar, fils de Dinaios, qui prit Ia tête des forces juives lancées contre les Samaritains en 5–12. Cf. Josèphe, , Guerre juice, II, xii, 234 ssGoogle Scholar. et Antiquites juices, XX, vi, 121 ssGoogle Scholar.

page 17 note 2 Cette thèse très courante prend un relief particulier chez Jeremias, J., Jesus als Weltvollender (Göttingen, 1930), pp. 40ss., etGoogle ScholarScott, E. F., op. cit. pp. 62 ssGoogle Scholar. Elle ne tient pas assez compte du caractère très limité de l'incident du Temple.

page 18 note 1 C'est la thèse soutenue en particulier par Lohmeyer, E., dans son livre Kultus und EvangeliumGoogle Scholar cité à la p. 1, n. 5 et dont nous avons utilisé la traduction anglaise, Lord of the Temple (Edimbourg et Londres, 1961) (cf. pp. 36 ss.)Google Scholar.

page 18 note 2 Hengel, M., Die Zeloten, Untersuchungen zur jüdischen Freiheitsbewegung in der Zeit von Herodes I. bis 70 n. Chr. (Leiden et Köl, 1961)Google Scholar.

page 19 note 1 Ainsi la désignation de Judas le Galiléen, fondateur du parti, comme un ‘sophiste’ et de l'organisation fondée par lui comme une ‘secte particulière’ comparable aux ‘écoles philosophiques’ (Guerre juive, n, i, 118); plus nettement encore, la définition du mouvement zélote comme une ‘quatrième secte philosophique’, à côté des Esséniens, des Sadducéens et des Pharisiens, et le résumé de sa doctrine en Antiquités juives, XVIII, ii, 6.

page 19 note 2 Entre les années 6 et 50 de notre ère environ, l'historien juif ne rapporte aucun événement résultant de l'activité du parti zélote, bien qu'il souligne fortement la continuité existant entre Judas le Galiléen et les chefs zélotes du troisième quart du Ier siècle.

page 21 note 1 Telle est, avec quelques hésitations, la conclusion à laquelle parvient Taylor, V., The Life and Ministry of Jesus (Londres, 1954), pp. 163–70Google Scholar, en reprenant certains des arguments employés par Goguel, M., Jesus (2ème éd., Paris, 1950), pp. 318ssGoogle Scholar.

page 22 note 1 Sur ce point — mais sur ce point seulement — nous sommes d'accord avec Scott, E. F. pour parler de l'Expulsion des marchands comme de The Crisis in the Life of Jesus (cf. son ouvrage cité à la p. 1 n. 5 ci-dessus).Google Scholar