Les touristes qui, par milliers, parcourent en été la pittoresque côte franco-espagnole de Bayonne à San Sebastian, en passant par St-Jean-de-Luz, Hendaye, Fontarrabie et Irun, ne peuvent faire moins que d'admirer le panorama brillant et varié qui s'offre à leurs yeux, et de goûter les commodités plus ou moins raffinées que chacune de ces localités leur présente pendant leur séjour de quelques heures ou de quelques jours ; mais ils seront indubitablement surpris par la ville de San Sebastian qui surpasse toutes celles que je viens de citer par ses avenues, ses édifices, sa propreté et l'ordre de ses rues.

Parmi les maux effroyables de la guerre, il en est peu de plus horribles que les angoisses des familles pour ceux des leurs portés «disparus». Certes, savoir un père, un époux, un frère très grièvement blessé, mortellement, parfois, ou mutilé de façon irrémédiable, ou pour jamais tombé au champ d'honneur est cruel. Mais la certitude implique un certain réconfort. L'âme humaine se résigne à l'irrémédiable, elle se rebelle devant l'incertain qui la torture.